Ecole Les promesses oubliées d’Hollande

vendredi 16 janvier 2015.
 

En 2012, Hollande a fait de la jeunesse l’axe central de sa campagne. A mi-mandat, la politique éducative du gouvernement continue d’être présentée comme prioritaire et Najat Vallaud Belkacem affirme que les moyens de l’école sont préservés. Mais l’école n’est pas une île et en effet, elle n’échappe ni à l’austérité, ni à la pratique oligarchique du pouvoir.

Le mensonge des 60 000 postes

« Je créerai en cinq ans 60 000 postes supplémentaires dans l’éducation » promettait le candidat du Parti socialiste dans ses 60 engagements de campagne. Deux ans et demi plus tard, le ministère de l’éducation nationale reconnait avoir créé 3 856 emplois de titulaires à temps plein. Pourtant Najat Vallaud Belkacem parle de 30 000 postes. En réalité des stagiaires affectés à temps partiel. Leur recrutement ne se traduit pas par la présence de plus d’enseignants devant les élèves. D’autant que la démographie scolaire est en hausse : 20 000 élèves supplémentaires dans le premier degré à la rentrée 2015, 30 000 dans le second degré.

Pour devenir effectives les ouvertures de postes de stagiaires doivent s’accompagner de créations de postes statutaires. Aujourd’hui, il n’en est rien et la précarisation de la condition enseignante se poursuit à travers le recours massif aux contractuels. Quant aux titulaires, ils sont soumis, pour la quatrième année consécutive, au gel de leurs salaires.

Prendre aux pauvres pour donner aux misérables

Les élèves sont des êtres sociaux et leurs capacités d’apprentissages sont largement déterminées par leurs conditions d’existence, c’est-à-dire celles de leurs familles. La hausse continue du chômage, l’aggravation de la pauvreté, la crise du logement… les échecs de la politique gouvernementale conduisent à une dégradation profonde des conditions d’apprentissages, notamment pour ceux qui sont scolarisés dans les établissements relevant de l’éducation prioritaire. Soumis au carcan de l’austérité, le gouvernement choisi de les mettre en concurrence. Pour financer l’allocation de moyens supplémentaires à des collèges et des écoles nouvellement intégrés aux REP (réseaux d’éducation prioritaire) il en sort autant du dispositif. Prendre aux pauvres pour donner aux plus misérables, voilà l’esprit d’une politique guidée par les impératifs budgétaires qui ne répond pas aux enjeux éducatifs.

L’école républicaine attaquée

La territorialisation prolonge, dans le premier et le second degré, ce que les gouvernements de droite ont fait dans le supérieur avec la loi LRU. La carte de l’enseignement professionnel est transférée aux régions, les projets éducatifs territoriaux (PEDT) se généralisent et la réforme des rythmes scolaires conduit à la remise en cause de principes fondateurs de l’école républicaine. Avec cette dernière en effet, l’égalité de traitement n’est plus garantie depuis que les élèves n’accèdent pas, dans le temps passé à l’école, aux mêmes contenus. De même, la gratuité est remise en cause par l’accès rendu payant, dans certaines communes, au périscolaire. A Lyon par exemple, il en coute en moyenne 120 euros par an et par enfant.

Ces atteintes à l’unité du service public de l’éducation nationale accompagnent l’externalisation de ses missions. Certains apprentissages sont relégués dans le temps périscolaire c’est-à-dire sous-traités aux collectivités locales. C’est le cas de l’apprentissage de l’informatique dont il est à parier qu’il sera confié au privé tant il est difficile à assurer par les communes. Avec la territorialisation, c’est donc la privatisation d’une partie du temps passé par les élèves à l’école qui est engagée. A Alfortville, Luc Carvounas, sénateur-maire socialiste, bras droit de Manuel Valls, a déjà passé un appel d’offre, comme pour n’importe quel marché public, pour l’organisation du temps périscolaire.

Porte ouverte au MEDEF et aux oligarques

En 2013, Bercy et le ministère de l’éducation nationale ont confié à certains dirigeants d’entreprises le soin de proposer un cahier des charges concernant la « e-ducation ». Parmi le petit cénacle patronal, Jean-Yves Hepp, chef d’une PME produisant… des tablettes numériques. Et Deborah Elalouf, à la tête d’une entreprise spécialisée… dans les contenus pédagogiques numériques. Leurs recommandations ? Equiper 70% des élèves de tablettes d’ici à 2020 et développer des contenus pédagogiques ad hoc. Le conflit d’intérêt est manifeste, qu’importe. Hollande, reprenant leurs conclusions, annonce, le 6 novembre 2014, l’équipement en matériels et logiciels de centaines de milliers de collégiens. Les oligarques sont entrés à l’école.

Dans le même temps, la rue de Grenelle est devenue le poste avancé du patronat dans l’offensive idéologique qu’il conduit contre les jeunes esprits en formation. « Prendre conscience des valeurs positives de l’entreprise », « mieux comprendre les mutations à venir du marché du travail », voilà la propagande de la semaine « école-entreprise » organisée en collaboration avec le Medef qui a vu, du 17 au 23 novembre dernier, 700 actions conduites auprès de 200 000 élèves partout en France.

La politique éducative de Hollande conduit au désastre. Territorialisation, marchandisation, privatisation sont les conséquences, à l’école, de la mise en œuvre de l’austérité. La mainmise oligarchique et le piétinement des principes fondateurs de l’école républicaine complètent ce sombre tableau. Qu’il s’en aille ! Il est temps de construire l’école de l’égalité et de l’émancipation, l’école du peuple, celle de la 6e République.

Paul Vannier, responsable national à l’éducation du Parti de gauche

Janvier 2015


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