Jusqu’à quand vas-tu, Macron, abuser de notre patience ?

dimanche 20 août 2017.
 

Clin d’œil de l’Histoire, c’est au temple de Jupiter Stator en l’an - 63 que Cicéron ouvrit par ces mots, au personnage près, la première de ses catalinaires.

De nos jours, un été aura suffi pour que se déchire le voile qui enveloppait l’illusion macroniste. Non que les plus avertis aient eu le moindre doute. Mais force est de constater que Macron était parvenu à capitaliser suffisamment sur son nom pour se voir propulsé à l’Elysée signe que, de bonne foi, beaucoup, à défaut d’adhésion à son programme, ont consenti à lui laisser le bénéficie du doute.

Six semaines de session parlementaire auront donc eu raison de la bienveillance de ceux-là : le code du travail est passé à la moulinette libérale, l’état d’urgence va s’inscrire dans le droit commun, les collectivités territoriales vont être ponctionnées comme jamais tandis que les aides au logement vont se voir rabotées et que les fonctionnaires sont une fois encore mis à la diète avec le gel du point d’indice et le retour du jour de carence.

Que l’on prenne soin de regarder de près qui est touché par ces mesures : le code du travail organise la vie de 18 millions de salariés, 5,5 millions de fonctionnaires sont dans le viseur, l’ordre et la justice régissent les règles de vie en société de 65 millions de personnes, le service public local est nécessaire au bien-vivre de chacun-e...

La politique d’Emmanuel Macron n’est donc pas simplement une politique du moins-disant social, même s’il est d’évidence qu’elle reporte l’effort sur les plus fragiles. Elle se caractérise d’abord par la remise en cause des équilibres globaux et la destructuration générale qu’elle engendre du quotidien de la grande majorité : Macron devient partout et pour tous un facteur de désordre social.

Ajoutez-y le front ouvert avec l’armée et mesurez le trouble suscité en chacun de nous par le chef de l’Etat dès lors qu’apparaît une dissension entre l’exécutif et l’outil de la sûreté et de l’indépendance de notre pays.

Un tel sentiment collectif d’insécurité pèse dès lors que Macron a été élu en surfant sur la vague dégagiste qui a balayé la vieille classe politique. Les partis historiques du système avaient autrefois vocation de représentation populaire majoritaire, et pour tout dire ils y gagnaient ainsi leur légitimité. Depuis, le PS n’est plus, ou si peu, et l’UMP a abandonné dans la présidentielle sa capacité à regrouper au-delà du cercle traditionnel de la droite bourgeoise. Macron et les siens semblaient donc devoir reprendre le flambeau. Or il n’en est rien. En quelques semaines à peine, Macron s’est « hollandisé » comme en attestent les études d’opinion estivales. Les deux mois qui viennent de s’écouler traduisent sinon la rupture, puisqu’il n’y avait pas adhésion, mais au moins l’éloignement du peuple du projet et de la méthode macronistes.

Les conséquences en sont multiples : basculement du Président en tant que facteur d’instabilité, défaut de représentation populaire par l’exécutif et le corps législatif majoritaire, apparition de larges systèmes d’équivalence dans le rejet macroniste, isolement de celui tout juste élu sous la bannière du rassemblement…

Jusqu’à quand Macron peut-il prétendre abuser dans ces conditions de la patience populaire ? L’avenir nous le dira mais il n’est pas écrit que, cette fois, le glaive institutionnel de la Vème République suffise à résister aux conditions inédites qui s’ouvrent devant nous.

François Cocq


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