Leçons de la Grèce : A mes amis et camarades de Podemos,

mercredi 2 septembre 2015.
 

A mes amis et camarades de Podemos,

Je me permets de vous écrire parce que vous portez une responsabilité historique. Et que la défaite que tous ceux qui aspirent à une société plus démocratique, plus juste, plus humaine viennent de subir avec l’accord du 13 juillet sur la Grèce, est une catastrophe pas seulement pour le peuple grec, mais pour tous les peuples d’Europe.

Première question « Pourquoi Tsipras a accepté un accord plus grave que celui rejeté par référendum une semaine plus tôt ? »

Parce que le « non » du 5 juillet se voulait en même temps un « oui » à l’Union européenne et à l’euro. C’était le pari de croire qu’on peut concilier la logique néo-libérale de l’UE et de la zone euro avec une politique de rejet de l’austérité. C’était le pari de penser que l’UE est un espace démocratique respectueux de la volonté des peuples. Et que Tsipras s’est trouvé prisonnier de ce pari.

Deuxième question : « Pourquoi avoir fait un tel pari ? »

Parce que le peuple grec, par fierté nationale, mais aussi par intoxication médiatico-politique veut rester dans l’UE et dans la zone euro et que l’opinion publique a été conditionnée à l’idée que sortir de l’UE ou de la zone euro, c’est nécessairement une catastrophe plus grande que rester dedans. Or, rien ne prouve que ce serait pire de sortir que de rester. De nombreux économistes démontrent le contraire. Et Tsipras n’avait pas de majorité pour sortir de l’euro et de l’UE.

Podemos doit absolument éviter le piège que représente la défense de deux objectifs contradictoires : s’opposer à l’austérité et vouloir rester dans l’UE et la zone euro. L’accord du 13 juillet fournit la démonstration que ces deux objectifs ne sont pas conciliables.

Pour éviter ce piège, il est important de faire un travail d’éducation populaire pour expliquer que l’UE ce n’est pas la démocratie, que l’UE ce n’est pas la justice sociale, que l’UE ce n’est pas la qualité de la vie.

Il faut expliquer en Espagne, de la même manière que nous devons le faire en France, que quitter l’UE, quitter l’euro, ce n’est pas entrer en enfer. Il nous faut expliquer que face au système qui nous opprime et nous exploite, l’UE n’est pas la solution, c’est le problème.

C’est la leçon que nous donne la Grèce aujourd’hui.

Raoul Marc JENNAR


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