Grèce : Après huit semaines de lutte le mouvement continue...

dimanche 4 mars 2007.
 

Cela fait huit semaines que le monde de l’enseignement en Grèce est en lutte. A présent nous comptons 280 facultés occupées sur les 420, quatre mobilisations nationales à Athènes et six décentralisées, des occupations des écoles secondaires, la grève du personnel universitaire qui dure déjà depuis trois semaines et trois jours de grève nationale dans plusieurs secteurs du monde du travail (entre autres les enseignants du primaire et secondaire).

Cela ne semble pas encore se dégonfler, même pas après deux évènements qui ont complètement changé les données du mouvement : premièrement, le PASOK (parti socialiste grec) ne soutient plus le gouvernement dans sa volonté de réviser l’article 16 de la constitution et deuxièmement, le mardi 20 février le gouvernement a remis sur la table la loi cadre...

Cependant, depuis déjà l’année 2006 il existe en Grèce un refus et une désobéissance à l’égard des autorités européennes et de leurs homologues nationales. En mai- juin 2006 il y a eu la lutte contre la loi cadre (plus de 90% des facultés ont été occupées pendant deux mois). En septembre il y a eu la grève des enseignants du primaire et du secondaire qui a duré presque trois mois, couplée par les occupations des écoles par les écoliers.

Finalement entre octobre et novembre une nouvelle vague d’occupations et de manifestations a eu lieu, organisée par les étudiants suite aux déclarations du gouvernement qui veut réviser l’article 16 de la constitution et à l’éventuelle proposition d’une nouvelle loi-cadre qui avait été congelée en juin. La cause principale des mobilisations c’était le refus d’une révision de l’article 16 de la Constitution grecque.

La constitution garantit un enseignement donné uniquement par l’Etat et gratuitement pour tous. La révision propose la création d’un marché de l’enseignement où l’Etat serait un fournisseur parmi d’autres fournisseurs privés. Ces ’fournisseurs’ fonctionneraient comme des associations sans but lucratif mais selon les standards du secteur privé (par exemple responsabilisation du consommateur/étudiant via des minervals, accords avec des banques pour les prêts étudiants etc.). Selon le gouvernement, ces standards sont la voie de sortie des impasses que le système d’enseignement rencontre et à terme seraient adoptés par les universités de l’Etat.

Le soutien de la révision par le parti au gouvernement, Nea dimikratia, et le plus grand parti d’opposition, le Parti Socialiste (PASOK), rendait la situation très alarmante. Ensemble ils représentent plus de 90% des sièges au Parlement, ce qui est amplement suffisant pour une révision constitutionnelle qui requiert 75%des voix. La révision paraissait un fait accompli. Toutefois il y a deux semaines le PASOK a décidé de ne plus soutenir la révision.

En faisant une manoeuvre politique G. Papandreou, le président du PASOK, propose un vote de censure du gouvernement. Il déclare que les révisions proposées par le gouvernement vont trop loin et que le PASOK ne soutient plus la procédure sans des élections anticipées. Suite à de longues discussions, les élections auront lieu normalement en 2008 mais la révision constitutionnelle est désormais remise à la prochaine législature puisque la majorité des 75% a été perdue. Devant cette manoeuvre, le mouvement paraît soulagé mais aussi déchiré.

Est-ce une victoire du mouvement, une victoire partielle ou un retrait stratégique du PASOK sous la pression du mouvement ? Indépendamment de l’interprétation, une chose est sûre, l’article 16 est largement considéré comme un obstacle à « l’amélioration » du système de l’enseignement, mais sera de nouveau mis à l’ordre du jour par l’un ou l’autre parti lors d’un prochain gouvernement. La révision est toujours possible ... et les revendications du mouvement aussi. La lutte sera de longue haleine... Pendant qu’ils congèlent l’article 16 ils réchauffent la loi-cadre... Mardi 20 février, Marieta Yannakou1, a remis sur la table la nouvelle loi cadre...

Le mouvement est encore vivant....

Le mouvement commence à montrer de signes de fatigue. Le nombre des facultés occupées a diminué depuis la semaine passée. Aujourd’hui nous comptons 280 facultés occupées sur 420, pour 330 la semaine passée.

Cependant dans la rue la situation est encore enthousiasmante. Chaque semaine lors des manifestations locales ou nationales nous rencontrons dans les rues une vraie marrée humaine. Le summum de la massification dans la rue nous l’avons vécue à Thessalonique le mardi 20 février et à Athènes le jeudi 22 février.

A Thessalonique le Comité de Coordination du mouvement avait décidé d’occuper le centre ville toute la journée et organiser des concerts, des événements artistiques, des expositions et des projections. Plus de 8000 personnes étaient présentes.

A Athènes 35000 étudiants de toute la Grèce se trouvaient dans les rues lors de la manifestation nationale contre la loi-cadre et la révision de l’article 16. Lors de la rencontre du Comité National de Coordination du mouvement qui a suivi la manifestation il y avait 6000-7000 étudiants qui étaient présents et qui voulaient participer. Une première dans l’histoire du mouvement...

De : Aris Oikonomou


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