Si Syriza gagne, puis Podemos, nous aurons du vent dans les voiles

dimanche 1er février 2015.
 

F) « Commencer une nouvelle page de la belle histoire des peuples » par Jean-Mélenchon, député européen Parti de gauche

Une page va se tourner et nous en aurons fini avec le martyr des peuples pris à la gorge pour acquitter uniquement les intérêts des banques. Nous en attendons un effet domino. Du moment que l’on est patient et opiniâtre dans la lutte, que l’on trace son chemin sans jamais faire aucun compromis pourri avec qui que ce soit, que l’on garde le visage pur et franc, le programme clair, alors on finit un jour ou l’autre par trouver le grand élan qui permet de renverser la table.

C’est ce qui va se passer à Athènes, c’est ce qui se passera inéluctablement à Madrid, et, un jour, à Paris. Je lis dorénavant que nous sommes au seuil de gagner en Grèce, que Syriza serait une sorte de variante sociale démocrate.

Si tel est le cas, pourquoi les sociaux-démocrates étiquetés n’ont pas pris la décision de remettre en cause la dette publique, d’augmenter le salaire minimum, d’instaurer la gratuité de la santé et de l’électricité  ? Il paraît aussi que Mme Le Pen souhaite la victoire de Syriza mais le parti allié au sien, le parti Laos, gouverne en Grèce avec la droite et les sociaux-démocrates. Maintenant, on va commencer à parler dru sur ce continent. La dette de la Grèce ne peut pas être payée.

Par conséquent, il faut que le gouvernement allemand comprenne que l’annulation de la dette qui a été bonne pour son pays, après la déroute de 1945 qu’il avait fallu lui infliger, est aussi bonne pour la Grèce qui n’a rien fait à personne. Et personne ne nous fera jamais oublier que M. Papandréou, président de l’Internationale socialiste, a appliqué le premier plan d’austérité et capitulé séance tenante devant les décisions de la troïka. Il n’est d’avenir qu’à la condition de rompre absolument avec le monde pourri et de commencer une nouvelle page de la belle histoire des peuples.

E) « Nous avons d’autres rêves du côté de l’émancipation humaine » par Clémentine Autain, Ensemble (Front de gauche)

Nous croyons comme Syriza que la lutte contre le chômage et la précarité passe par l’affirmation de nouveaux droits, que c’est une des conditions pour parvenir à fédérer le peuple. Et nous savons que les mesures liberticides sont le corollaire des politiques néolibérales qui défendent la logique austéritaire que nous combattons.

Dans ce contexte, nous savons que la mobilisation populaire en Europe est un atout pour que Syriza puisse mettre en œuvre sa politique. Nous sommes loin du courant promis par la tradition socialiste mais qui lui a tourné le dos. En témoignent, entre autres, les déclarations du ministre Emmanuel Macron pour qui les jeunes de France doivent rêver d’être milliardaires. Nous soutenons Syriza et nous avons d’autres rêves du côté de l’émancipation humaine, du côté de la socialisation des moyens de production, du côté de la liberté, à mille lieux du monde qu’ils sont en train de construire.

Si Syriza gagne en Grèce, puis Podemos en Espagne en décembre, cela donnera du souffle pour porter en France et plus largement en Europe les voix de la transformation sociale et écologique. Nous aurons davantage d’arguments pour convaincre du bien-fondé d’un programme de rupture. Quand Syriza était récemment à 3 ou 4 %, Podemos n’existait pas. Et ils sont désormais aux portes du pouvoir. Les choses peuvent aller vite, parce que cela correspond à la situation que nous traversons, parce que les populations sont tendues et que le désastre social que nous connaissons peut conduire au pire mais aussi au meilleur.

D) « Il faut montrer qu’une autre politique est possible car les dirigeants européens ont peur 
de la contagion » par Jeannette Habel, coprésidente de la Fondation Copernic

Un espoir se lève en Europe et ce qui se passe en Grèce est un événement potentiellement historique. Face au désastre humanitaire, à la véritable contre-révolution sociale que connaît la Grèce, il est possible de transformer l’espoir en victoire. La tâche de l’heure, c’est d’empêcher que cette victoire soit confisquée. Les dirigeants européens vont tout faire pour enfermer le nouveau gouvernement de Syriza dans la «  cage de fer  » des traités européens.

Le chantage est sur la table  : «  Il faut poursuivre les réformes structurelles, respecter les engagements pris par les précédents gouvernements, déclarent les dirigeants européens. Sinon on vous coupera les vivres et les crédits.  » Mais de quels engagements parle-t-on  ? Syriza devra respecter les engagements qu’il a pris envers son peuple, pas les diktats imposés par la troïka. Les dirigeants européens brandissent le drapeau de la démocratie, mais les masquent tombent.

La Grèce est un test démocratique pour toute l’Europe. Enfin, c’est à Athènes que se joue le sort des politiques d’austérité. C’est pourquoi la solidarité envers le peuple grec est non seulement importante pour eux, mais décisive pour nous. Pour desserrer la poigne d’acier de Mme Merkel et de la Commission européenne, il faut montrer qu’une autre politique est possible car les dirigeants européens ont peur de la contagion.

C) « Une politique de punition des peuples qui ne dit pas son nom » par Susan George, présidente d’honneur d’Attac

Attac apporte toute sa solidarité à Syriza non seulement parce que son programme est le seul en mesure de changer le destin des Grecs humiliés, appauvris, meurtris, attaqués de toutes parts, privés d’avenir et d’espérance. Mais aussi parce que la victoire de Syriza peut être une victoire pour tous, en provoquant un réexamen de fond en comble de la dette grecque. Et partant de la dette de tous les pays de l’Union européenne.

Nous sommes face à un discours quasi religieux et à une politique de punition des peuples qui ne dit pas son nom et qui, surtout, ne dit jamais que les prêts de la troïka à la Grèce ont servi essentiellement à rembourser les banques françaises et allemandes. Ces prêts n’ont en rien contribué au bien-être du peuple grec. Au contraire, ils ont augmenté la dette qui l’écrase et ils aggravent les atteintes aux droits de l’homme.

Une commission d’audit de la dette grecque établie par un gouvernement Syriza découvrirait très vite tous les éléments de ce que les juristes appellent la dette odieuse. Une dette odieuse, illégitime, qui ne peut pas et ne doit pas être intégralement remboursée. Personne n’a élu la troïka, ni les dirigeants des banques françaises et allemandes ni les gouverneurs de la Banque de France ou de la Bundesbank. Nous en avons assez de la stupidité économique et des conséquences désastreuses de la politique néolibérale qu’ils nous imposent.

B) « Il faut engager la refondation démocratique et sociale 
de l’Europe entière, et la Grèce peut ouvrir le chemin » par Pierre Laurent, secrétaire national du PCF

Dimanche prochain le peuple grec peut relever la tête et nous aider à faire de même dans tous les pays européens. Enfin, la victoire d’un peuple européen est possible. C’est possible parce que le peuple grec n’a plus peur. Les marchés financiers, le FMI, la Commission européenne, Angela Merkel et d’autres multiplient les efforts pour terroriser les citoyens grecs. Mais ils ont perdu cette bataille, cela ne marche plus. Non seulement le peuple grec a trop souffert mais le programme de Syriza est le seul qui soit sérieux et réaliste pour sortir la Grèce de la crise. C’est le seul capable de faire face aux urgences sociales et au chômage de masse, de répondre aux exigences de redressement économique, d’assainissement démocratique face au système clientéliste existant. Ce programme est bon pour la Grèce et pour l’Europe que l’austérité étouffe. Cette victoire de Syriza serait une nouvelle chance donnée à toute l’Europe. Cette chance que François Hollande a gâchée en 2012 quand il n’a pas renégocié le pacte budgétaire européen.

Désormais, notre gouvernement prétend que le peuple grec est libre de choisir ses gouvernants mais qu’il a pris des engagements auxquels il ne pourra pas déroger. Or si le peuple grec choisit Syriza, le respect de la démocratie impose de permettre au nouveau gouvernement d’appliquer son programme et de négocier à partir de celui-ci et non pas à partir des exigences des banques et de la troïka. Les forces libérales multiplieront les pressions, c’est pourquoi notre solidarité doit être durable, populaire, citoyenne.

Cette victoire peut prouver que l’austérité n’est pas la seule voie, que relever le Smic, reconstruire le Code du travail sont des mesures plus utiles au redressement économique que la loi Macron que certains voudraient nous faire voter dans quelques semaines. Il faut engager la refondation démocratique et sociale de l’Europe entière, et la Grèce peut ouvrir le chemin.

A) Meeting de solidarité avec le peuple grec (en présence de Syriza)

Lundi 19 janvier à 19h30. Gymnase Japy, 2 rue Japy, Paris 11ème,

Nous, organisations politiques et syndicales, associations citoyennes françaises, souhaitons alerter l’opinion publique au sujet de la situation politique et sociale en Grèce aujourd’hui.

Nous sommes unis par le souci de voir la démocratie et la transformation sociale progresser à nouveau en Europe. A l’issue de près de cinq années d’austérité imposée par la troïka de la Commission Européenne, de la BCE et du FMI, qui ont conduit le pays dans un désastre économique et social sans précédent, les Grecs sont appelés à exprimer leur volonté dans les urnes. Tout laisse présager le désaveu des politiques austéritaires qui ont été appliquées et la montée électorale des forces qui les contestent.

La victoire de SYRIZA peut ouvrir la voie à la fin de la politique néolibérale d’austérité mise en oeuvre par les gouvernements grecs et à la tutelle de la Troïka, au rétablissement de la souveraineté populaire et du cadre démocratique, à la sauvegarde des services publics et du patrimoine public, à la redistribution des richesses en faveur de la population. Comme le montrent les manifestations massives au Portugal, en Espagne et plus récemment en Italie, ou la grève générale en Belgique, l’injonction de rembourser aux détenteurs de capitaux des dettes illégitimes au prix de la destruction d’un modèle social ne passe plus.

Une telle rupture avec les recettes néolibérales est aujourd’hui nécessaire dans l’ensemble des pays européens et notamment en France. Les Mémorandums, la mise sous tutelle des pays les plus fragiles par la Troïka doivent cesser immédiatement. Aujourd’hui, le poids de la dette publique sert de justification aux politiques austéritaires.

C’est pour cela que nous considérons qu’il faut soutenir l’exigence portée par Syriza d’annulation de la plus grande partie de la dette publique et conditionner le remboursement de l’autre partie à la satisfaction effective des besoins de la population en matière d’alimentation, d’habillement, de santé, de logement, d’éducation, d’emploi, d’environnement et de sécurité publique qui représentent autant de droits fondamentaux. Ces mesures, qui sont une nécessité urgente pour les Grecs, sont un exemple à diffuser et à débattre. Elles doivent s’accompagner d’un audit citoyen de l’ensemble des dettes souveraines en France comme en Grèce et dans le reste de l’Europe, audit que sommes nombreux à avoir porté depuis 2011.

C’est au peuple grec de prendre en main son destin. Nous nous opposons fermement à toutes les tentatives actuelles d’ingérence dans la vie politique grecque de certains dirigeants européens que ce soit par des déclarations publiques ou par des mesures visant à créer un climat de peur et d’intimidation. Nous dénonçons également toute tentative de désinformation concernant l’état réel de la Grèce et les positions soutenues par les forces qui rejettent les Mémorandums. Nous nous opposerons demain avec la même fermeté à toute tentative de chantage et d’isolement à l’encontre d’un gouvernement grec qui prendrait le contrepied des choix actuels.

Nous vivons un moment historique. Les mouvements sociaux massifs dans le pays ont construit une solidarité contre la crise. L’arrivée au gouvernement d’une force de rupture avec l’austérité en Grèce peut ouvrir la voie à un bouleversement politique à l’échelle européenne. Cela contribuerait à donner un souffle nouveau aux mobilisations sociales et citoyennes, à faire reculer l’abstention et à donner un coup d’arrêt à la montée de l’extrême droite. C’est pour cela que dans les semaines et les mois qui viennent nous manifesterons partout en France notre solidarité avec le peuple grec, avec l’espoir qui émerge en Grèce et qui est aussi le nôtre.

SIGNATAIRES

Organisations Politiques : Altra Europa con Tsipras France, Bloco de Esquerda France, Club des Socialistes affligés, Ensemble !, Gauche Unitaire, Isquierda Unida France, Jeunes Ecologistes,Mouvement des Jeunes Communistes de France, Nouvelle Donne, Parti Communiste Français, Parti Communiste des Ouvriers de France, Parti de la Gauche Européenne, Parti de Gauche, Parti Démocratique desPeuples de Turquie (HDP) France, République et Socialisme, Rifondazione Comunista France,

Organisations syndicales : Fédération Nationale des Industries Chimiques CGT, Sud BPCE, Sud Santé Sociaux, Union Syndicale de la Psychiatrie

Associations :

ATTAC, Collectif Roosevelt, Collectif Solidarité France ,Grèce pour la Santé, Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde, Compagnie Errina, Femmes Egalité,Fondation Copernic, Journal électronique ReSPUBLICA,Les Désobéissants, Les efFRONTé-e-s, Marcheseuropéennes contre le chômage, Mouvement du Christianisme social, REP Réseau Education Populaire,Transform Europe Personnalités : ANGELI Verveine (Solidaires), BAYOU Julien (porte parole Europe Ecologie Les Verts), BACHE Marinette (Conseillère de Paris, Présid ente Nationale de Résistance Sociale), FILOCHE Gérard (membre du bureau national du PS), GASSER Philippe (Psychiatre, Union Syndicale de la psychiatrie), KAHANE Claudine (syndicaliste universitaire du SNESUP), KAKI M’hamed (Militant associatif), LETOURNEUR Yves (philosophe et poète), HOANG NGOC Liêm (ancien député européen corapporteur du rapport au parlement européen sur la Troïka), SABADO François (membre de la direction de la IVème Internationale), STERDYNIAK Henri (Economistes atterrés).


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