Attac soutient la mobilisation contre les procédures entamées par UGC à l’encontre de cinémas subventionnés

jeudi 1er novembre 2007.
 

Attac apporte son soutien au cinéma municipal Le Méliès de Montreuil (93), ville où se situe le siège de l’association, attaqué devant le tribunal administratif par deux grands réseaux d’exploitation cinématographique, et appelle plus largement à participer aux mobilisations pour la défense des salles de cinéma indépendantes

Les groupes UGC et MK2, qui à eux deux exploitent l’un des deux plus grands réseaux de salles de cinéma de France et près de la moitié des écrans parisiens, veulent interdire au cinéma Le Méliès de Montreuil une extension prévue de longue date. Ce cinéma d’art et d’essai, subventionné par la municipalité, a obtenu cette année de la Commission départementale d’équipement cinématographique (CDEC) l’autorisation de se développer en passant de trois à six salles. L’avis unanime de la CDEC prend en compte le succès populaire du Méliès, dont les séances affichent souvent complet, et la qualité exceptionnelle de sa programmation : films en V.O., organisation de festivals et de rétrospectives, partenariats avec de grandes institutions (comme le Collège international de philosophie) et avec les associations locales, séances jeune public, rencontres avec des réalisateurs... Le Méliès mène une politique d’accès de tous au meilleur de l’art cinématographique : grâce au financement public, une place de cinéma coûte moins de 5 euros.

C’est cela qu’UGC et MK2 attaquent au double motif de "tarifs anticoncurrentiels"et d’ "abus de position dominante" ! Position dominante, quand l’UGC Ciné-cité situé dans la commune voisine de Rosny-sous-bois est le troisième multiplexe de France avec 2 300 000 entrées par an, contre 200 000 au Méliès ? Où se situe la concurrence entre cette usine de la projection qui ne passe que des films fabriqués pour le succès d’une saison en V.F., et la salle distinguée par le CNC, qui lui accorde les deux labels de "recherche et découverte" et de "répertoire et patrimoine" ?

Pour les dirigeants de ces groupes, une politique culturelle ne doit pas exister. Que les pouvoirs publics soutiennent un cinéma, un type de programmation, des tarifs populaires, est inacceptable. C’est donc à un élément de la démocratie qu’ils s’en prennent : le droit des citoyens à disposer des équipements culturels de leur choix et à les financer par l’impôt. La différence de programmation des deux cinémas est à elle seule une illustration des effets de la concurrence : si on la laissait jouer, le Méliès devrait soit fermer, soit aligner ses ambitions sur celles d’UGC. La concurrence est une machine à broyer la diversité culturelle.

Soixante-dix réalisateurs du monde entier, dont plusieurs palmes d’or, ont déjà exprimé leur soutien au Méliès. Des milliers de Montreuillois ont signé la pétition qui circule en ville pour le défendre. Invité en juin dernier à Montreuil, le cinéaste taiwanais Tsai Ming-Liang disait au public venu le rencontrer : "S’il n’existait plus de salles comme les vôtres, nous ne pourrions tout simplement plus faire de films." Cette bataille est exemplaire de celles que les citoyens doivent mener pour se réapproprier l’avenir de notre monde. Elle n’est pas isolée : UGC a également entamé d’autres procédures contre des salles subventionnées dans d’autres communes de France, pour les mêmes motifs. Si les juges se laissent gagner par la pensée unique, c’est l’existence même de l’art du cinéma, par excellence l’art populaire des XX et XXIe siècles, qui sera menacée.

Attac réaffirme la nécessité de protéger la création contre le régime de la concurrence, le caractère vital de la diversité culturelle et le besoin d’institutions publiques et de financement par des fonds publics pour garantir l’accès de tous à la culture.

Attac France,


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