Lanceur d’alertes : Assange mérite qu’on lui offre l’asile

dimanche 8 mars 2020.
 

En 2010, il était le héros des temps modernes, révélant au monde les pratiques d’espionnage des principaux dirigeants européens par les États-Unis, les crimes de guerre de l’armée américaine en Irak ou encore les conditions de détention dans la prison de Guantanamo.

Dix ans plus tard, Julian Assange a passé les sept dernières années de sa vie enfermé, d’abord cloîtré à l’ambassade d’Équateur au Royaume-Uni, puis dans une prison en Angleterre. Il risque maintenant 175 ans de prison si la demande d’extradition formulée par les États-Unis, qui fait l’objet d’un procès, aboutit.

Quels sont les chefs d’inculpation que lui opposent les États-Unis ? Le piratage et l’espionnage. Ironie de l’histoire, alors que ce sont ces pratiques qu’il a pu dénoncer avec Wikileaks. Pire, Julian Assange a lui-même été espionné par les services américains lorsqu’il était réfugié à l’ambassade d’Équateur. Mais les services américains eux, n’ont pas été inquiétés par la justice de leur pays suite aux révélations d’Assange. Comme le dit la fable, « selon que vous êtes puissant ou misérable, les jugements de la cour vous rendront blanc ou noir ».

S’il est extradé, alors cela signifierait que la liberté de la presse peut être bafouée au point de lui préférer l’allégeance à l’impérialisme des États-Unis. Si cela se passe ainsi, les pays européens, notamment la France, cautionneraient la chasse aux lanceurs d’alerte de l’administration Trump.

C’est d’ailleurs tout le sens de la défense de Julian Assange, que de prouver que les accusations qui sont à l’origine de sa demande d’extradition sont plus politiques que juridiques. Que dire des conditions mêmes de son procès en extradition actuellement mené au Royaume-Uni ? Assange n’a pas la possibilité d’échanger en toute confidentialité avec ses avocats, il est maintenu derrière une vitre, comme un dangereux criminel et sa santé est fortement atteinte par ses conditions de détention.

C’est le traitement inverse qui devrait lui être réservé. Sa bataille pour faire connaître la réalité des pratiques barbares des États-Unis, contraires aux traités internationaux qu’ils ont signés, mérite qu’il soit reconnu et protégé. La possibilité même de révéler en tout sécurité, des pratiques répréhensibles devrait être plus importante que tout intérêt national. Et pour la France, ses révélations ont permis de découvrir que « l’allié américain » mettait ses dirigeants sur écoute.

Elle devrait lui offrir l’asile.

Claire Mazin


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