Solidarité avec le peuple du Nicaragua

lundi 6 août 2018.
 

Des dizaines de personnalités, dont certaines s’étaient mobilisées en faveur du processus révolutionnaire au Nicaragua dans les années 1980, appellent le régime actuel à cesser sa répression. Elles mettent en garde les gauches mondiales contre l’aveuglement envers un gouvernement censément progressiste, dont elles espèrent la démission avant l’organisation d’élections libres.

Texte de l’Appel :

Militants de la solidarité internationale ou citoyens attachés pour des raisons professionnelles ou familiales au Nicaragua, pour bon nombre d’entre nous engagés auprès de la révolution sandiniste de 1979 et sa défense face à la contre-révolution armée par les États-Unis, nous affirmons notre solidarité avec le peuple du Nicaragua.

Depuis l’émergence du mouvement populaire il y a trois mois et le début de la répression du gouvernement de Daniel Ortega et de Rosario Murillo, plus de trois cent personnes ont péri et le nombre de blessés est estimé à près de deux mille. La répression s’abat contre les leaders et les acteurs du mouvement populaire de la part d’un gouvernement utilisant des méthodes dont la brutalité rappelle les pires dictatures latino-américaines, groupes para-militaires lourdement armées agissant de concert avec la police, assassinats ciblés et enlèvements. Les divers rapports des organisations de défense des droits de l’homme, y compris le Haut-Commissariat pour les Droits de l’Homme (HCDH) de l’Organisation des Nations Unies (ONU), confirment l’ampleur de cette répression.

Le peuple nicaraguayen, qui a affronté durant près de quarante ans la dictature somoziste et dans les années 1980 l’impérialisme nord-américain, mérite tout notre soutien. L’indignation, la douleur et le sentiment de frustration historique sont aggravés par le fait qu’une telle aberration politique provient de dirigeants et d’un gouvernement qui se revendiquent de gauche.

En réalité, le régime de Daniel Ortega et de Rosario Murillo, se drapant derrière une phraséologie anti-impérialiste, a surtout reposé sur une alliance avec l’oligarchie nicaraguayenne, le capital international, y compris les États-Unis, et les secteurs les plus réactionnaires des églises. Il a avant tout été au service de l’ancienne oligarchie et d’une nouvelle caste liée à la famille de Daniel Ortega et à l’appareil d’état qu’elle contrôle. Il est complice de la dégradation du patrimoine écologique du pays et il est artisan du bradage de la souveraineté nationale au profit de capitaux étrangers dans le cadre du projet de canal inter océanique. Après avoir progressivement dénaturé la nature démocratique des institutions, il est désormais engagé dans une dramatique dérive.

Les forces de gauche du monde entier ne doivent pas, pour des raisons géo politiques mal comprises, rester aveugles ou se faire les complices d’une répression qu’elles dénoncent énergiquement et avec raison lorsqu’elle s’exerce notamment au Honduras voisin. Depuis quelques jours, la grève générale contre la hausse des prix des transports dans ce pays et des manifestations étudiantes ont été violemment réprimées.

Difficile de dire lequel des deux chefs d’état s’inspire de l’autre, ce qui est certain c’est que le sentiment de pouvoir agir en toute impunité est un puissant encouragement à la fuite en avant vers toujours plus d’autoritarisme et au musèlement des aspirations démocratiques des populations.

Nous condamnons les massacres organisés par le régime de Daniel Ortega et de Rosario Murillo et ses sbires et nous soutenons les revendications du mouvement populaire, l’arrêt des violences, une enquête internationale sur la répression et les crimes commis et des sanctions contre leurs responsables, la démission du gouvernement actuel et de la direction de la police, la formation d’un gouvernement de transition avec une large participation des mouvements sociaux et l’organisation d’élections libres.

Nous appelons au développement de la nécessaire solidarité internationale avec le peuple du Nicaragua.

Premiers Signataires :

Olivier Besancenot, Martine Billard, Sergio Coronado, Pierre Cours-Salies, Alain Cyroulnik, Olivier Delbeke, Claude Deleville, Robert Duguet, Didier Epsztajn, François Gèze, Charlotte Girard, Jérôme Gleizes, Jeannette Habel, Odile Hélier, Samy Johsua, Pierre Khalfa, Alain Krivine, Myriam Martin, Robi Morder, Corinne Morel Darleux, Richard Neuville, Christine Poupin, Philippe Poutou, Vincent Présumey, Jean Puyade, Michèle Riot Sarcey, George Sarda, Patrick Silberstein, Danielle Simonnet, Eric Toussaint, Charles André Udry


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