Pékin accentue la menace d’une intervention à Hong Kong, après une nouvelle journée de chaos

lundi 19 août 2019.
 

De nouveaux heurts violents ont éclaté mardi 13 août à l’aéroport de Hong Kong entre la police et les manifestants prodémocratie. Dans le même temps, Pékin a diffusé par l’intermédiaire de ses médias officiels plusieurs vidéos montrant des forces chinoises se massant à la frontière de la région semi-autonome.

Malgré les mises en garde de l’exécutif hongkongais et de Pékin, le mouvement prodémocratie ne faiblit pas à Hong Kong. L’aéroport a connu mardi une deuxième journée d’affrontements entre les manifestants prodémocratie et la police, qui a fait usage de gaz-poivre, rapporte le Hong Kong Free Press. Mercredi matin, après l’intervention des forces de l’ordre, les terminaux avaient retrouvé une activité normale, mais la ville restait, elle, sous tension.

Parmi les manifestants, “la peur des infiltrés est partout” note Jonathan Head, le correspondant de la BBC sur place. Mardi soir, “des personnes soupçonnées d’être des fonctionnaires hongkongais en civil ont été assaillies et parfois frappées par les manifestants. Lorsque la police a tenté de les escorter vers la sortie, la situation a tourné à la confrontation furieuse” explique-t-il. “Les activistes sont sur les nerfs car ils savent que la Chine a promis de les punir” estime le journaliste.

“Certains manifestants ont déjà rédigé leur testament”

Tandis que le chaos se répandait une nouvelle fois dans l’aéroport de Hong Kong mardi, Pékin a réitéré la menace d’une intervention. Le gouvernement chinois a diffusé par l’intermédiaire de ses médias officiels des vidéos montrant des forces se massant à la frontière de la région semi-autonome. Selon le South China Morning Post, qui a interrogé plusieurs experts, il est à l’heure actuelle “peu probable que Pékin décide d’intervenir à Hong Kong”. Li Lifan, professeur à l’Académie des sciences sociales de Shanghai explique qu’ “il existe certaines barrières légales qui empêcheront Pékin d’agir directement”. Le chercheur rappelle toutefois que la police hongkongaise peut, elle, demander l’aide du gouvernement chinois, si elle estime ne plus être en mesure de contrôler la situation.

Or le mouvement prodémocratie n’a cessé de se renforcer depuis le début de la crise. Les manifestants “sont prêts à sacrifier leurs jeunes vies pour défendre la ville. Certains ont déjà rédigé leur testament”, a expliqué le militant prodémocratie Martin Lee à la radio publique américaine NPR.

“La cause de Hong Kong devrait être celle du monde libre”

Donald Trump est intervenu mardi dans la crise en confirmant, sur la foi d’informations des services de renseignement américains, que l’armée chinoise se déployait “à la frontière avec Hong Kong”. Le président américain n’a toutefois pas adressé d’avertissement explicite aux autorités chinoises, note le New York Times.

Aux États-Unis, l’attitude ambiguë de Donald Trump sur la crise hongkongaise suscite un certain malaise. “La cause de Hong Kong devrait être celle du monde libre. C’est pourquoi le fait que M. Trump ait échoué à condamner la répression chinoise est incompréhensible” s’indigne notamment le comité de rédaction du Wall Street Journal. “Une invasion de Hong Kong violerait le traité que la Chine a conclu avec le Royaume-Uni et empoisonnerait les relations sino-américaines pendant des mois, voire des années” soulignent les journalistes.

À la Maison-Blanche, les conseillers de Trump suivent toutefois de très près les événements de Hong Kong et s’inquiètent de voir la situation dégénérer, note Politico. “On n’est pas loin” d’un nouveau “Tian’anmen”, a estimé un responsable de l’administration Trump qui s’est confié au site d’information américain.

Noémie Taylor-Rosner


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