Elections législatives en Irlande ce 26 février : la gauche en pleine progression mais pas les travaillistes

vendredi 26 février 2016.
 

Le peuple irlandais sanctionne la politique d’austérité de son gouvernement

A) Entretien avec Mary Lou McDonald (eurodéputée, Sinn Féin GUE)

Mary Lou McDonald, vice-présidente du Sinn Féin , prône une alternative aux politiques d’austérité, menées ces dernières années.

« Nos militants ont parlé à des dizaines de milliers de familles dans tout le pays. Depuis le départ, nous proposons un ensemble de mesures qui doit permettre au peuple de respirer après avoir été étranglé par l’austérité, matraqué par les politiques du Fine Gael, du Labour et de Fianna Fail… Ils ont protégé les actionnaires, les banquiers et les vautours capitalistes. Des biens publics irlandais qui valaient des milliards d’euros ont été soldés, avant qu’on présente la facture aux contribuables ordinaires. Les gouvernements précédents laissent le chaos en héritage.

La campagne se déroule en parallèle, en vérité  : il y a les thèmes imposés dans les médias dominants, mais sur le terrain les discussions sont très différentes. On parle de l’abolition de la taxe sur l’eau courante et de celle sur les résidences principales, on parle de la gratuité des médicaments ou des études supérieures. Il y a des alternatives aux politiques qui sont menées en Irlande depuis tant d’années…

Les nôtres concernent directement les services publics à développer, les classes moyennes et populaires à soulager. Les profits des plus riches ne peuvent plus échapper systématiquement à l’exigence de solidarité qui se manifeste dans la société. Alors, dans la presse et chez nos adversaires, on nous parle du fait que Gerry Adams pourrait être un repoussoir pour gagner une majorité, c’est un refrain qui revient tout le temps, mais je ne le pense pas une minute.

Sur le terrain, c’est précisément l’exception, Gerry Adams  ! Tous les autres leaders politiques, qu’il soit du Fine Gael, du Labour ou de Fianna Fail, ne peuvent pas se déplacer sans une escorte importante. Il faudrait se demander quand même pourquoi il se dégage autour d’eux une telle hostilité… Beaucoup rêvent encore de nous cantonner à une force d’opposition, mais nous ne jouons plus dans cette cour  : nous voulons gouverner. »

B) En Irlande, une élection pour dire non à l’austérité

Source : http://geopolis.francetvinfo.fr/en-...

L’année 2015 en Irlande a été marquée par des manifestations à répétition contre la taxation de l’eau. Taxer l’eau, jusque là étonnement gratuite, a été vécu par la population comme une ultime épreuve, une charge supplémentaire dans un pays paupérisé.

Car la crise de 2008, et la récession l’accompagnant sont passées par là. En décembre 2013, le gouvernement annonçait la sortie du plan de sauvetage imposé par la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et FMI).

Mais cela s’accompagnait d’une nouvelle cure d’austérité de 2,5 milliards d’euros d’économie. Hausse des taxes sur le tabac, l’alcool, hausse du prix des consultations médicales. Parallèlement les allocations chômages étaient amputées, alors que 14% de la population active était alors sans emploi

Selon le Sinn Féin (gauche nationaliste), 300.000 personnes ont émigré en quatre ans pour échapper à la crise...

Le Labour, allié du parti majoritaire de droite au gouvernement, s’effondre. Il est crédité de 7% des voix, un recul de plus de 12 points qui l’éloigne du pouvoir. Les travaillistes irlandais payent leur incapacité à imposer leur modèle social dans la politique du gouvernement.

Pourtant personne ne veut gouverner avec le Sinn Fein, le parti nationaliste de gauche mené par le charismatique Gerry Adams. Avec 15% des voix, il arriverait en troisième position, en hausse de cinq points par rapport à 2011. Les nationalistes cueillent les fruits de leur positionnement anti-austérité, et de leur action contre la taxe sur l’eau.

Pour autant, le statut de voix politique de l’Armée républicaine irlandaise (IRA), colle toujours à la peau du Sinn Fein. Et aucun des deux grands partis ne veut s’associer à cette image. Gerry Adams restera donc sur le bord de la route, et avec lui, le projet de réunification des deux Irlande.


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