3 janvier 2016 Chaque PDG du Richistan a déjà gagné autant que le revenu annuel médian français

lundi 16 janvier 2017.
 

En France, les patrons du CAC 40 ont gagné au 3 janvier 20h autant que le salaire médian annuel.

Quatre jours après la nouvelle année, les grands patrons canadiens et britanniques pourraient s’arrêter de travailler  : ils ont déjà gagné deux à trois fois la rémunération annuelle promise aux salariés ordinaires de ces pays. Selon le Centre canadien des politiques alternatives, les 100 dirigeants d’entreprise les mieux payés ont reçu en moyenne 9,5 millions de dollars en 2015, soit 193 fois le salaire moyen des Canadiens. L’organisme calcule donc qu’ils ont atteint le niveau de rémunération annuelle moyen à 11 h 47, le 3 janvier, soit après moins d’une demi-journée de travail. L’an dernier, cela leur avait pris une heure de plus  : ils n’avaient dépassé ce montant qu’à 12 h 18.

Au Royaume-Uni, selon une étude du High Pay Center – un institut qui étudie également les grosses rémunérations –, les grands patrons ont dû attendre le 4 janvier à midi pour atteindre le salaire médian annuel des Britanniques. Ce mercredi a donc été ­rebaptisé en Angleterre le jour des « gros bonnets » qui gagnent près de 141 fois ce que peuvent toucher en moyenne les salariés. Au Canada, où les mégarémunérations ont augmenté de 99 % en vingt ans (contre 9 % pour le reste de la ­population), le ratio entre les salaires moyens des grands patrons et des travailleurs ordinaires culmine à 193, alors que, pour rappel, en France, la rémunération des plus grands dirigeants d’entreprise cotées au CAC 40 fait régulièrement scandale  : le PDG de Sanofi, par exemple, gagne 960 fois le Smic.

Ça passe mal dans les opinions publiques

Même dans les pays anglo-saxons, ces rémunérations ne passent plus dans les opinions publiques. En Grande-Bretagne, pour Stefan Stern, qui dirige le High Pay Centre, « ce mercredi des gros bonnets constitue un rappel crucial sur le problème ­récurrent du fossé existant entre les ­rémunérations dans notre pays ». Frances O’Grady, la secrétaire générale de la confédération syndicale unique TUC, appelle le gouvernement conservateur à assurer la ­représentation des salariés dans les comités sur les ­rémunérations des grandes entreprises. « Les travailleurs méritent une répartition plus juste de la richesse qu’ils aident à produire, estime-t-elle. Mais alors que les ­revenus des dirigeants ont littéralement explosé, le salaire hebdomadaire moyen est toujours inférieur aujourd’hui à son montant d’il y a neuf ans. » Au Canada, Hugh Mackenzie, auteur du rapport pour le Centre canadien des politiques alternatives, se fait cinglant  : « Personne ne mérite de toucher autant d’argent. Je veux dire, c’est absurde. »

Thomas Lemahieu, L’Humanité


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