Robert Verdier ou quand la gauche s’est réinventée

mercredi 14 septembre 2016.
 

Une place de Paris va porter le nom de « Robert Verdier (1910-2009), résistant, militant anticolonialiste et des droits de l’homme ». Un homme qui, dans la discrétion et le courage, face au fascisme, au nazisme et aux guerres coloniales, a su montrer le cap ; et qui, à deux reprises, pendant l’Occupation et la guerre d’Algérie, a su rompre et contribuer à reconstruire la gauche.

Le 3 septembre 2016, le nom d’un homme trop oublié, Robert Verdier, sera donné à une place du dix-huitième arrondissement de Paris. C’était quelqu’un de plutôt timide, pas l’un de ces acteurs politiques envahis par leur ego qui cherchent sans arrêt la lumière, repèrent les vents dominants pour se positionner, et qui, pour exister, ne songent qu’à se porter candidats aux plus hautes fonctions. Il était plutôt de ceux dont la parole est rare, mais toujours réfléchie et écoutée. Quitte à ce que, parfois, on cherche à l’utiliser. C’est ce qui lui est arrivé une fois. Quand je l’ai interrogé sur son élection comme président du groupe socialiste à la Chambre des députés en octobre 1956, après le vote à la demande de Guy Mollet, premier ministre, par l’immense majorité des députés socialistes et l’unanimité des députés communistes, des « pouvoirs spéciaux » qui ont plongé la France dans la guerre d’Algérie et permis d’y faire passer l’armée française de 220 000 hommes à 500 000 un an plus tard, il m’a expliqué que c’est précisément parce qu’il faisait partie de la minorité hostile à sa politique que Guy Mollet avait pensé, en le faisant élire à ce poste, le retourner et se servir de lui. C’était mal le connaître. capture-d-e-cran-2016-09-02-a-15-45-03

Inauguration le samedi 3 septembre 2016 à 10 heures devant le 26 rue Duhesme, Paris 18e

Issu d’une famille protestante cévenole dont le père, instituteur et mutilé de guerre, avait abandonné toute religion, s’était engagé passionnément dans l’affaire Dreyfus, et, fasciné par Jaurès, associait indissolublement la République à la séparation des Eglises et de l’Etat, Robert Verdier était un protestant de culture. Détaché du Christianisme, il avait, de la foi de ses ancêtres, conservé une inébranlable exigence morale. Il n’était pas corruptible. Aussitôt élu, étaient intervenus le détournement illégal de l’avion où se trouvaient quatre dirigeants du FLN algérien et la piteuse expédition franco-britannique de Suez, conjointe avec celle d’Israël. Il refusa de s’exprimer au nom du groupe, et, avec deux autres socialistes opposés eux aussi à cette politique folle, Edouard Depreux et Alain Savary – qui démissionna alors du gouvernement –, il prit l’initiative dès novembre 1956 de publier un bulletin, Tribune socialiste, opposé à la politique de Guy Mollet en Algérie. En juillet 1957, aussitôt après une tentative infructueuse de faire adopter, fin juin, au congrès de la SFIO l’idée du « droit à l’indépendance » des Algériens, il démissionna de cette présidence de groupe, et, au congrès suivant, quitta un parti socialiste auquel il avait adhéré à 24 ans et qu’il avait contribué à recréer de fond en comble dans la Résistance. En septembre 1958, avec ces deux électrons libres aux idées fortes qu’étaient devenus Edouard Depreux et Alain Savary, avec André Philip, ancien de la France Libre, l’un des rares à avoir été anticolonialiste dès les années 1930, et avec Daniel Mayer, qui démissionne alors du parlement pour présider une Ligue des droits de l’homme riche d’histoire mais en décrépitude, ils décident de constituer un parti sans siège et sans moyen mais résolument opposé à la guerre d’Algérie, le parti socialiste autonome (PSA). De même, on le verra, qu’au sein du parti socialiste reconstitué de 1943, Robert Verdier y avait le poste de secrétaire général adjoint.

Belle leçon pour une société française et une gauche d’aujourd’hui en pleine dérive, où les responsables politiques ne défendent plus des convictions mais cherchent à repérer dans l’opinion les thèmes susceptibles de les faire élire. Robert Verdier, sous une apparence calme et consensuelle, avait des convictions. Il tentait, posément, de les faire partager. Ce sont elles qui commandaient son engagement politique. Ce qui l’a conduit « naturellement », à plusieurs moments importants de l’histoire française au XXe siècle, à faire des choix et à opérer des ruptures courageuses.

Refonder dans la Résistance un parti socialiste digne de ses valeurs

La première grande question à laquelle il a été confronté est celle de la guerre ou de la paix dans une Europe aux prises avec le fascisme et le nazisme. Enfant de la Première Guerre mondiale, il faisait partie d’une génération marquée par le grand massacre. Son premier souvenir d’enfant était d’avoir vu, sur un quai de gare, son père, blessé à la Grande Guerre, descendre d’un train aidé par d’autres voyageurs, avec des béquilles dont il ne pourrait jamais plus se passer. Sa génération, traumatisée par ce conflit, avait tendance à penser que tout valait mieux qu’une nouvelle guerre. Le pacifisme était dominant, à gauche comme dans toute la société. Verdier disait de sa génération qu’elle « avait eu à penser un dilemme ». Elle était dominée par une haine, compréhensible, de la guerre, mais elle se trouvait confrontée au nazisme qui lui imposait de s’armer et de combattre de nouveau. Entre deux périls, la guerre et le joug nazi, il fallait discerner le pire. Au lendemain du 6 février 1934, jeune professeur de lettres au lycée de Montpellier, Robert Verdier a rejoint la Ligue des droits de l’homme et suivi l’antifascisme résolu de son président, Victor Basch, et non pas le « pacifisme intégral » de sa minorité. La plupart de ceux qui, à gauche, ont défendu cette forme de pacifisme inconditionnel glisseront ensuite vers le pétainisme ou la Collaboration. C’est la principale donnée qui explique que, quand il s’est agi, le 10 juillet 1940, de voter les pleins pouvoirs demandés par le maréchal Pétain qui lui ont permis d’abolir la République, sur les 149 députés socialistes élus lors du Front populaire, seuls 36, moins d’un quart, ont fait partie des 80 députés qui ont refusé de le faire.

Pour Robert Verdier, le choix de cette minorité était évident. Alors que la plupart des responsables socialistes élus avant 1940 restaient attentistes, voire pire – Verdier parlait de leur « prudente immobilité » –, il a participé, avec Daniel Mayer et quelques militants de leur génération qui n’avaient pas de responsabilités dans le parti avant guerre, et quelques autres un peu plus âgés, aux responsabilités modestes, tel Edouard Depreux, conseiller général de la Seine, à la reconstruction clandestine du parti socialiste au sein de la Résistance. Ils ont tout repris à zéro, créant en 1942 un Comité d’action socialiste (CAS) qui a publié le bulletin Socialisme et Liberté et décidé en juin 1943 de prendre le nom de « parti socialiste ». Daniel Mayer en était le secrétaire général et délégué au Conseil national de la Résistance (CNR) et Robert Verdier en était donc le secrétaire général adjoint.

Le fait colonial, cancer de la République

La seconde grande question qui a déchiré sa génération, ainsi que la suivante, et qui continue encore aujourd’hui, par ces effets tardifs, à empoisonner la société française, est celle de la colonisation. Les années d’études de Robert Verdier coïncidaient avec l’apogée de l’empire colonial, marqué par le « Centenaire de l’Algérie » en 1930 et la grande exposition coloniale de Vincennes l’année suivante. Malgré Jaurès qu’on n’a pas voulu entendre sur ce sujet, qu’on a oublié et dont on a sans cesse jusqu’à aujourd’hui déformé la pensée[1], la colonisation faisait alors partie, y compris et peut-être d’abord à gauche, du consensus républicain. Après les vigoureux débats de 1885[2], tous les partis s’étaient plus ou moins ralliés – sauf, de manière intermittente, les communistes –, au fait colonial. Or, les circonstances de sa vie ont fait que Robert Verdier a très vite compris l’aberration de la colonisation. Il aimait raconter une anecdote emblématique de sa prise de conscience précoce de cette absurdité. C’était au début de l’été 1932, son camarade de classe préparatoire au lycée Louis-le-Grand, où ils étaient tout deux internes, Léopold Senghor, avait été admissible à l’agrégation de grammaire quand lui-même l’avait été à l’agrégation de lettres classiques. Il l’avait invité à venir préparer en même temps que lui les épreuves orales à Mende, dans la maison que possédaient ses parents. Un jour, à la poste locale, où Senghor avait voulu envoyer un courrier, il s’était entendu répondre par l’employée, probablement syndiquée et beau produit de l’école républicaine : « Toi coller timbre là »… Elle qui ne devait guère disposer de plus que le certificat d’études trouvait normal de s’adresser ainsi à cet homme qui était agrégatif de grammaire. Pourquoi ? parce qu’il était noir. L’épisode est symptomatique des stéréotypes diffusés l’époque et du bain idéologique dans lequel les esprits se sont formés, qui persiste de manière diffuse dans la France d’aujourd’hui. C’est parce qu’il en a pris conscience de l’incompatibilité du processus colonial avec les valeurs républicaines que Robert Verdier, malgré les idées dominantes dans la société comme dans la gauche, a soutenu, « naturellement », les hommes qui, dans les colonies voulaient la fin du colonialisme.

En août 1946, la prise de la direction du parti socialiste par Guy Mollet, au nom d’une phraséologie populiste et marxisante, mit fin aux responsabilités de Daniel Mayer à direction du parti, comme à celles de son adjoint Robert Verdier. Guy Mollet s’est appuyé notamment sur des militants de la tendance dite « Gauche révolutionnaire » dirigée avant guerre par Marceau Pivert, qui avait été favorable aux Accords de Munich et n’avait pas participé à la Résistance, il était aussi préféré nettement par le PCF, dominant la gauche à l’époque, à la direction précédente issue de la Résistance. Mais, pour Robert Verdier, le discours « plus à gauche » de Guy Mollet n’était que « l’habillage doctrinal d’une opération politicienne ». Il rapportait cette phrase de Léon Blum, avec qui il travailla étroitement entre 1946 et sa mort en 1950, après la lecture d’un texte de la nouvelle direction : « Je ne savais pas que le parti comptait une telle proportion de pédants ».

De nouveau député en 1951, Verdier s’intéressa particulièrement aux questions du Maghreb. En 1945, encore secrétaire général adjoint du parti, il avait fait une mission en Tunisie, avant même la capitulation allemande. Il était allé aussi en Algérie en juillet 1946, en compagnie de Charles-André Julien, et écrira à propos de la réunion des socialistes d’Afrique du Nord à laquelle il a assisté : « Je fus naturellement frappé, mais pas vraiment surpris, par le faible nombre d’autochtones participant à ce congrès. L’un d’eux toutefois fit une très forte impression : Mohand Lechani. Charles-André Julien le connaissait depuis longtemps et me présenta à lui. Lechani était instituteur. Il militait au parti socialiste depuis 1912. Très tôt, il avait publié une revue, La Voix des humbles. En 1938, il avait participé à la création du journal Alger Républicain[3]. » Lechani dénoncera bientôt le statut de 1947 créant deux « collèges électoraux » comme une « formule raciste ». Au congrès de la SFIO de 1951, en France, il parlera de la « trahison » du parti en matière de politique coloniale : « la colonisation a créé une sous-classe ». Il quittera la SFIO en décembre 1955 pour rejoindre le FLN et travaillera après l’indépendance aux programmes d’alphabétisation et à la politique d’éducation de l’Algérie indépendante. Robert Verdier est retourné en 1952 en Tunisie, où la situation s’était brusquement aggravée, le résident général de France, Jean de Hauteclocque, arrivé sur un bateau de guerre, étant un partisan de la manière forte. Il a fait arrêter Habib Bourguiba et les autres responsables du parti indépendantiste le néo-destour, et quelque cent cinquante de ses militants dont certains ont été torturés lors de leur détention. Du 28 janvier au 1er février, avait eu lieu le « ratissage » du Cap Bon qui avait fait plus de 200 morts dans la population civile, de nombreux blessés, des maisons dynamitées. Verdier rendit visite à trois leaders du néo-destour, Hedi Nouira, Mongi Slim et Hedj Chaker, que l’autorité française avait placé en résidence surveillée dans un phare désaffecté de l’île de Djerba. Il obtint aussi d’aller visiter Habib Bourguiba interné dans l’île de La Galite, à l’ouest de Bizerte, au large de la frontière algéro-tunisienne. Il a rencontré également Ferhat Hached, le chef du syndicat Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), qui sera assassiné en décembre 1952 par les hommes du service français du SDECE avec l’assentiment du résident général de France. Intervenant devant l’Assemblée nationale, le 5 juin 1952, le Robert Verdier a déclaré : « les destructions de maisons au Cap Bon n’ont pas été accidentelles, […] il s’agissait bien d’opérations militaires, d’intimidation sur les habitants de ces régions. […] Dans toute la Tunisie, on parle de sévices et d’aveux obtenus par la torture. […] Un homme arrêté par surprise est gardé plusieurs semaines, parfois deux mois, dans ce qu’on appelle les petites geôles, qui sont les prisons des gendarmeries. Il n’a pendant toute cette période contact avec personne, avec aucun membre de sa famille, avec aucun avocat. […] Ceci doit rappeler à beaucoup de Français quelques souvenirs assez peu agréables[4]. » A l’été 1953, après la déposition par la France du sultan du Maroc Mohammed Ben Youssef, Robert Verdier participa à la création du Comité France-Maghreb, où, à Alain Savary et Edouard Depreux, se sont jointes des personnalités catholiques comme François Mauriac, Louis Massignon et le rédacteur en chef de Témoignage chrétien, Robert Barrat. En janvier 1954, il fit partie d’une délégation parlementaire au Maroc au cours de laquelle il a pu rendre visite dans sa prison à Abderrahim Bouabid, leader alors du parti indépendantiste l’Istiqlal, contribuant à sa libération en octobre, et dont il deviendra l’ami jusqu’à sa mort en 1992. En 1955, avec Alain Savary, Robert Verdier participa aussi à la libération de Habib Bourguiba de son îlot de La Galite et au retour en France du sultan du Maroc exilé à Madagascar, décisions importantes qui ont préparé l’indépendance de ces deux pays, mises au point sous le gouvernement de Pierre Mendès France et proclamées en mars 1956.

L’opposition de Robert Verdier à la guerre d’Algérie était donc la conséquence d’un refus ancien, ferme et tranquille, du fait colonial, qu’il voyait comme une sorte d’aberration eu égard aux principes de la République et des droits de l’homme. S’y sont ajoutés des témoignages précis. Vincent Monteil lui a communiqué la lettre qu’il avait adressée le 1er juin 1955 à Jacques Soustelle, alors gouverneur général de l’Algérie, pour lui annoncer sa démission de chef de son cabinet militaire en raison de la torture pratiquée, au su des autorités civiles, par la police et l’armée française : « L’Algérie est un pays sans loi, écrivait-il. Ses vrais “hors la loi” sont dans l’administration algérienne ». Un jeune pasteur protestant, ami de sa belle-famille, Benjamin Muller, démobilisé au sortir de son service militaire, avait tenu à l’informer de la généralisation de l’emploi de la torture par l’armée française en Algérie. Un Algérien, Ali Brahimi, qu’il avait connu au sein de son groupe socialiste au Quartier latin et qui venait de rejoindre le FLN lui a envoyé la copie de la lettre qu’il venait d’adresser à Guy Mollet, décrivant les enlèvements, les violences et les exécutions sommaires, qu’il lui demandait de lire à ses collègues.

Réinventer la gauche dans la fidélité

C’est son opposition à la politique algérienne de la direction de la SFIO qui l’a conduit à fonder avec d’autres le PSA, puis à être ensuite, en 1960, l’un des responsables du PSU, issu de la fusion du PSA et de l’Union de la gauche socialiste (UGS). Le PSU a été un « parti visionnaire », pour reprendre l’expression de son historien, Bernard Ravenel[5]. Un parti issu du naufrage de la gauche et du pays dans la guerre d’Algérie, mais qui a témoigné de ce que l’une comme l’autre étaient capables, dans ce désastre, d’essayer de se ressaisir fièrement et de se réinventer. L’un des souvenirs dont Robert Verdier était fier, c’est d’avoir reçu, en compagnie d’Edouard Depreux, François Mitterrand lorsqu’il a demandé son adhésion au PSA. La question avait été discutée par ses instances et ses membres, qui se souvenaient de son comportement en tant que Garde des Sceaux au sein du gouvernement de Guy Mollet – ses nombreux avis favorables aux exécutions capitales d’Algériens –, avaient répondu : « non ». Robert Verdier, bien qu’il avouait son embarras à le lui annoncer, n’en avait aucun regret, tout en ajoutant que François Mitterrand, lui, n’oublierait pas ce refus. Verdier est resté membre du PSU jusqu’à la fin de la guerre d’Algérie, et même au-delà, jusqu’à l’élection présidentielle de 1965. Mais il avait le sentiment que le PSA comme le PSU s’étaient constitués sur la base d’un rejet, et qu’un rejet ne suffisait pas à former la base de référence commune d’un parti politique. A ses yeux, trop d’approches divergentes y coexistaient. Il était, par ailleurs, déconcerté par Mai 68 et restait peu sensible à ce que le PSU apportait de nouveau à la vie politique française, ces thèmes que Bernard Ravenel nomme avec raison des « graines de l’avenir », comme la problématique de la démocratie régionale et de la décentralisation, l’approche d’une société devenue post-industrielle et l’attention à l’émergence de nouveaux mouvements sociaux.

Le plus long et le plus fidèle des engagements de Robert Verdier aura été celui à la Ligue des droits de l’homme. Il y avait adhéré à 22 ans. Il en est resté membre jusqu’à sa mort à 99 ans. Bien qu’il n’ait pas voulu s’y investir après 1945, car il avait de sérieuses réserves sur l’orientation de ses responsables aux temps de la guerre froide et des guerres coloniales, qu’il ne considérait pas assez vigilants par rapport aux violations des droits de l’homme dans les pays de l’Est et dans les colonies. Mais il y est revenu activement, ensuite, quand Daniel Mayer puis Henri Noguères en sont devenus présidents (1958-1975 et 1975-1983). Il a longtemps présidé sa fédération de Paris ainsi que sa Commission des questions internationales. C’est lui qui avait reçu, en 1983, les représentants d’un petit comité constitué pour prendre la défense de dissidents et d’artistes chinois dont je faisais partie, qui sollicitait le soutien de la LDH pour l’organisation d’initiatives communes. Quand, après cette expérience, j’ai continué à militer dans le cadre de cette Commission de la LDH, j’ai eu d’emblée, avec lui, une relation faite d’une proximité inattendue en raison de l’importante différence de générations. Probablement parce qu’il se pensait avant tout comme un professeur de lycée – ce que j’étais alors. Pour lui, avoir été responsable politique et parlementaire, ce n’était pas avoir exercé un métier, sa profession avait toujours été celle de professeur. Pas seulement avant que la clandestinité ne l’oblige, en 1943, à quitter brusquement son poste, et après que son désaccord politique sur la guerre d’Algérie ne le conduise très normalement à en reprendre un, de 1959 jusqu’à sa retraite en 1976. Cet homme remarquable par ses engagements politiques à plusieurs moments-clés du XXe siècle ne considérait absolument pas la politique comme un métier. L’exemple peut être utile devant le marigot actuel.


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