Municipales 2014 : A nos amis communistes parisiens

mardi 8 octobre 2013.
 

Ce billet s’adresse d’abord à tous mes amis et camarades communistes parisiens à propos de leur choix futurs sur les prochaines élections municipales. C’est une adresse fraternelle dans le but de convaincre.

Je crois que le débat entre le PG et le PCF intéresse au plus haut point tous ceux qui ont le Front de gauche au cœur. Et puis, il est désormais public, et après tout, c’est tant mieux. Sur une question si importante, je crois utile de jouer grand angle et que tous les arguments soient connus par le plus grand nombre. Nous n’avons rien à craindre de la publicité de nos débats.

De quoi s’agit-il ? Pour ma part et avec tous mes camarades du PG, nous plaidons pour l’idée de présenter des listes Front de Gauche autonome au premier tour des municipales à Paris comme dans le plus grand nombre de villes. J’espère être entendu. Chaque jour qui passe confirme la nécessité ardente de cette orientation, d’autant que le PS lui, fait des listes contre de plus en plus de municipalités PCF sortantes (Saint Denis, Quimper, etc..) .

Alors au Parti de Gauche, dans la capitale, nous avons déjà commencé une campagne, qui a vocation à entraîner de plus en plus largement. Elle est portée avec énergie et intelligence par ma camarade Danielle Simonnet que nous avons désigné comme la première d’entre nous pour être chef de file du PG à Paris (cliquez ici). Dans cette campagne, le PCF doit bien entendu y prendre toute sa place, et nous devons même avoir pour ambition d’y associer d’autres composantes (NPA, PS critiques, EELV, etc...).

L’essentiel du texte qui suit est donc une lettre ouverte que nous avons déjà transmis aux responsables parisiens du PCF, lors d’une rencontre il y a 8 jours avec toutes les composantes du FDG à Paris, afin qu’ils comprennent, de la façon la plus limpide, notre position. Ainsi, nous faisons oeuvre de sincérité et de franchise. Aurons nous une réponse ? Je le souhaite. Pour la clarté du débat, je la publie. Notre lettre se conclue par la demande que nos camarades communistes votent mi octobre sur le principe de présenter une liste Front de Gauche ou non. Une fois cette décision prise, le reste suivra.

Bonne lecture et faites passer le message…

Chers amis et chers camarades du PCF Paris,

Depuis 2008, année où nous avons fondé le Front de Gauche, nous avons réalisé une grande œuvre politique à Paris dont nous devons tous être collectivement fiers.

Ensemble, nous avons construit cette grande force politique, dynamique et militante, qui porte un projet clair de rupture avec l’ordre établi. Ensemble, nous avons permis que cette force devienne une référence et un point d’appui pour des milliers de parisiennes et parisiens qui luttent pour un avenir meilleur. N’est-ce pas à Paris, que nous avons organisé la formidable manifestation du 18 mars 2012 qui fut le plus grand évènement populaire de la campagne présidentielle ? Ensemble, nous avons permis que cette force politique et sociale devienne la deuxième force électorale à gauche, notamment en rassemblant plus de 11% des voix dans la capitale à l’occasion de l’élection présidentielle. Plus de 100 000 parisiens qui votent Jean-Luc Mélenchon à Paris, c’est une force considérable qui nous oblige, non ?

Ensemble donc, nous avons changé profondément, et nous le voulons durablement, le visage de la gauche à Paris.

Nous vous proposons de continuer dans cette voie. Nous pouvons créer à nouveau la surprise du scrutin des municipales parisiennes.

Les échéances électorales municipales qui sont devant nous sont un rendez-vous important, particulièrement à Paris. Aussi, durant les mois de la campagne électorale, le Front de Gauche doit impérativement continuer à se faire entendre, de façon autonome et cohérente. C’est une condition pour continuer à nous développer. Sans quoi, nous courrons le risque qu’à l’occasion de cette campagne municipale, lorsque des centaines de milliers de parisiennes et de parisiens vont s’intéresser avec plus d’attention aux débats politiques, et aux propositions des uns et des autres, nous soyons comme absents, peu audibles, ou ramenés à une position subalterne, de surcroît directement liée à ceux qui soutiennent la politique actuelle du gouvernement, que nous combattons par ailleurs. Qui comprendrait ce paradoxe ?

C’est pourquoi nous proposons une nouvelle fois de maintenir la ligne stratégique qui nous rassemble depuis 2008, en présentant des listes autonomes du Front de Gauche, ouvertes à d’autres forces qui partageraient nos analyses et propositions, dans tous les arrondissements de Paris, dès le premier tour. Nous sommes déjà ensemble dans toutes les luttes, y compris parisiennes, qui nous opposent aux choix de l’actuelle municipalité (fermeture de l’Hôtel Dieu, sous effectifs et précarité des agents de la Ville de Paris, soutien aux structures culturelles que la Ville de Paris abandonne, relogement des familles avec enfants auprès de l’ASE ou exigence de la poursuite des prises en charge des jeunes majeurs isolés étrangers, le projet Grand Paris, fausse réforme des rythmes scolaires, etc… pour ne reprendre que quelques exemples récents). Ensemble dans ces luttes, restons ensemble dans les urnes. Et puis, ne soyons pas dupes, comme à chaque élection municipale depuis des décennies, les conséquences de la politique nationale menée par le gouvernement se feront directement entendre dans ce scrutin. Ceux qui, à gauche, rejettent le TSCG, l’ANI, l’allongement de la durée de cotisations des retraites, l’austérité et la rigueur, la fiscalité injuste, etc… exprimeront, d’une façon ou d’une autre leur colère et leur recherche d’une issue politique et d’un changement. Qui peut douter de cela ? Qui croit à la fable qu’aux municipales à Paris les citoyens voteront uniquement en fonction d’enjeux locaux ? La politique nationale a des conséquences directes sur les problèmes locaux et immédiats des parisiens (loyers élevés, vie chère, etc.) et les électeurs le savent bien.

Nous avons donc la conviction, basée sur des résultats électoraux déjà obtenus lors des trois derniers scrutins, que si nous maintenons la dynamique politique du Front de Gauche engagée depuis 5 ans, nous renforcerons considérablement le nombre d’élus Front de Gauche, tant au Conseil de Paris que dans les Conseils d’arrondissements. C’est important. Notre stratégie fera progresser le nombre d’élus. Mais pour nous, et pour le dire en toute franchise, il importe, pour qu’ils soient entendus et écoutés, que ces futurs élus s’appuient sur une force électorale réelle. Par exemple, de 2001 à 2008, les élus communistes étaient plus nombreux que les élus actuels (de 2008 à 2014) du Front de Gauche au Conseil de Paris. Cela signifie-t-il que l’influence des communistes a reculé à Paris lors du dernier mandat ? Bien sûr que non, c’est l’inverse… Ceci démontre qu’une influence politique ne se limite pas aux nombres d’élus, mais bien à ce qu’ils représentent dans la société.

En plaidant pour des listes Front de Gauche, nous ne perdons pas de vue qu’il faudra aussi battre la droite. Précisément, nous considérons également que présenter des listes du Front de Gauche est la condition pour empêcher vraiment que Nathalie Kosciusko-Morizet, l’ancienne porte parole de Nicolas Sarkozy, mette la main sur Paris. Durant cette campagne, elle cherchera à profiter de la forte abstention qui frappera les listes soutenues par le gouvernement et soutenant le gouvernement actuel. Aussi, pour faire (re)venir des citoyens au vote et à l’action politique, notamment dans les quartiers populaires dont la participation est un enjeu majeur et empêcher la droite de reprendre Paris, il faut des listes Front de Gauche. Elles sont le moyen le plus efficace pour mobiliser des consciences de gauche et pour faire reculer l’abstention, si haute déjà lors des dernières municipales de 2008 (43 % d’abstention) dont nous ne nous accommoderons jamais. Sans implication populaire, aucun changement n’est possible.

Au passage, l’existence de nos listes autonomes au premier tour, évitera aussi concrètement que le PS s’allie au second tour avec des forces de droite comme le Modem. A tout point de vue, pour battre la droite, politiquement et électoralement, le Front de Gauche, par le rapport de force social et électoral qu’il construit, demeure l’outil le plus pertinent.

Quant au FN, au-delà de la crise de la droite et de la forte abstention que subiront les listes PS, et dont il cherchera à tirer profit à Paris, son discours xénophobe et inégalitaire ne pourra être combattu que par la clarté de nos idées. Si notre voix s’éteint, alors l’extrême droite aura beau jeu de se présenter comme la seule force d’opposition au gouvernement. Est-ce cela que nous voulons ? Pour battre l’extrême droite aussi, il faut des listes Front de Gauche, autonome dans leur expression et leurs actions.

Cette discussion nous l’avons ensemble depuis des mois. Tout en étant à l’écoute de nos arguments, le PCF Paris a fait aussi le choix d’engager parallèlement une autre discussion et une négociation avec le PS pour explorer les conditions d’un accord électoral dès le premier tour. Nous tenons à vous dire une nouvelle fois, de la façon la plus fraternelle qui soit, que nous sommes en radical désaccord avec cette démarche tant sur le fond que sur la forme.

Disons-nous les choses franchement, par son existence même, cette démarche de discussion/négociation avec le PS « empoisonne » nos échanges depuis des semaines. Elle bloque toutes réflexions sérieuses. Toutes nos discussions entre forces du Front de Gauche à Paris, sont venues se heurter à l’idée que nos listes autonomes seraient moins profitables, en nombre de sièges potentiellement élus, aux propositions que le PS vous a faites, ou va vous faire. Tout cela produit un drôle de climat et ne nous semble pas à la hauteur de nos ambitions communes. Le choix de la poursuite ou non de la stratégie politique autonome et conquérante du Front de Gauche, ne saurait résulter d’un comparatif d’offre potentielle en nombre d’élus entre deux options.

C’est pourquoi nous proposons une autre méthode.

Nous demandons donc solennellement à nos camarades et amis communistes de Paris de profiter de leur vote des 15, 16 et 17 octobre pour d’abord et essentiellement voter sur la ligne stratégique. La question à trancher pour nos camarades communistes est la suivante : Continuons-nous de construire le Front de Gauche avec des listes autonomes aux municipales ou faisons-nous le choix de nous allier au PS ?

Chacun peut comprendre que faire alliance avec le PS dès le premier tour ce n’est pas la même chose que faire des listes autonomes du Front de Gauche. Chacun comprendra les conséquences de son vote qui n’aura rien d’innocent. Aussi, nous ne voulons pas que cette décision importante, soit embrouillée, aux yeux des militants communistes, par des considérants secondaires sur la place des uns et des autres sur de futures listes. Cela ne serait pas digne de nous.

En fonction de l’issue de ce vote, il nous semble que les futures discussions seront débarrassées de tout arrière pensée. Si vous faites le choix du Front de Gauche, ce que nous souhaitons vivement, alors nous saurons trouver rapidement le meilleur accord entre nous, cet accord qui évidemment ne pourra se résumer au fait qu’une seule des composantes du Front de Gauche dispose de toutes les têtes de listes et 80 % des sièges potentiellement éligibles. Le Front de Gauche est fort de sa diversité. Nous ne doutons pas de la possibilité de parvenir à un accord qui respecte chacun, et profite à tous.

Dernier argument. Ce que nous ferons ensemble à Paris aura des conséquences dans toute la France. Ce que nous donnerons à voir sera un point d’appui, ou non, pour tous nos camarades qui construisent le Front de Gauche dans des conditions bien plus difficiles que les nôtres.

Vive le Front de Gauche. Continuons ensemble à le construire à Paris.


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