On ne lâche rien contre l’extrême droite

dimanche 18 mars 2012.
 

Madame Marine Le Pen a tenu meeting à Marseille. Elle, elle « n’éructe » pas, elle ne « tempête » pas. Elle parle de sa « voix forte », selon le Nouvel Observateur.fr. Des dizaines d’idioties ignominieuses contre les immigrés, les délinquants, et ainsi de suite sont rapportées avec un soin de notaire impartial. C’est le père qui conclut le meeting ? Le journal de Laurent Joffrin n’y voit rien à dire, ni à commenter, ni à expliquer. Le « Nouvel Observateur » n’a pas encore changé de méthode. Il n’a pas tourné. Il continue la politique criminelle de l’instrumentalisation respectueuse du Front National. Il faut que cela cesse. On ne peut admettre de laisser faire ce triste et sale boulot par des organes de presse qui se disent de gauche. Il me semble que tous ces beaux esprits n’ont pas compris ce qui s’est passé avec le discours de Le Pen à Lille. Avec l’apologie du collabo antisémite Robert Brasillach, en présence de la candidate qui n’a dit mot, un cap a été franchi. Eux-mêmes le disent : ils sont revenus à leur « fondamentaux ». Il est temps que les belles personnes se réveillent. Hallal ou casher : c’est le même abattage ! Vu ? Ceux que l’épisode « respectable » avait séduits feraient bien de se réveiller !

Car bien sûr, sur cette affaire les Le Pen ont réussi leur coup. Ça n’a pas traîné. Du hallal on est passé au casher comme c’était si simple de le deviner. Les rabbins se réveillent si l’on en croit « Le Monde » et se disent inquiets. Ils ont raison d’être inquiets. La stigmatisation communautaire par la dénonciation des rites alimentaires est le commencement de tous les racismes et de toutes les xénophobies. J’espère aussi qu’ils auront de la mémoire et qu’ils sauront se souvenir de qui a tenu tête et qui a laissé faire des mois durant. Comme quoi il ne suffit pas d’aller au dîner du CRIF pour être respectable et encore moins pour être une vraie sentinelle de la lutte contre l’antisémitisme. Car, n’est-ce pas leur cher Nicolas Sarkozy qui aura franchi le gué sans que madame Le Pen ait besoin d’ouvrir la bouche sur le sujet ? Un grand merci aussi aux provocateurs médiatiques et leurs « enquêtes » dans les abattoirs qui, sous couleur de leur infect « devoir d’information » qui justifie les voyeurismes les plus nauséabonds, s’autorisent à jeter des allumettes dans les poudrières pour informer du danger d’explosion. Retenez la leçon qui n’est pourtant pas neuve : ceux qui s’en prennent aux musulmans du fait de leurs rites alimentaires sont des racistes, un point c’est tout.

Si je reviens sur cette histoire grotesque c’est parce qu’elle est emblématique politiquement de ce qu’est le Front National. Dès lors il faut taper sur le clou mille et une fois. Car de cette façon nous atteignons trois cibles en même temps. D’abord nous stigmatisons ceux qui pensent comme elle à droite. Nous étendons le champ de la suspicion. Le but est d’obliger la droite à se cliver. Car je sais de source sûre que nombre d’autres, à droite aussi, ne se reconnaissent pas dans ces fadaises racistes. Si nous les poussons à s’exprimer, ou au minimum à résister dans leurs rangs nous reconstruisons le cordon sanitaire autour de l’extrême-droite qui a été détricoté par les benêts médiatiques qui ont marché dans le plan dédiabolisation des Le Pen. Et cliver la droite c’est l’affaiblir ! Nous gagnons sur tous les tableaux. Deuxièmement nous réveillons tous les endormis de la lutte anti-fasciste et anti-raciste. Tous ceux-là se sont laissés gagner par la torpeur qui engourdi souvent ceux qui ne se sentent plus « à la mode ». Il s’agit d’un cercle beaucoup plus large que les seuls militants politiques. Il implique des milieux sociaux extrêmement divers et des sphères d’influence très variées. C’est un nombre considérable de gens qui se mettent alors en mouvement et s’engagent dans la politique de décontamination dont nous avons besoin. Troisièmement c’est un extraordinaire outil d’éducation populaire que d’avoir ce cas pour commencer une explication de fond sur l’identité politique de chacun des camps en présence dans la lutte. Ceux qui croient qu’il y a une campagne contre Le Pen et une autre contre Sarkozy se trompent d’époque politique. C’est la même campagne. Pas seulement du fait de l’extrême-droitisation de la droite. Mais surtout du fait des contenus que nous mettons en avant. Quand on cogne contre l’anti-féminisme de Marine Le Pen, qui dirait qu’on épargne Sarkozy et les idées de droite ? Quand on cogne sur le SMIC dont elle ne veut pas, contre l’apprentissage à quatorze ans et ainsi de suite nous enfonçons le clou du programme progressiste. Son contenu s’impose alors comme une évidence d’autant plus forte que ses adversaires désignés sont vécus comme infâmes. A cette étape, l’extrême-droite est le crétin utile de la lutte anti-capitaliste. Le coin enfoncé dans le dispositif de la droite qui nous permet de la diviser. C’est le viatique qui nous permet d’introduire les thèmes de notre programme dans la matière grise de ceux que nous réveillons. Sans oublier que c’est l’extrême-droite que nous finirons par avoir en face de nous dans la phase chaude des événements. Mieux vaut se préparer de longue main.

Il ne faut donc pas se contenter de penser comme des communicants pour lesquels « un coup chasse l’autre ». Notre labour se fait en profondeur. On ne passe pas d’un sujet à l’autre. Une campagne électorale à notre manière se construit comme une phrase qui elle-même se construit comme une démonstration. Notre pratique politique est une pédagogie de masse. Plus le message est compris dans toute son ampleur plus la conviction s’enracine. Et moins elle risque d’être prise à revers par une émotion ou un coup de communication des adversaires ou des concurrents. Donc on ne lâche rien contre l’extrême-droite. Et vous allez voir bien vite comment une certaine machine médiatique va se mettre en marche une nouvelle fois contre moi. Ce sera : « n’en fait-il pas trop ? », « est-ce qu’il ne donne pas à l’extrême-droite trop d’importance » et ainsi de suite. A tous les coups des socialistes pontifiants et bouffis se donneront des airs importants de « nous, restons au-dessus de la mêlée des extrêmes » Bla bla bla ! Ce sera le moyen d’essayer de faire passer le débat sur le terrain de la forme et de l’arracher des questions de contenu où nous l’avons accroché. Regardez attentivement. Notez les noms de ceux qui signeront ces « décryptages ». Ça vous fera une belle liste de « salauds ». Je mets des guillemets pour signaler que le mot est utilisé ici au sens sartrien du terme. En résumé, il s’agit des gens qui se donnent bonne conscience pour accepter les pires infamies.


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