Arabie Saoudite  : il faut libérer Loujain al Hathloul sans condition

mardi 1er décembre 2020.
 

Un nouveau coup dur pour Loujain al-Hathloul, défenseure des droits humains de 31 ans. Le 25 novembre, le juge a demandé que le cas de Loujain soit transféré devant le Tribunal pénal spécial.

Le bilan de l’Arabie saoudite en matière de droits humains a été mis sous le feu des projecteurs lors du G20, présidé par le royaume cette année. L’audience de Loujain s’est déroulée seulement 3 jours après la clôture de celui-ci. La famille de Loujain n’en a été informée que la veille, ce qui lui a laissé très peu de tempspour préparer sa défense. Les autorités saoudiennes auraient pu décider de mettre fin au cauchemar de cette courageuse défenseure des droits humains, qui croupit derrière les barreaux depuis plus de deux ans. Au lieu de cela, ils ont transféré son dossier devant le Tribunal pénal spécial.

Ce tribunal est utilisé par les autorités saoudiennes pour réduire systématiquement l’opposition au silence : des procès qui manquent cruellement d’équité y ont lieu et des lourdes peines allant jusqu’à la peine de mort y sont souvent promulguées.

Persécutée pour des revendications légitimes

Loujain al Hathloul n’est pas une criminelle. C’est une défenseure des droits humains sanctionnée uniquement pour avoir osé prôner le changement dans son pays. Elle aspirait simplement à un avenir meilleur pour les femmes saoudiennes. Le 30 novembre 2014, elle a tenté d’entrer au volant de sa voiture en Arabie saoudite depuis les Émirats arabes unis. Une tentative filmée puis postée sur YouTube, qui a fait des centaines de milliers de vues. Figure emblématique de la lutte contre l’interdiction faite aux femmes de conduire, elle est qualifiée de « traître » dans son pays.

Loujain al Hathloul a mené une grève de la faim de 2 semaines début novembre pour protester contre le refus des autorités de la laisser communiquer régulièrement avec sa famille. Elle est privée de la possibilité de consulter un avocat et n’a été prévenue de la date de l’audience que la veille, ce qui ne lui a guère laissé le temps de préparer correctement une défense.

Un procès en huit-clos

Selon les membres de la famille qui étaient présents dans la salle d’audience, Loujain tremblait et parlait à voix basse pendant la session, alors qu’elle lisait sa défense de quatre pages. Des diplomates de Belgique, Pays-Bas, Danemark, Grande Bretagne, États-Unis, Norvège, Suisse et du Canada se sont vus refuser l’entrée du tribunal sous le prétexte de la réglementation Covid-19. L’absence de la France dans cette délégation, dont la présence aurait envoyé un signal politique fort, est à déplorer.

Nous demandons une nouvelle fois la libération immédiate et inconditionnelle de Loujain al Hathloul et l’abandon de toutes les accusations retenues contre elle. Nous demandons également aux autorités saoudiennes de veiller à ce qu’elle soit autorisée à être traitée par un médecin de son choix et qu’elle ait un accès approprié à son avocat et à sa famille.


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