Un budget de la zone euro mort-né ? (Médiapart)

dimanche 21 avril 2019.
 

Avant même d’être lancé, le projet de budget pour la zone euro, défendu sans relâche par Emmanuel Macron depuis son élection, semble être mal parti.

À la dernière réunion de l’Eurogroupe, le ministre des finances néerlandais a averti que les Pays-Bas étaient déterminés à ne pas participer au futur budget européen, si les capitales ne disposaient pas d’un droit de veto sur les décisions de dépenses européennes.

Accorder un droit de veto aux pays membres sur le budget, c’est établir la règle de l’unanimité. Autant dire vouer le budget européen à l’impuissance. Mais n’est-ce pas ce que veulent les Pays- Bas, et encore plus l’Allemagne ? Depuis la crise de l’euro, le gouvernement de La Haye est devenu le porte-parole officieux de Berlin, lorsque l’Allemagne, en raison de son rang de première puissance européenne, ne peut exprimer tout haut ses désaccords.

Même si la chancelière allemande ne l’a jamais dit publiquement, elle a toujours été opposée à l’idée d’un budget européen : tout ce qui ressemble à une tentative de mutualisation financière au sein de la zone euro est vu comme un projet d’extorsion de fonds au détriment de Berlin. Pendant des mois, Angela Merkel, arguant de ses difficultés politiques intérieures, a laissé le projet s’enliser. Les Néerlandais ont bataillé en s’appuyant sur des membres de l’austéritaire « Ligue hanséatique », dont la Finlande, afin de limiter autant que possible la portée de ce budget. Avec succès.

En décembre, Berlin et Paris ont bien annoncé un projet de budget européen, dans la foulée de l’accord franco-allemand de Meseberg. Mais il s’agissait surtout de sauver la face du président français. Depuis, les pays de l’Eurozone ne parviennent pas à trouver d’accord sur les règles de fonctionnement, qui doivent pourtant être annoncées en juin. En montant leurs exigences, les Pays-Bas tentent de porter l’estocade finale.


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