Des contrôleurs aériens en grève contre la libéralisation du secteur

mercredi 12 juin 2013.
 

Grève des aiguilleurs du ciel ce mardi. Les syndicats de l’aviation civile souhaitent se faire entendre sur le projet de Bruxelles visant à créer un « ciel unique » au niveau européen. Les salariés s’inquiètent de la privatisation du secteur et de ses conséquences sur leur emploi.

De nombreux vols ont déjà été annulés et la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) estime que le trafic est assuré aux alentours de 50%.

Le préavis vise à dénoncer les projets de libéralisation du secteur de la navigation aérienne par la Commission européenne, selon la DGAC. Le syndicat estime que les contraintes européennes ont des répercussions directes sur la politique nationale dans le secteur. Frédéric Cuvillier, ministre des Transports a indiqué avoir remis en début de semaine un mémorandum au commissaire européen en charge des Transports, Siim Kallas, pour demander la suspension de ce projet. Le ministre s’est par ailleurs exprimé au micro de RTL, affirmant que « la volonté de créer un ciel unique européen est une finalité intéressante », mais pour autant, « il faut que les choses se fassent dans le respect de l’organisation nationale. » Selon lui, « la réalité du secteur a besoin de temps pour s’adapter » à ces changements de politique. D’autant plus qu’il estime que Paris et Berlin veulent différer ces procédures de libéralisation, dénonçant un excès de réglementations européennes dans ce secteur.

Créer un « ciel unique européen »

Le projet, lancé il y a une dizaine d’années, a pour objectif de supprimer les frontières nationales dans les airs, réduire les coûts de gestion du trafic aériens, et de réduire de 10% les incidences sur l’environnement. S’il stagne depuis son lancement, c’est parce que de nombreux Etats membres se montrent réticents à abandonner une gestion nationale.

L’USAC-CGT estime pour sa part, que ces « dispositions entraîneraient une sortie de la Fonction publique d’Etat » à laquelle il veut rappeler son « attachement indéfectible ». Une privatisation pourrait conduire à démanteler certains services et activités, provoquant des menaces directes sur les statuts et conditions d’emploi des salariés concernés.

Un trafic réduit de moitié durant trois jours

Le préavis de grève court du 11 au 13 juin et devrait impacter la plupart des aéroports nationaux. Ayant en amont demandé aux compagnies aériennes d’annuler de nombreux vols dans l’Hexagone, la DGAC estime qu’il ne devrait pas y avoir de « cacophonie » aujourd’hui dans les aéroports. De mardi à jeudi, le trafic est réduit de moitié dans les aéroports français, et les passagers ont été invités à « s’informer auprès de leur compagnie aérienne ».

En tout, ce sont 1800 vols qui ont été annulés mardi en France, soit environ un quart des vols attendus dans la journée, selon un porte-parole de la DGAC, assurant que la situation était toutefois « globalement calme dans les aérogares ».

Frédéric Cuvillier, a annoncé mardi dans l’après-midi que le préavis de grève avait été levé pour la journée de jeudi, mais qu’il est maintenu pour la journée de mercredi. Cette décision intervient après que Paris et Berlin ont annoncé une volonté de repousser le projet de libéralisation du contrôle aérien.

Julie Clément, L’Humanité


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