La clarté s’impose lors des élections municipales (Henri Pena-Ruiz, philosophe)

jeudi 16 janvier 2014.
 

La gauche s’interroge. Où allons-nous ? Est-ce pour une telle politique que nous avons voté afin d’assurer la défaite de la droite aux présidentielles et de faire surgir du même coup un espoir de refondation de la politique au service des plus démunis et de l’ensemble du peuple, de ceux qui ont tant souffert sous M. Sarkozy ? Certes, une avancée sociétale a eu lieu avec le mariage pour tous. Mais la question sociale est négligée, voire traitée du point de vue des responsables capitalistes, comme le montre l’ANI. La reconstruction des services publics, pierre de touche d’une politique en faveur de l’égalité, est au point mort. La laïcité n’est nullement renforcée, et entre autres la Loi Carle reste encore en vigueur, alors qu’elle a constitué un nouveau privilège pour les écoles privées pour la plupart religieuses. Sans parler du concordat d’Alsace-Moselle qui côute très cher à l’ensemble des citoyens de la République, ce qui est paradoxal en temps de crise.

Le Front de Gauche est porteur d’une alternative écosocialiste et laïque à la situation actuelle. Le gouvernement n’a fait aucun cas de ses propositions, qu’il s’agisse de l’amnistie des syndicalistes, de la lutte contre la gangrène financière de l’économie, de la perversion de l’idée européenne par l’idéologie ultra-libérale de Mme Merkel et de M Baroso. Il a bien plutôt consacré le Traité européen au lieu de le renégocier, fait des largesses au patronat, et se prépare à reconduire la réforme Fillon des retraites. Et c’est nous que l’on ose accuser de vouloir l’échec de la gauche ! On va même jusqu’à nous amalgamer avec le FN en osant parler, dans une symétrie scandaleuse, des « deux extrêmes ». Quel mépris pour le quart de l’électorat de François Hollande !

Dans un tel contexte, la clarté s’impose lors des élections Municipales. Plus que jamais le Front de Gauche doit dès le premier tour s’affirmer dans son identité politique propre, clairement distinguée de celle des socialistes. Il ne s’agit nullement de faire un tout ou rien. Nous avons suffisamment démontré notre attachement à la victoire de toute la gauche pour ne pas avoir de leçon à recevoir de quiconque. Mais aujourd’hui notre projet politique est en contradiction avec les orientations du gouvernement actuel. Il importe donc que le peuple de France sache qu’une autre politique est possible. Et ce dans l’intérêt même de toute la gauche. Sinon, c’est le Front National qui recueillera les fruits amers de ce qui est vécu par beaucoup comme une trahison de l’espoir né lors des dernières Présidentielles.

A Paris, Danielle Simonnet est une excellente candidate pour conduire ces listes. Militante admirable, sans cesse au plus près de la population parisienne, défendant avec brio une politique de justice sociale, de services publics, de logement social, elle a également rappelé avec persévérance la Mairie de Paris à la nécessaire laïcité. Les fonds recueillis auprès des contribuables parisiens athées ou agnostiques ne sauraient être consacrés à des structures religieuses. Danielle a défendu avec la constance et l’énergie qu’on lui connaît les valeurs fondamentales de la gauche et leur traduction concrète. C’est une remarquable candidate et je tiens à lui apporter mon soutien le plus chaleureux.

Henri Pena-Ruiz


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message