Après les européennes, l’horizon que la France Insoumise devra incarner

dimanche 16 juin 2019.
 

Nous avons mis en ligne sur ce site plus de 30 articles sur le bilan des élections européennes et les perspectives.

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Ci-dessous le communiqué de Guilhem Serieys, membre de la Commission Permanente du Conseil Régional d’Occitanie.

Lors des récentes élections européennes, 50% des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes. Certes, la participation est plus forte qu’en 2014. Pour autant, comment considérer que notre démocratie fonctionne quand un électeur sur deux décide de ne pas voter ? Le résultat de l’élection est donc encore une fois un miroir déformant de la réalité politique du pays.

Ainsi, les deux forces arrivées en tête, RN et LREM, ne réunissent à elles deux les suffrages que de 22% des électeurs inscrits. Ce duo entre l’extrême-marché et l’extrême-droite était celui voulu par Macron lui-même qui avait désigné le RN comme son adversaire privilégié. Le RN reste en effet l’opposant de confort du système, son assurance-vie, celui qui assure que rien ne change. Alors que cette élection pouvait être l’occasion de mettre un coup d’arrêt à la politique de Macron, l’arrivée en tête de ce duo infernal agit à l’inverse comme un encouragement adressé à Macron, en contradiction avec les aspirations majoritaires de la population. En effet, que ce soit LREM ou le RN, tout deux s’accordent à défendre d’abord les intérêts des plus riches, refusent par exemple de rétablir l’Impôt Sur la Fortune ou d’augmenter les petits salaires.

RN et LREMP se réunissent aussi dans l’irresponsabilité écologique comme en témoigne leur refus d’interdire le glyphosate ou leur soutien inconditionnel à la production nucléaire. A l’inverse, la prise de conscience citoyenne des enjeux écologiques, les dérèglements climatiques, la disparition dramatique de la biodiversité, obligent aujourd’hui nos sociétés aux changements rationnels proposés par le programme l’Avenir en Commun porté par la France Insoumise. La démission de Nicolas Hulot du gouvernement l’avait rappelé clairement : les exigences climatiques et écologiques sont incompatibles avec le libéralisme économique et les règles budgétaires des Traités européens. C’est pourquoi il est probable que l’élection de députés européens EELV, partisans des Traités européens qui interdisent le protectionnisme écologique et solidaire, qui imposent la règle d’or mortifère des 3%, ne sera pas à la hauteur de l’urgence écologique.

La liste France Insoumise menée par Manon Aubry a rassemblé 7,2% en Aveyron et 6,3% dans le pays. Que tous ceux qui y ont contribué en soient remerciés. La France Insoumise passe de 2 députés européens à 6 députés qui seront 6 combattants comme le sont nos 17 élus à l’assemblée nationale. Mais ce résultat est clairement une déception qui ne traduit pas les espérances et l’engagement militant du mouvement. Ce résultat s’explique d’abord par l’abstention. Les études sorties des urnes montrent que près de 60% des électeurs de Jean-Luc Mélenchon de la présidentielle ne se sont pas rendus aux urnes pour les élections européennes. La participation des jeunes ou encore des ouvriers n’a également été que de 60% alors que ces catégories sont celles qui partagent le plus les orientations insoumises. Notre insuffisance à susciter la mobilisation des électeurs nous interroge. La discussion et les nombreuses contributions sont naturelles. Elles sont d’autant plus utiles quand elles ne proposent pas de tourner la page des thèmes fédérateurs et fondateurs de la France insoumise qui ont rassemblé plus de 7 millions d’électeurs à l élection présidentielle.

Pour nous, une élection n’est pas une course de petits chevaux mais un moment dans la construction de l’action et de l’esprit public pour la révolution citoyenne. Notre boussole n’est donc pas celle des partis décrédibilisés et retranchés dans des affirmations identitaires à l’intérieur du vieux régime usé de la 5ème République. La France Insoumise et le programme l’Avenir en Commun doivent d’abord être des outils au service de l implication citoyenne et notamment du retour dans le jeu des désemparés, dégoûtés de la vie politique et de tous ceux qui représentent la véritable majorité sociale du pays et veulent prendre en main leur avenir collectif. Des points d’appui existent : on les perçoit à travers le mouvement des gilets jaunes qui « veulent du soleil », celui des profs ou des personnels hospitaliers qui défendent le service public, ou dans la jeunesse qui marche pour le climat. L’intérêt général humain est une vision du monde de plus en plus partagée. Le pouvoir au peuple est le chemin de sa mise en œuvre, notamment par l’implication citoyenne locale, les Référendums d’Initiative Citoyenne, le contrôle éthique des élus et la perspective de l’Assemblée constituante pour la 6ème République. C’est l’horizon que la France Insoumise devra incarner dans les prochains mois.

Guilhem Serieys, conseiller régional insoumis


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