UMP et PS : Le piège du bipartisme (par Gauche Unitaire)

mercredi 18 janvier 2012.
 

Dans le cadre de la Vième République, l’élection présidentielle est un véritable paradoxe. C’est certes un moment intense de la vie politique mais par le mécanisme de désignation d’un seul individu elle pousse à la personnalisation et à la dépolitisation des enjeux de société. Ces premiers jours de Janvier 2012 qui marquent une nouvelle étape de la campagne en témoignent.

Le paysage médiatique s’est resserré sur l’affrontement entre Nicolas Sarkozy et François Hollande. En une semaine, le président sortant a enchaîné les annonces : provocatrice avec la TVA sociale, gesticulatoire avec la proposition de coopérative sur SeaFrance, agressive avec le projet global sur l’école, politicienne à travers la commémoration de Jeanne d’Arc, pour finir sur un tour de prestidigitateur quand il prétend maintenant mettre en place la Taxe Tobin.

Du côté des soutiens de François Hollande, ils prétendaient maintenant que la campagne socialiste allait « démarrer fort »… ce qui s’est limité à une « Lettre aux Français » publié dans le journal Libération où François Hollande réaffirme que « la droite et la gauche, ce n’est pas la même chose ». Certes… étrange quand même de devoir préciser et souligner ce qui devrait se vérifier en permanence dans un choc de projet, de visions du monde, de la défense de camps sociaux opposés. A cela s’ajoute un nouveau cafouillage sur la question de la « fusion » ou du « rapprochement » entre la CSG et l’impôt sur le revenu, mesure bien contestable au demeurant en ce qu’elle fragilise le financement de la protection sociale et esquive la révolution fiscale qui s’impose. Difficile de savoir si la consultation à Jarnac des « forces de l’esprit » chères à Mitterrand auront permis à François Hollande de trancher cette question…

Le débat politique ainsi balisé, il n’est pas étonnant qu’une majorité des électeurs aujourd’hui s’intéressent peu aux échéances électorales à venir. Cela témoigne de la crise démocratique dans laquelle la société française est plongée et dont le mécanisme présidentialiste, au lieu d’en contenir les effets, en accentue la dimension explosive. Il y a donc urgence à desserrer l’étau. Cela ne peut se faire qu’en impulsant la plus large dynamique populaire pour imposer dans le paysage politique les questions essentielles qui préoccupent les classes populaires.

De ce point de vue, la tentative de la candidate d’Europe Ecologie – les Verts de se faire entendre dans le débat en prônant un accord de désistement pour le deuxième tour entre François Hollande, Eva Joly, Jean Luc Mélenchon et François Bayrou, était particulièrement mal venue. D’une part parce que cela revient à brouiller un peu plus la lisibilité du clivage gauche – droite (avec lequel EELV a toujours eu un rapport distancié) et c’est donner à peu de frais une étiquette d’opposant au pouvoir en place à François Bayrou qui défend une politique libérale et d’austérité assumée. D’autre part, ce n’est pas par des accords et des arrangements « par en haut » que se règlera la question du débat de contenu tout à fait indispensable sur l’alternative à mettre en œuvre.

C’est la priorité que se fixe le Front de Gauche dans les prochaines semaines. Alors que Nicolas Sarkozy prépare avec le sommet social du 18 janvier un nouveau numéro de communication présidentiel tout à fait insupportable, il est indispensable de montrer qu’il existe une autre politique possible face aux conséquences de la crise et de la récession, notamment en termes d’emploi. Le Front de Gauche, dans son programme populaire et partagé, défend des mesures fortes qu’un gouvernement réellement de gauche pourrait mettre en place pour lutter contre le chômage. C’est d’abord la nécessité d’une Sécurité Sociale Professionnelle, qui prendrait en charge les périodes de non emploi, de formation ou de retrait d’activités (pour les femmes et les hommes élevant leurs enfants), par le refus du recours aux heures supplémentaires qui permettraient de créer des centaines de milliers d’emplois et par le rétablissement de véritables 35 heures comme durée légale pour répartir le travail toutes et tous.


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