Des élections partielles, mais parlantes

dimanche 4 février 2018.
 

À Belfort et dans le Val-d’Oise, pour ces deux élections législatives partielles, nous risquions gros. Notre score de juin dernier, au-dessus de dix points, était-il encore possible quand aucun enjeu n’apparaissait à nos électeurs de la présidentielle et des législatives ? Serions-nous assez forts pour exister dans une crue terrible de l’abstention comme celle qu’il a fallu constater au fil des heures qui passaient ce dimanche ? Les deux contextes n’étaient pas les mêmes. Sur le territoire de Belfort, le MRC et le PCF soutenaient notre candidate. Le MRC s’efforça de donner une forte couleur « Rassemblement de la gauche » à son soutien. Qu’en sortirait-il ? Une addition des scores ou un recul ? Dans le Val-d’Oise, à l’inverse, chacun avait sa candidature. Cela serait-il puni par les électeurs qui se déplacent pour voter et qui sont les plus politisés ?

Le résultat est parlant. L’ampleur de l’abstention est terrifiante. Bien plus haute qu’en juin dernier où elle était déjà très haute, au-delà des 50%. Le niveau est celui de la fin des années Hollande dans les partielles quand plus rien ne semblait avoir de sens, au cœur de la vague naissante du dégagisme qui emporta tout le tableau politique ensuite. D’un lendemain de présidentielle à l’autre, l’effondrement est prodigieux. Ce n’est donc plus du tout la situation qui suivit la présidentielle de 2012. L’abstention y était considérablement plus basse. Tout cela porte un message : l’élection présidentielle de 2017 n’a pas purgé le malaise politique de la phase précédente. Ses données politiques ont traversé la séquence. Ce malaise tient aux politiques qui s’appliquent en toute continuité libérale. Le dégagisme reste donc là, sous la forme de l’abstention. Mais aussi dans le reflux des votes. Tout le monde perd des voix mais surtout le parti Macroniste dans des proportions remarquables si l’on regarde ses concurrents.

L’autre crucifié des scores de ce dimanche est le PS, figure centrale des victimes du dégagisme de l’année 2017. Il est plus que laminé. Dans la circonscription qui a été celle de Jean-Pierre Chevènement et du socialiste Raymond Forni, ancien président de l’Assemblée nationale dans les années 90, le PS passe derrière « Debout la France », juste devant Lutte ouvrière avec 2% des voix. La débâcle est à couper le souffle ! L’onde de choc du bilan de François Hollande frappe encore. Du coup, dans le Val-d’Oise, les 6% du PS semblent un exploit pour ce parti alors qu’il n’atteint que la moitié de notre score ! Mais dans les deux cas, « La France Insoumise » confirme son existence stable et confirme aussi son niveau d’adhésion de juin. Surtout, ses candidates passent nettement devant le FN. Enfin, et ce n’est pas rien, « la France insoumise » passe en troisième position.

Bref, pour qui veut s’opposer au pouvoir Macroniste sans vouloir voter pour la droite extrême de Wauquiez, pour ceux qui veulent former une opposition populaire au président des riches, le vote qui se voit, c’est le vote LFI. Tout le reste stagne à des niveaux confidentiels : le PS à 2 ou 6%, le PCF à 3% ! À quoi bon leur bulletin de vote ? Seul EELV retrouve tout seul son niveau d’avant la présidentielle. À Belfort, c’est le niveau de 2012. Dans le Val-d’Oise, le score est équivalent au total des candidats écolos de juin dernier. Peut-être se trouve-t-il une composante Hamoniste dans le territoire de Belfort qui gonflerait leur score. Mais dans ce cas encore, non seulement la barre des 5% n’est pas atteinte mais cela fait là encore moins de la moitié de notre score. En toute hypothèse, EELV ne parvient pas à occuper l’espace du PS. Pourtant il pensait en être une version modernisée, modérée et proche de ses électeurs auxquels il a fourni souvent un candidat commun au fil des 10 ans d’accords électoraux et de gouvernement en commun.

Tout cela ne nous fait pas pavoiser pour autant. Certes, nous sommes passés en 3ème position ; oui c’est vrai nous passons devant le FN dans deux de ses fiefs d’hier. Mais ces satisfactions ne nous font pas oublier que n’avons jamais considéré que notre score serait une fin en soi. L’objectif reste de mordre sur les sentiers de la victoire. Ce n’est pas le cas. Certes, la marche était haute depuis notre score de juin. Il n’aurait pas été raisonnable de rêver sur une percée foudroyante, compte tenu du niveau d’abstention et de l’ampleur du vote de droite dans cette circonscription en juin dernier. La grève civique continue et elle s’étend dans nos milieux sociaux. Le vote LFI n’est pas encore son débouché positif évident. Mais le défi stratégique est là. Car la vérité s’impose dans la comparaison entre le résultat de Belfort moins bon que celui du Val-d’Oise. Pourtant, dans les deux cas, tous les observateurs ont admis que nos candidatures étaient performantes. Et le niveau d’activité militante a été très élevé pour construire le résultat.

La question n’est donc pas là. Voyons le fond. À Belfort la tonalité « gauche rassemblée » était revendiquée par le MRC qui nous soutenait sur ce thème. Il a fonctionné comme un rayon paralysant, gelant en partie les votes dégagistes que nous devions mobiliser. Dans le Val-d’Oise, c’est le contraire. Chacun allait chacun pour soi. Pas de tambouille Ce fut un facteur entrainant. Dans certaines communes et certains bureaux de vote c’est même spectaculaire. Les bureaux de vote à 30 ou 40 % en milieu populaire sont nombreux. Et pour finir le score total est meilleur que celui de juin dernier. Ce résultat fonctionne donc comme un message clair : dans une élection nationale, « la gauche rassemblée » est un étouffoir, un brise lame, un tue la joie. En outre, au cas de Belfort, « la gauche rassemblée » surchargeait notre barque des contentieux entre partis de « l’union de la gauche » qui se sont sévèrement entretués aux dernières municipales. De plus, le MRC qui nous soutenait était l’ancien candidat commun du PS, du MRC et de EELV. La leçon ne peut être négligée ni oubliée. Elle ne le sera pas. C’est la condition pour créer une nouvelle dynamique populaire dans le pays.


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