Réponse du PG à la lettre adressée par Emmanuelle Cosse au nom d’EELV

vendredi 20 juin 2014.
 

Chère Emmanuelle,

Chère Camarade,

Nous revenons vers vous après la lettre, qu’au nom de votre parti, vous nous avez adressée la semaine dernière.

Elle arrive bien à point nommé car nous avions également la volonté de rencontrer aussi rapidement que possible votre parti.

C’est d’ailleurs ce que nous proposions dès le 3 avril dernier dans notre adresse à votre conseil fédéral.

C’était après les municipales au cours desquelles nous avions noté d’excellents résultats obtenus par nos listes communes. La victoire à Grenoble de notre liste construite ensemble en était le plus bel exemple. C’est donc pour nous le moment de vous rappeler ce que nous écrivions alors. A nos yeux cela conserve toute son actualité : « Les élections départementales et régionales de 2015 représentent une formidable occasion d’avancer conjointement. Le scrutin à la proportionnelle, dont, comme vous, nous réclamons la généralisation et qui est en vigueur aux régionales, nous en donne notamment l’occasion. Nous sommes dès lors prêts à proposer à nos partenaires du Front de Gauche d’entrer en discussion sur ce qui pourrait constituer un programme commun pour les Régionales de 2015. Les rapprochements fréquents entre nos groupes et nos militants dans les régions contre les grands projets inutiles imposés quant à l’aménagement du territoire, sur la planification écologique, les transports, le refus de partenariats publics/privés, les relocalisations et circuits courts de l’industrie ou de l’agriculture paysanne au sein des AMAP, ou sur le refus du Grand Marché Transatlantique (GMT) en démontrent la possibilité. Comme à Grenoble, nous serions alors en capacité de placer nos listes en tête de la gauche et de diriger des régions ».

Depuis, les élections Européennes sont venues donner encore plus d’urgence à la construction d’une alternative de gauche à la politique d’austérité, de l’offre et de productivisme que mène le gouvernement. Cette politique aggrave les inégalités sociales au profit des revenus du capital, détruit l’emploi, tourne le dos à toute relance de l’activité, affaiblit les politiques publiques et la protection sociale. Elle est non seulement injuste mais aussi inefficace : la seule courbe montante du chômage suffit à le prouver tous les mois. Les hésitations sur la loi de transition énergétique sont également significatives d’un gouvernement qui fonctionne plus sous la pression des lobbies que pour l’intérêt général. Cette élection a confirmé combien cette politique mène le pays dans le mur mais entraîne aussi l’ensemble de la gauche à la catastrophe y compris les listes situées hors du champ gouvernemental. C’est une leçon que nous devons considérer ensemble si nous voulons empêcher le pire à l’avenir. Le pire c’est évidemment ce que le résultat du FN pourrait annoncer si nous ne réagissons pas.

Vous proposez dans votre lettre un travail programmatique sur l’ensemble des questions mises à mal par le libéralisme : l’écologie, la question sociale, la démocratie. C’est une approche que nous partageons. Nous remarquons d’ailleurs que nous avons dit bien des choses ressemblantes sur ces thèmes, que ce soit en matière de transition énergétique ou de manière plus systémique dans nos 18 thèses pour l’éco socialisme qui proposent un horizon empreint d’écologie politique et de réappropriation sociale. Le PG a commencé en 2009 le combat public contre le Traité Transatlantique, ce combat nous est aujourd’hui commun. Il nous faut l’amplifier d’autant que nous pouvons gagner.

Nous avons également identifié comme un chantier fondamental la nécessité de la refondation de la République pour aller vers une 6ème République. A l’expulsion structurelle des classes populaires de la vie civique, les élections européennes ont rajouté le retrait d’une bonne partie des classes moyennes. Dès lors, seule la construction d’une alternative politique porteuse d’espoir et en rupture avec le modèle libéral sera un vecteur d’unité du peuple. La réforme territoriale proposée par François Hollande par le fait du Prince nous oblige à mener cette bataille de la manière la plus efficace qui soit. La marche du 5 mai 2013 pour une Constituante et la 6ème République a déjà opéré un premier rassemblement. Il faut le renforcer et l’élargir.

Si nous assignons également un objectif programmatique au rassemblement que nous devons construire, le périmètre de celui-ci est donc déterminant. Les deux élections qui se sont succédées cette année ont montré que toute ambiguïté vis-à-vis des politiques libérales nous conduit à l’échec. Face au gouvernement et à des dirigeants socialistes qui réduisent leur échec électoral à un manque d’explications, d’autres socialistes osent élever la voix pour exiger une remise en cause des politiques menées. Cela dessine des possibilités de combats convergents basés sur le rejet de l’austérité et de la politique de l’offre. C’est pourquoi l’analyse que vous faites et les solutions proposées à la discussion nous paraissent contradictoires avec les invitations que vous lancez à des partis qui promeuvent ou tout au moins défendent les politiques que vous critiquez et à cause desquelles vous êtes partis du gouvernement. A commencer par le Modem aujourd’hui allié avec l’UDI et grands défenseurs de la baisse des dépenses publiques et des privatisations des services publics.

Ces observations faites, nous répondons favorablement à votre proposition de rencontre bilatérale. Nous pourrons plus facilement nous entretenir de tout cela dans l’esprit positif qui nous anime.

Dans cette attente, Recevez, Chère Emmanuelle, nos salutations éco socialistes.

Martine Billard et Jean-Luc Mélenchon Co-présidents du Parti de Gauche


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message