Crise écologique : « L’ancien modèle économique ne fonctionne plus » – « Il y aura une période sombre. Ça va faire mal, très mal. »

samedi 2 juin 2018.
 

Le biologiste et auteur Jean Lemire a livré un vibrant plaidoyer pour la planète à l’Université de Sherbrooke (Québec), mercredi.

Le biologiste, cinéaste et auteur Jean Lemire s’est arrêté à l’UdeS dans le cadre d’une conférence organisée par le Regroupement des étudiants en économique de l’UdeS et le Centre universitaire de formation en environnement et développement durable.

(Sherbrooke) « Le véritable enjeu de l’écomomie et de la mondialisation repose sur une plus grande justice sociale (...) Il n’y aura pas de grande victoire en environnement tant qu’il n’y aura pas de plus grande justice sociale. Je pense qu’il faut orienter les politiques de demain vers ça. »

« On est dans une situation environnementale presque catastrophique », a fait valoir ce diplômé de l’UdeS. Celui qui a été nommé Grand ambassadeur de l’institution en 2007 a plaidé pour de nouvelles façons de faire dans notre modèle économique.

« L’ancien modèle économique ne fonctionne plus. Il faut inclure la masse, sinon on va créer de plus en plus de conflits... »

À travers ses différentes expéditions, le Drummondvillois d’origine a vu les plus belles beautés du monde. Et les pires dérives.

Comme ces continents de plastique, qu’on retrouve notamment au large d’Hawaï et des Bermudes.

« J’ai rarement vu une scène aussi difficile à capter. » Il raconte que des albatros ramènent à leurs oisillons du plastique en guise de nourriture, qu’ils confondent avec des éléments de leur alimentation. « Ce plastique, c’est notre plastique... »

Avec 1000 jours pour la planète, Jean Lemire et son équipe sont partis faire le tour du monde pendant trois ans avec le bateau Sedna IV. « On est parti en voulant seulement montrer la beauté du monde, en se disant que si on arrive à faire aimer cette nature, on a tendance à protéger ce qu’on aime. Plus on avançait, plus on a été touché au flanc », dit-il en soulignant que l’équipe a vécu des expériences difficiles.

« Il y aura une période sombre. Ça va faire mal, très mal, c’est certain. »

Le cinéaste a aussi pu constater, au cours de son périple, les ravages de l’industrie de l’huile de palme. « On ne peut pas se bander les yeux sur le fait que cette industrie est alimentée par nous et notre consommation. Si vous allez dans un supermarché ici, plus de 50 % des produits transformés contiennent de l’huile de palme... »

Pendant ce temps, aux États-Unis

La semaine dernière, l’administration Trump annonçait des coupes importantes dans le domaine de l’environnement et de la recherche scientifique. Des chercheurs sherbrookois s’inquiètent des impacts pour la recherche.

Comment Jean Lemire voit-il la suite avec cette élection ? « Il y aura une période sombre. Ça va faire mal, très mal, c’est certain », dit-il lorsqu’on l’interroge sur les compressions annoncées la semaine dernière et l’élection présidentielle.

Il souligne du même coup que personne ne peut prédire ce qui peut arriver. « Ce que je dis par contre, c’est qu’il y a un mouvement planétaire qui est engagé et ce mouvement-là vient beaucoup des investisseurs dans le monde, qui ont déplacé des sommes importantes vers les énergies renouvelables. Et ça... je ne pense pas que si lui (NDLR : le président américain Donald Trump) veut ramener le charbon, qu’ils vont se mettre à investir dans le charbon. Est-ce qu’au niveau politique, les États-Unis vont accepter de laisser leur rôle de leadership à des pays comme la Chine ? Peut-être pas... »

Isabelle Pion, La Tribune

* La Tribune (Québec).

http://www.lapresse.ca/la-tribune/a...


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