Rapport de la Cour des comptes sur l’Education : En continuité des politiques libérales !

lundi 27 mai 2013.
 

A) Rapport sur l’éducation : des comptes de nigaud

Magali Escot, responsable nationale éducation du PG

En rendant un piètre rapport sur l’éducation, la cour des comptes montre sa manière toute particulière d’appliquer l’austérité : 80.000 suppressions de postes sous Sarkozy "compensés" par 60.000 postes sous Hollande = trop d’enseignants ! Heureusement que son président Didier Migaud n’apprend pas les mathématiques à nos enfants !

Les solfériniens, promoteurs du libéralisme, sont à tous les étages des institutions de la Vème république. Didier Migaud passe ainsi le sel à son ami Peillon en poussant jusqu’au bout la logique de la loi dite de refondation et sous couvert de rapport indépendant en appelle aux mêmes recettes à la demande de la commission européenne et du Medef que sous Sarkozy : le socle, la fin du cadre national et l’attaque contre les spécialités de disciplines.

Le recrutement académique signerait la fin du caractère national de l’éducation alors même que les logiques territoriales sont renforcées et l’autonomie promue comme aux pires moments de la période Chatel.

Pour le Parti de gauche Didier Migaud doit cesser de diviser et d’intoxiquer le peuple avec ses comptes d’apothicaire. La continuité des politiques libérales, ça suffit !

B) Entretien avec Daniel Robin, co-secrétaire général du SNES

Daniel Robin, co-secrétaire général du SNES, réagit pour l’Humanité.fr au rapport publié par la Cour des comptes ce mercredi selon lequel la baisse des résultats des élèves et la crise de vocation des enseignants sont davantage à mettre sur le compte d’une mauvaise gestion des professeurs que d’un excès ou d’un manque de moyens humains ou budgétaires.

Le rapport de la Cour des comptes rendu public ce matin juge que les enseignants sont déjà « nombreux » et critique la création de 60 000 postes dans l’éducation sur cinq ans. Comment réagissez-vous, au Syndicat national des enseignements de second degré, à ce rapport ?

Daniel Robin. D’abord, quand on lit ce rapport on a l’impression d’avoir affaire à un programme politique. Il n’y a dans ce document pas une proposition que Luc Chatel [ministre de l’Education nationale sous Sarkozy, NDLR] n’avait dans ses cartons. C’est d’autant plus étonnant que beaucoup de mesures ne relèvent absolument pas des finances. C’est très marqué idéologiquement, ce que je trouve assez hallucinant. Surtout quand on sait qu’il y a de nombreux élèves en difficulté, voire en grande difficulté. Pour leur donner une chance de s’en sortir, il faut individualiser l’aide, et ce n’est pas possible quand un enseignant a 25 ou 30 élèves dans sa classe. On lutte vraiment contre l’échec avec des groupes de 10 à 15 élèves, et la seule solution pour y arriver c’est d’avoir plus de profs. J’aimerais bien voir ces gens-là [les Sages de la Cour des comptes, ndlr] dans une classe des quartiers Nord de Marseille, devant trente collégiens avec une craie à la main…

Le rapport dit que « les enseignants doivent être mieux payés », tout en encourageant les primes plutôt que la situation indiciaire. Qu’en pensez-vous ?

Daniel Robin. Il faut des mesures incitatives fortes pour les établissements en difficultés. La Cour des comptes ferait mieux d’écouter les enseignants qui s’y trouvent déjà. Leur première demande, ce n’est pas plus d’argent, mais de meilleures conditions de travail. Là aussi, on est à côté des attentes des collègues. Nous devons réfléchir au meilleur moyen d’attirer les professeurs, et de leur donner envie d’enseigner quelque soit l’établissement. Par ailleurs, je ne pense pas que ce soit une bonne idée d’envoyer des professeurs de 62 ans dans des collèges en difficulté, c’est là aussi un non-sens pédagogique.

Le ministère fait état de désaccords avec la Cour des comptes dans un communiqué, notamment quand elle dit que « l’éducation ne souffre pas d’un manque de moyens ». Est-ce une bonne réaction ?

Daniel Robin. Le rapport est une mise en cause de la politique de Vincent Peillon donc évidemment à sa place, j’aurais eu la même réaction. La Cour des comptes entend « rationaliser les moyens », sous-entendu qu’il y a des profs qui ne bossent pas. Qui sont visés ? Les remplaçants, qui ne sont pourtant pas à la plage entre deux missions, mais dans leur établissement de rattachement à aider à l’activité pédagogique. Si on veut supprimer les remplaçants, on ne fait plus que des contractuels qu’on envoie ensuite au Pôle emploi. Mais en intérim, les conditions d’emploi sont telles qu’on ne trouve même plus de volontaires pour effectuer les missions dans certaines disciplines, en mathématiques notamment. Autres visés, les déchargés syndicaux, qu’on accuse de se la couler douce alors qu’ils mènent leur activité pour défendre leurs collègues. Le discours de la Cour des comptes se situe au niveau du café du commerce.

Dans son communiqué, le ministère précise qu’il y aura cet automne l’ouverture de discussions sur le métier des enseignants, les missions et les carrières. Qu’en attendez-vous, quelles revendications y porterez-vous ?

Daniel Robin. Notre métier a beaucoup évolué ces dernières années. Nous effectuons beaucoup plus de tâches d’organisation pédagogique, et nous attendons une prise en compte de cette évolution. Tout le monde reconnaissait un temps de travail hebdomadaire de 41h par semaine, avant la masse des heures supplémentaires sous l’ère Sarkozy. Nous sommes aujourd’hui autour de 46 heures. Donc si ces négociations ont pour objet de nous faire travailler encore plus, nous serons en grave désaccord. S’il y a reconnaissance de l’ensemble de nos tâches, qui se traduit par une diminution de notre temps de travail, nous serons satisfaits.


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