La semaine du grand bras de fer

jeudi 5 décembre 2019.
 

Cette semaine est celle d’une confrontation majeure dans la société française. Ça va tanguer ! Le régime a évolué vers un point de non retour politique qu’il met à l’épreuve dans sa bataille contre le régime de retraites. Il s’est définitivement calé sur une ligne d’affrontement systématique.

Quel que soit le sujet, toute question passe désormais en France par un bras de fer. Il est vrai que cette situation a le mérite de la clarté. Car la destruction du régime de retraites par répartition et l’installation du régime par points mettrait un point final à tout un monde de références et de manières de vivre. Ceux d’une société qui met au centre de ses valeurs la solidarité, même si elle n’est pas souvent fidèle à ses promesses.

Depuis le début du mandat, la macronie mène une révolution libérale dans tous les secteurs. C’est la société de l’individu, où chacun est totalement responsable de son sort, où l’État s’évapore, où le service public est saboté avant d’être supprimé. Avec l’inversion du principe de faveur dans le code du travail, puis avec la loi fonction publique, entre autres, on avait pu constater l’acharnement méthodique à l’œuvre pour changer de fond en comble les fondamentaux de la société française. Tant d’années après Thatcher et Blair, nous avons la copie en version sous- titrée d’un mauvais film désormais honni par les peuples de la terre entière.

L’addition de lois sécuritaires et la nomination de deux personnalités comme Belloubet et Castaner vouées à la fuite en avant sécuritaire complètent le dispositif. Advienne que pourra, donc. C’est un test dont tout le déroulement aura du sens. En toute hypothèse, le régime ne peut marquer tous les points. Il est évident qu’il prend en main fortement et ostensiblement le drapeau de la droite libérale dure. Les conséquences de cette orientation poussent tout le reste du champ politique dans une direction qui augmente l’étendue de la résistance. Le choix de l’extrême droite Lepeniste d’appeler au mouvement qui commence le 5 décembre joue le même rôle que l’appel de certains secteurs de la CFDT à agir. On sait très bien que cela ne correspond à aucune conviction profonde et qu’à la première occasion les mêmes se retireront avec l’espoir de passer pour des prescripteurs incontournables. Nous avons déjà assisté à ce même numéro de la part de Le Pen lors de la séquence Gilets jaunes. Mais dans le moment, cela affaiblit le camp macroniste en augmentant la force d’évidence et de légitimité de l’insurrection. Les gens écoutent davantage ce qu’on leur explique, ils prennent les tracts, il cherchent des arguments que naturellement Le Pen ne leur donne pas.

Partout nos amis témoignent que tout ce que nous distribuons est pris et ramené dans le panier des courses ou dans la poche, signe qu’on a l’intention d’étudier le sujet de près, à la maison. Le tableau va s’éclaircir progressivement. Beaucoup n’ont pas compris que la grève est reconductible dans de nombreux secteurs et surtout dans tous les réseaux comme le train, l’avion ou l’électricité qui sont la condition du travail de nos jours. D’autre part, il y aura plusieurs corporations de plus dans la lutte la semaine suivante. L’impact du mouvement va donc prendre une forme très étendue et sensible.

On connaît d’avance le registre des médias. Le premier jour : « le mouvement est moins dense que prévu ». Le deuxième jour : « le mouvement s’essouffle » clairement . Le troisième jour : « la violence repousse les Français ». Ce seront donc à nouveau des millions de gens écœurés de voir leur dévouement minoré puis dénigré. La crise morale à l’égard du système qui rend possible ce type de situation s’approfondira d’autant. Pour finir, il est possible que les puissants de la terre qui gouvernent notre pays « derrière le rideau », les neufs milliardaires qui contrôlent de plus 90 % des médias, se disent qu’à force de tendre l’élastique il risque de craquer. Il est certain que le rapport de force sera sérieusement évalué par ceux qui n’ont pas intérêt à ce que toute la plaine prenne feu. Le spectacle du monde et les succès remportés par les révolutions citoyennes un peu partout devraient les faire réfléchir. Il est temps pour eux de baisser le son du clairon.

De notre côté, nous ne devons nous interdire aucune ambition, aucun objectif décisif. Le but : que Macron retire son projet. Tous les insoumis, garçons et filles, sont appelés sur le pont, à leur poste de combat : avec le syndicat, dans l’entreprise, la cage d’escalier et pour finir dans la rue. Multipliez les audaces et les actes de résistance pacifiques humoristiques qui ridiculisent et démoralisent l’adversaire. Ils entrainent le plus grand nombre à entrer dans l’action à son tour. Chaque jour, les porte-paroles nationaux insoumis s’exprimeront au plan national pour propager la critique du système spoliateur du système de retraites à points. Quoi qu’il arrive, tout cela c’est autant de coups de scie sur les pieds du trône ! Autant de raisons qui rendront claire la nécessité de mettre notre programme au pouvoir pour abroger toutes ces mauvaises lois du régime.

Pour ma part, je serai a Marseille pendant l’action pour la partager avec mes mandants. J’y suis dès le 5 car la CGT appelle à un superbe 5 à 7 et donc le samedi on sera encore dans la rue sur le Vieux-Port. Je préfère être sur place avant le démarrage de la grève car, bien sûr, plus rien ne roulera ni ne volera a partir de là. Et le 5 à 7 auquel j’appelle ayant lieu dans ma circonscription, je sais que c’est ma place.


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