Ni à Whirlpool, ni ailleurs, Le Pen n’est la candidate des ouvrier-ères

lundi 1er mai 2017.
 

Ce mercredi 26 avril, plusieurs militant-es d’Ensemble 80 ont rencontré les Whirlpool pour échanger sur leurs perpectives et leurs attentes de soutien (caisses de grève, appel public, relais des revendications …) L’accueil est bon, l’approfondissement du soutien recherché. Le point de la rencontre à l’heure de la pause déjeuner, l’essentiel de l’échange devant être repris et approfondi dans les heures et les jours qui viennent car la venue de Le Pen nous a contraint à donner la priorité à activer les réseaux socio-politiques.

Depuis lundi 24 avril, soit trois mois après la réunion du C.E. du 24 janvier qui a déclenché le PSE loi Florange, une partie seulement des 500 salarié.e.s Whirlpool et des intérimaires maintient les lignes de production qui ont assuré en 2016 la sortie de 700 000 sèche-linge, dont la majeure partie est situés dans le haut de gamme : une autre partie se relaie pour bloquer les sorties des composants, le site amiénois approvisionnant dans la banlieue de Bristol l’autre unité du groupe à fabriquer des sèche-linge. Le rachat du concurrent Indesit, qui exploitait le site anglais jusque 2014, conduit désormais Amiens à produire des composants pour les fabrications réalisées en Angleterre, voire à réaliser une part du cahier de commandes de Bristol, 100 000 machines en 2016.

Vendredi, le préfet fera au nom du comité de suivi gouvernemental et régional un point d’avancement à l’intersyndicale. La veille, l’intersyndicale fera le point elle des possibilités de poursuite d’actions avec l’ensemble des salarié.e.s. La semaine de grève a en effet été précédée d’un autre temps fort avec le déplacement au siège francilien de la moitié des salarié.e.s de l’usine amiénoise suivi d’un rassemblement au Champ de Mars où étaient convié.e.s les onze candidat.e.s du 23 avril.

Le 26 mai arrive à échéance le délai loi Florange de l’obligation pour Whirlpool de démontrer qu’il démarche des repreneurs pour les salarié.e.s qu’il licencie et la reconversion du site. Le site de Montières, exploité depuis 1945 et situé dans le lit majeur de la Somme, est étroitement surveillé par les directions centrales du gouvernement pour les menaces de percolation de décennies de polluants dans la nappe phréatique. Il ne semble pas qu’à cette étape ni Caseneuve, ni Sapin ou Sirugue n’entendent imposer une quelconque obligation de mesures correctives et préventives en préalable à la vente par Whirlpool de son foncier et de ses bâtiments : l’union sacrée avec la municipalité et le conseil régional de droite - "au nom de l’emploi" - entérine même l’inverse, la demande de l’agglomération à Whirlpool de cession du foncier à l’euro symbolique, quand tout contrat privé exigerait au contraire que le vendeur verse à l’acheteur un montant à dire d’expert pour le financement des futures mesures de surveillance et de dépollution d’une partie des sols.

Malheureusement, le 26 avril relègue l’enjeu social, professionnel et environnemental au second plan des projecteurs télévisuels.

BFM TV : une longueur d’avance

BFM TV n’est pas une TV à l’écoute des salarié.e.s, ni dans l’ordinaire des tâches d’exécution, ni dans les actions. Aussi partagions-nous l’étonnement de nombre des grévistes de Whirlpool ce 26 avril à midi sur leur présence depuis le matin ainsi d’ailleurs que sur leur voisinage avec le groupe local du FN et leurs quelques interlocutrices et interlocuteurs de l’usine. Dénouement à 12:50 avec la précipitation de l’équipe à aller à la rencontre du service d’ordre au milieu duquel finissait par sortir la candidate de second tour.

15’ plus tard débarquait la cohorte de journalistes du car Paris-Amiens-Arras de la campagne Macron, sortis de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Amiens dès les premières images télévisées : trop tard pour saisir des images de Le Pen dans la zone d’activités de Montières, suffisamment tôt pour saisir à chaud le "ressenti" des salarié.e.s.

Captifs des horaires du car Macron pour le meeting d’Arras, les pigistes n’auront pu attendre le retour de l’intersyndicale qui interpellait Macron à la CCI sur les carences gouvernementales et régionales dans l’application de la loi Florange. Ils auront néanmoins pu mesurer la densité des échanges suscités par les quelques manifestations bruyantes d’hostilité au FN, et leur appui dans l’ensemble de l’arc syndical, de la CFTC à la CFDT et à la CGT, comme des nouvelles arrivées de soutien, Ensemble ! 80 bien sûr et les autres composantes du comité législatif de la candidature Ruffin-Desburaux.

Les deux candidats de deuxième tour polluent donc une action menée au sein d’une multinationale majeure : l’une en venant engranger à BFM TV des images sur le mode "moi présidente" avant son débat télévisé du 3 mai ; l’autre en récusant toutes les interpellations des Whirlpool depuis l’annonce de la fermeture le 24 janvier. Contraint par Ruffin - sur le plateau de son "Pujadas" - à s’engager à enfin rencontrer l’intersyndicale, il a fait prévenir en dernière minute que ce serait à la CCI voisine de la gare et non sur le site de la zone d’activités, pourtant situé à 10’ de taxi de la gare.

Une intersyndicale qui ne baisse pas les bras devant la multinationale

Sur l’invitation d’Envoyé spécial, présent aujourd’hui comme devant le siège francilien de Whirlpool avec les salarié.e.s, deux participants de l’intersyndicale sont allés à Lodz. L’unité Indesit de Lodz transfèrerait la production de réfrigérateurs en Italie pour assurer à compter de janvier 2018 la production de sèche-linge pour le secteur Europe, Moyen Orient et Afrique du groupe. Rien n’est à cette date engagé à Lodz pour ce passage de la production réfrigérateurs à celle de sèche-linge. Le cahier des charges de Bristol, 900 000 sèche-linge d’entrée de gamme, est-il également concerné ? Le gouvernement actuel ne semble avoir pris langue ni avec l’exécutif polonais, ni avec les autres gouvernements des autres pays de production, les Britanniques et les Italiens.

Devenue majoritaire au détriment de la CFTC amiénoise, la CFDT Whirlpool travaille étroitement avec la CGT à construire la démarche intersyndicale, avec la CGC et avec FO Prima. Les intérimaires, pendant cette semaine de grève, sont associé.e.s à la conduite de l’action - quand bien même la cible est le refus d’une reprise au rabais et donc un P.S.E. ambitieux. L’implication dans le soutien des candidats Ruffin/Desbureaux et du comité de circonscription entre dans son plein développement avec l’étape de l’occupation du parking. L’image offerte par BFM TV relève du coup médiatico-politique : elle en dit davantage sur la dégradation du politique, de l’élection d’un conseil régional avec moins de 25% d’exprimés pour le PS et les gauches du PS à un deuxième tour présidentiel avec Le Pen toujours pas virée des urnes.

Marianne Mugnier, Eugène Bégoc


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