Le Code du travail est un magnifique acquis

lundi 3 mars 2014.
 

« Pour l’emploi, il faudra que François Hollande s’attaque à un ultime et redoutable tabou national : celui des rigidités d’un code du travail qui, de protecteur du salarié, est devenu un puissant répulsif de l’emploi » Qui parle ainsi ? Pierre Gattaz, le provocateur président du Medef ? Jean-François Copé ? Charles Beigbeder ? Non, détrompez-vous, vous n’y êtes pas. Ce sont 10 parlementaires du PS qui ont publié une tribune aujourd’hui pour soutenir le pacte de responsabilité de François Hollande et qui concluent ainsi leur éloge à la politique du gouvernement. Parmi les signataires, on compte les députés parisiens Jean-Marie Le Guen, également Adjoint au Maire de Paris, Christophe Caresche, ainsi que le sénateur Jean-Pierre Caffet, actuel président du groupe socialiste au Conseil de Paris.

Allons à l’essentiel, ces propos, pour une conscience de gauche, sont affligeants et terriblement dangereux. Comment peut-on se prétendre « socialiste » et oser dire en 2014 qu’en France le code du travail est un « puissant répulsif de l’emploi » ? En cette période où l’offensive libérale est à son comble, ou la précarité atteint des sommets, la souffrance au travail une réalité constatée, les licenciements en hausse, etc… il faudrait s’en prendre au Code du travail. Terrifiant.

Petit rappel, oui, depuis un siècle le code du travail s’est épaissi, s’est complexifié. Tant mieux d’ailleurs. La réalité du monde du travail aussi. Nos brillants esprits pourraient observer qu’en 2014, plus de 9/10e des actifs sont salariés (soit 18 millions de personnes). Le code du travail, en fait, mesure le type société que nous voulons. Il ne s’agit donc pas de « rigidités » comme l’affirme cette tribune de façon totalement démagogique. Il exprime plus d’un siècle d’évolution des rapports de forces sociaux faite de luttes sociales, de victoires électorales. Que Le Guen, et ses co-signataires, sortent des ambiguïtés et nous disent quels articles, quels alinéas, quels décrets, ils veulent supprimer ou modifier ? Manifestement, ils manquent de courage pour le dire. Alors, à quoi sert cette tribune ? Fondamentalement à rien, si ce n’est de souffler dans les voiles idéologiques du Medef et de ses griots. Triste et rageant.

Le Code du travail est un magnifique acquis qui permet que l’employeur paye non seulement le travail lui même, mais aussi tout ce qui permet que les salariés puissent travailler dans des conditions correctes : le repos, les congés payés, le transport, la formation, la protection contre le chômage, les accidents du travail, la maladie, la vieillesse. Il précise les conditions du droit de grève, des institutions représentatives du personnel, les droits syndicaux, l’inspection du travail, les prud’hommes. Et aussi toutes les questions en détail d’hygiène sécurité, conditions de travail, ce faisant il aborde des milliers de situations, chantiers, machines dangereuses, produits toxiques, etc.

Il reste, avec toute sa complexité, absomument pas répulsif mais au contraire attractif et offre fondamentalement une protection des salariés. Qui ne voit pas alors que cette tribune s’inscrit dans ce contexte de large confusion idéologique entretenue par le gouvernement actuel, sous les coups répétés de la droite et du Medef qui bénéficient de « crédits d’impôts » (35 milliards d’euros supplémentaires sur un total de 230 milliards d’euros) qui n’auront aucune conséquence positive sur l’emploi, mais affaibliront encore plus la dépense publique donc la relance économique. Les mots de gauche n’ont plus aucune signification dans la bouche de responsables PS. C’est intolérable et cela produit des dégâts terribles. L’abstention est généralement la conséquence de ces renoncements idéologiques… et le FN prospère sur ces débris.

Enfin, le principal rédacteur de cette tribune (mais curieusement, au moment où se billet est écrit cette tribune n’est plus lisible sur son blog), le député Jean-Marie Le Guen, également Adjoint au Maire de Paris et encore homme fort du PS parisien est à nouveau candidat sur les listes d’Anne Hidalgo dans le 13e arrondissement. Que pense donc la candidate PS, ancienne inspectrice du travail, à la Mairie de Paris de cette tribune, ainsi que tous ceux qui la soutiennent ? Un proverbe dit « Qui ne dit mot, consent »…est-ce ici le cas ? Quelle confusion.

En conclusion, à moins de 5 semaines du premier tour des élections municipales, je ne peux que reprendre la fin du communiqué envoyé par Danielle Simonnet, car on ne peut être plus clair : « Au fond, quand on reste attaché aux valeurs de gauche, dès le 1er tour, il n’y a bien qu’un seul bulletin de vote clair et cohérent, celui du Front de gauche avec les listes "A Paris, place au peuple !" conduites par Danielle Simonnet ! »


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