BREXIT Et GAUCHE BRITANNIQUE

dimanche 29 août 2021.
 

- D) BREXIT : LA GAUCHE BRITANNIQUE A DÉSERTÉ ! (Robert Mascarell) PG12

- C) La gauche choisit de rester dans l’UE, mais pour la changer (L’Humanité)

- B) Jeremy Corbyn, porteur du « non » de gauche au Brexit

- A) Royaume-Uni. La gauche anti-austérité tente de se faire entendre

D) BREXIT : LA GAUCHE BRITANNIQUE A DÉSERTÉ ! (Robert Mascarell PG12)

Ne nous y trompons pas, en dépit des apparences, le vote britannique en faveur du Brexit n’est pas dû principalement à la haine de l’étranger, mais aux horreurs du modèle social britannique, présenté comme l’exemple à suivre par les libéraux français de droite et ceux prétendument de gauche.

Ce modèle bâti sur une précarisation généralisée et effrayante de la société, en général, des travailleurs, en particulier. Le chômage y est soi-disant insignifiant. A quel prix ! Des CDD zéro heure. Une indemnisation du chômage pendant six mois seulement. À l’issue de ces six mois, obligation de prendre le pseudo-emploi proposé. Voilà, comment sont truquées les statistiques du chômage en Grande Bretagne !

C’est pour parvenir à détruire les conquêtes sociales des travailleurs britanniques que les capitalistes ont décidé d’importer massivement des travailleurs immigrés. Le malheur, c’est que la disparition des syndicats, écrabouillés par l’épouvantable Maguy Thatcher, et la trahison du parti travailliste depuis des décennies, ont conduit les travailleurs britanniques à se tromper de cible et donc à faire des travailleurs immigrés les boucs-émissaires de leurs souffrances. Et comme les immigrés entrent en Grande Bretagne par les canaux européens, le peuple s’est saisi du référendum pour rejeter l’Europe.

Résultat, les bénéficiaires de la victoire du Brexit ne sont que les dirigeants des partis xénophobes et racistes.

La gauche a été aux abonnés absents. Même notre ami Jérémy Corbyn s’est trompé de combat. Lui qui, normalement, était contre cette Europe, a finalement appelé à y rester. Sa justification ? A tout prendre, le modèle social européen est moins pire que le modèle social britannique. C’est vrai, mais c’est dérisoire. Entre la peste et le choléra, on choisit de se battre sur des idées de gauche, donc pour une Europe sociale et non pour cette Europe du fric.

Les travailleurs britanniques ne s’y sont pas trompés. Même ceux qui ne sont ni racistes ni xénophobes ont été obligés de mélanger leurs voix avec ceux-ci. Ils ont majoritairement voté pour le Brexit, mais au seul appel des xénophobes et des racistes. La gauche a déserté, elle a laissé tomber les travailleurs.

Article original :

http://robertmascarell.overblog.com...

C) La gauche choisit de rester dans l’UE, mais pour la changer

Labour Leader du Parti travailliste, partisan d’une grande bataille contre l’austérité en Grande-Bretagne, mais également en Europe, Jeremy Corbyn s’est porté dans le camp du «  In  ».

Pas simple de les trouver dans le torrent de boue raciste et libertarien qui domine la campagne impulsée par des coalitions comme Vote Leave (« Votez la sortie »), Grassroots Out (« La base pour la sortie ») ou Leave EU (« Quittons l’UE »), mais il existe tout de même à gauche des partisans d’une rupture avec l’Union européenne. Parmi les parlementaires travaillistes, seuls une dizaine, revendiquant l’héritage eurosceptique de Tony Benn, la figure historique de l’aile gauche du Labour, se sont prononcés pour un Brexit (contre 218 pour le maintien dans l’UE). Le Parti communiste britannique a également appelé à quitter l’Union européenne, tout comme le journal qui lui est lié, le Morning Star. Des syndicalistes ont monté une plateforme commune pour la sortie d’une Union européenne qui est « raciste, impérialiste, antitravailleurs et antidémocratique », mais une seule grande fédération syndicale, celle des transports (RMT), a appelé ses membres à voter pour un Brexit.

Dans le paysage britannique, l’arrivée de Jeremy Corbyn à la tête du Labour a rebattu les cartes. Compagnon de route de Tony Benn dans la gauche du Parti travailliste, le député d’Islington-nord, qui s’était prononcé contre l’adhésion du pays en 1975, contre les traités de Maastricht et de Lisbonne, a déçu ceux qui, sincèrement dans son camp mais aussi par pur opportunisme à la droite extrême, espéraient le voir prendre la direction d’une campagne « socialiste » pour la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE (« Lexit », « left exit », sortie de gauche). Les commentateurs de la presse « de référence » ont cru déceler un choix tactique visant à ne pas se couper de la majorité des députés Labour favorables à l’Union européenne. Mais beaucoup sont passés à côté des raisons avancées par Corbyn lui-même, qui, dénonçant systématiquement le sort réservé par les institutions européennes à la Grèce, par exemple, se place depuis toujours dans la perspective de la construction d’une alliance anti-austérité à l’échelle de l’Europe. Ce n’est donc pas simplement « l’Europe sociale » que le leader travailliste, qui a refusé de s’afficher avec David Cameron dans la campagne pour le « In », appelle de ses vœux, mais bien une Europe de la solidarité construisant des ponts avec des forces de la gauche radicale sur tout le continent. Loin, très loin des petits arrangements entre les dirigeants européens et le premier ministre britannique. Yanis Varoufakis, l’ex-ministre des Finances du gouvernement Tsipras, fondateur de Diem25 et conseiller, de temps à autre, de Jeremy Corbyn, s’est beaucoup impliqué, lui, dans la campagne parallèle de la coalition « Another Europe is Possible » (Une autre Europe est possible), rassemblant des députés travaillistes, mais aussi des élus écologistes, indépendantistes écossais ou gallois, des syndicalistes et des militants défendant les droits des migrants.

Pour cette gauche britannique qui redoute, en cas de Brexit nécessairement « conservateur » à ses yeux, une accentuation des politiques de déréglementation, c’est bel et bien sur le terrain des droits sociaux qu’il faut agir. Dans un appel pour le maintien dans l’UE, dix des plus grandes fédérations syndicales britanniques (Unison, Unite, GMB, CWU, TSSA, etc.) disent craindre une série d’attaques violentes contre les garanties sociales en cas de Brexit. Dans les derniers jours de la campagne, Jeremy Corbyn a appelé les électeurs à ne pas tomber dans le panneau d’un référendum contre l’immigration. « Ne haïssez pas les migrants, détestez les coupes budgétaires et combattez les décisions du gouvernement Cameron avec nous  ! » T. L.

Mercredi, 22 Juin, 2016 L’Humanité

Le Parti national écossais appelle à rester dans l’Union européenne (UE) et envisage un nouveau référendum d’indépendance en cas de Brexit. Au pays de Galles, le Plaid Cymru plaide pour le maintien dans l’UE, rappelant que 200 000 emplois sont liés, dans la région au marché européen. En Irlande du Nord, le Sinn Féin dit non au Brexit. « Ce n’est pas dans l’intérêt de l’Irlande, quoi qu’on pense de l’Union européenne, d’avoir une partie (du pays) à l’intérieur (de l’UE) et l’autre dehors », explique le dirigeant Gerry Adams, précisant  : « Le Sinn Féin continue de vouloir un Brexit de l’Irlande. »

B) Jeremy Corbyn, porteur du « non » de gauche au Brexit

70% des jeunes Britaniques sont contre une sortie de leur pays de l’UE, sans pour autant être des béni-oui-oui de l’Europe !

Le nouveau leader travailliste, Jeremy Corbyn, déroute décidément les observateurs politiques français. Cet authentique homme de gauche se permet à la fois de s’opposer à la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE et de lutter pour une autre Europe. Il n’en faut pas plus pour que « Libération » s’interroge  : « Est-il “in” ou “out”  ? Ceci est la question. » Certes, le journal de Laurent Joffrin l’admet  : « Il l’a clairement dit  : il votera en faveur du maintien. » Mais comment croire à son engagement contre la sortie de l’UE alors qu’il a voté contre tous les traités européens et qu’« il ne s’est jamais privé de critiquer l’Union européenne » (15 avril). Autrement dit, pour paraphraser un ancien président  : l’Europe, on l’aime telle qu’elle est ou on la quitte  ! Cela nous rajeunit de 11 ans  : en 2005, ou bien l’on votait pour le traité constitutionnel, ou l’on était qualifié d’europhobe  !

Même son de cloche à «  l’Express  »  : «  Corbyn soutient le maintien dans l’UE du bout des lèvres  », titrait l’hebdo le 14 avril. C’est que «  l’éternel rebelle de l’aile gauche du parti  » a rappelé que cette UE qu’il n’entend pas quitter a, en revanche, «  besoin de changer (car elle) manque de représentation démocratique  » et qu’elle poursuit de mauvaises politiques qu’il entend continuer de combattre (TAFTA, privatisations – NDLR). En effet, n’en déplaise aux esprits bornés, «  il est parfaitement possible d’être critique et en même temps de rester convaincu de la nécessité de rester membre  », comme l’a précisé Corbyn dans ce même discours et comme il l’a maintes fois réitéré depuis.

Cette position est aussi celle des principaux syndicats britanniques  : ils appellent leurs adhérents à voter pour le maintien dans l’UE tout en estimant que celle-ci «  doit changer  » en rompant avec les «  politiques d’austérité  » (1). Il est enfin intéressant de noter que 70 % des jeunes Britanniques (18 à 24 ans) sont, eux aussi, clairement opposés à une sortie de leur pays de l’UE, sans être nécessairement des béni-oui-oui de l’Europe telle qu’elle se fait. Manifestement, ni les uns ni les autres ne se font la moindre illusion sur les avantages à attendre d’un face-à-face isolé avec les forces du capital de leur pays ni d’une flambée populiste consécutive à une victoire du camp du Brexit. Sans être au garde-à-vous devant Bruxelles.

Est-ce à dire que les « eurocritiques » de gauche devraient pour autant faire cause commune avec ce politicien foncièrement réactionnaire et ultralibéral qu’est David Cameron, sous prétexte qu’il est, lui aussi, contre la sortie de l’UE, pour de tout autres raisons  ? Qui peut l’imaginer un seul instant  ! Qui  ? «  Le Monde  » apparemment, qui vient de consacrer une demi-page et une manchette sur six colonnes à une critique en règle de Corbyn, coupable de faire «  le service minimum  » pour le « in » (le maintien dans l’UE). La preuve  ? «  Il refuse d’apparaître aux côtés de M. Cameron.  » Pire  : au Parlement de Londres, «  il s’en est pris vivement à ce dernier alors qu’il est du même côté que lui dans la bataille référendaire  ». Pourtant, note, dépité, le quotidien, «  le premier ministre ne ménage pas sa peine ». N’a-t-il pas « renoncé à son projet de loi destiné à asphyxier les syndicats et le Labour »  ? Certes, pas pour longtemps, puisque, reconnaît le correspondant, « les hostilités pourraient reprendre dès le lendemain du référendum » (10 juin). Drôle de compromis  ! « On attendait mieux d’un homme de la gauche », insiste pourtant « le Monde » (12 juin) dans un éditorial au vitriol où l’on peut lire, en se frottant les yeux, que « par sa passivité, M. Corbyn s’associe à l’ultradroite nationaliste anglaise pour faire perdre l’Europe »  ! Pour notre part, nous disons merci à notre ami de ne pas renier ses valeurs progressistes dans cette campagne si complexe, en affirmant en quelque sorte un « non » de gauche au Brexit.

(*) Député honoraire du Parlement européen. (1) Lettre des dirigeants des dix principaux syndicats à « The Guardian » le 6 juin. À noter, « le Monde » a publié l’information... en en ignorant le second volet.

Francis Wurtz, Humanité Dimanche

A) Royaume-Uni. La gauche anti-austérité tente de se faire entendre

La campagne sur le Brexit bat son plein, à droite toute. Avec l’appui de personnalités comme Yanis Varoufakis, Corbyn relance l’appel à un front commun contre l’Europe libérale.

Difficile pour eux d’exister dans le paysage, tant les campagnes pour ou contre la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (Brexit), en vue du référendum du 23 juin, tirent à droite toute, avec des arguments ultralibéraux et souvent xénophobes… Mais ils n’y renoncent pas. Samedi, la plateforme Another Europe is possible (Une autre Europe est possible), qui rassemble des militants politiques (Labour, Verts, les indépendantistes écossais du SNP et les Gallois du Plaid Cymru), des journalistes engagés à gauche, des syndicalistes, des activistes écologistes, des défenseurs des logements sociaux, des militants solidaires des migrants, a ouvert à Londres une tournée de meetings pour le maintien dans une Union européenne à débarrasser de l’austérité et à refonder démocratiquement. À la tribune, John McDonnell, le numéro deux du Labour dirigé par Jeremy Corbyn, côtoie la députée Verts Caroline Lucas, mais aussi Yanis Varoufakis.

« Nous sommes les seuls à tenter de raisonner dans ce débat  »

Pour l’ancien ministre des Finances du premier gouvernement Syriza, « alors que les deux campagnes officielles – pro ou anti-Brexit – infantilisent les électeurs d’une manière extrêmement cynique, nous sommes les seuls à tenter de raisonner dans ce débat ». Fondateur du Democracy in Europe Movement 2025 (Diem25), Varoufakis interpelle encore. « C’est l’heure du verdict pour les progressistes  : pensent-ils que quelque chose de positif pourrait sortir de l’effondrement de cette Union européenne réactionnaire et antidémocratique  ? Ou cet éclatement plongera-t-il le continent dans un cataclysme économique et politique dont aucun Brexit ne pourra protéger le Royaume-Uni  ? »

Proche de Corbyn, le député travailliste Clive Lewis promet d’avancer sur un agenda pour « une réelle Europe sociale à l’avenir »  : selon lui, il s’agit d’obtenir plus de contrôle démocratique sur les décisions prises dans les institutions, de combattre l’évasion et l’optimisation fiscales, de lutter contre le changement climatique et de renforcer les droits des salariés dans toute l’Union européenne. S’en prenant une fois de plus aux diktats imposés à la Grèce par les institutions européennes, Jeremy Corbyn lui-même se voit bien partie prenante d’une nouvelle alliance anti-austérité à l’échelle européenne  : « En Europe, en tant que dirigeant d’un gouvernement Labour, je serais une voix contre l’austérité, une voix pour la croissance économique et pour la justice sociale d’un bout à l’autre du continent. »


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