La BPI : Banque Publique de l’Incurie gouvernementale

lundi 22 octobre 2012.
 

Le projet de Banque Publique d’Investissement présenté en Conseil des Ministres aujourd’hui exprime une fois de plus le renoncement du gouvernement face aux marchés financiers. Le "redressement productif" (et son ministère) sont de facto sacrifiés.

Le Parti de Gauche déplore le sous financement de cette nouvelle structure : 40 milliards d’euros, dont 30 milliards pré-existants, soit à peine 2% du concours actuel du secteur bancaire à l’ensemble de l’économie. Toute ambition de redressement industriel est de fait réduite à néant. Ces 40 milliards ne permettront même pas de combler la quasi-disparition du CIF et de Dexia, deux organismes dont les missions de financement du logement social et des collectivités locales ne sont toujours pas remplacées. Il y a pourtant de nombreux gisements d’épargne aujourd’hui laissés à libre disposition des marchés financiers. Ainsi, sur les 1400 milliards d’euros de contrats d’assurance-vie, seuls 2 % financent les PME, le reste étant massivement investi dans des activités spéculatives hors frontières, sans réel contrôle des épargnants sur l’usage des fonds placés.

La BPI reproduira l’ancien système de financement « à la marge » des PME et des grandes entreprises jugées innovantes, sans fixer de critères sociaux et environnementaux particuliers. Elle ne financera pas les entreprises aujourd’hui en difficulté pour lesquelles une reprise par les salariés, une reconversion industrielle ou un soutien productif de l’Etat auraient permis d’éclairer l’avenir. Le « guichet unique en région » d’organismes pré-existants (Oséo, FSI, CDC entreprises) sera l’unique « ambition » de ce triste mille-feuille administratif.

Le Parti de Gauche regrette également qu’aucun dialogue social n’ait été engagé avec les salariés et les représentants du secteur bancaire public, les associations et les citoyens concernés qui pourtant le demandaient. Le Parti de Gauche fait part de son inquiétude quant à l’influence du lobby bancaire privé dans la mise en œuvre de ce projet d’intérêt général. La banque Lazard a supervisé le projet malgré le triste bilan de son dirigeant Mathieu Pigasse dans la faillite bancaire sans précédent de Natixis. La nomination à la tête de la BPI de Jean-Pierre Jouyet, ancien Secrétaire d’Etat du gouvernement Fillon, n’est pas faite pour nous rassurer, de même que la nomination de l’ancien directeur général du cabinet de conseil privé Capgemini, société soupçonnée de conflits d’intérêts dans la mise en oeuvre de la RGPP en 2007.

Guillaume Etievant, président de la Commission économie et Jacques Généreux, Secrétaire national à l’économie


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