Fabien Roussel appelle à « envahir » les préfectures : quelle mouche l’a piqué ?

dimanche 24 septembre 2023.
 

Fabien Roussel, leader du Parti Communiste Français (PCF), appelle à « envahir » les préfectures, les supermarchés et les stations essence. Vous avez bien lu. Ce n’est pas une information sortie tout droit du Gorafi. Après s’être d’abord exprimé dans L’Humanité, Fabien Roussel persiste et signe ce 14 septembre 2023, interrogé pendant la matinale de France Info : « Nous appelons à être mobilisés. Nous appelons à envahir les stations essence, les grandes surfaces, les préfectures, parce que l’État est responsable ! ».

Mais quelle mouche a piqué l’ex-candidat communiste à l’élection présidentielle, partisan de l’ordre et membre de l’opposition chouchouté par le gouvernement et le reste de la droite ? A-t-il un jumeau caché, qui fait aujourd’hui surface ? Où est passé le Fabien Roussel, partisan de l’ordre, lui qui se « désolidarisait complètement » de l’appel à la justice de Jean-Luc Mélenchon et des insoumis après le meurtre du jeune Nahel par un policier ?

Ses nouvelles déclarations signifient-elles que Fabien Roussel va prendre la tête d’un cortège de black bloc lors de la marche du 23 septembre ? Le même a refusé d’appeler à cette marche pour la justice sociale et contre les violences policières à l’appel d’un collectif de plus de 100 organisations, associations et syndicats. Va-t-il finalement faire front commun avec les jeunes des quartiers, ceux qu’il qualifiait de « franges radicalisées des quartiers périphériques » en juin dernier ?

Conseils en barbecue, recette de hareng, « France des allocs », son amitié avec Darmanin, et désormais un appel à l’émeute…. La profonde pensée politique de Fabien Roussel est décidément dure à suivre, tant le bouillonnement d’idées et leur fantastique cohérence surprennent jour après jour. Que fera-t-il demain ? Deviendra-t-il communiste ? Notre article.

Appel à « envahir » des préfectures : sur France Info, l’interview lunaire de Fabien Roussel Il faut « envahir les préfectures, les supermarchés et les stations essences ! ». Qui a dit ça ? Fabien Roussel, ce matin. Interrogé au micro de France Info ce matin, la journaliste interroge le secrétaire général du PCF suite à sa déclaration dans l’Humanité la veille : « Appelez-vous à la révolte » ? Pour une fois, la question n’était pas posée à Jean-Luc Mélenchon. Roussel répond sans détours et avec l’immense ferveur révolutionnaire qui l’a toujours habitée : « D’abord, je voudrais souhaiter un bon anniversaire à ma grand-mère ». Il poursuit et confirme son appel à « envahir » les préfectures. Il ajoute même à la liste les supermarchés et les stations essences. Surprenant. Fabien Roussel aurait-il perdu la boule ?

Rappelez-vous, un autre Fabien n’avait pas mâché ses mots lors des révoltes urbaines. Pendant que Jean-Luc Mélenchon et les insoumis appelaient à bâtir le calme, lui clamait partout : « Notre société a besoin d’ordre ». Ordre, ordre, ordre disait-il ! Lui qui se « désolidarisait complètement » de l’appel à la justice des insoumis, appelle désormais à la violence. Envahir les préfectures, rien que ça. Est-il au courant que cette provocation directe à la rébellion est punie de deux mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende ?

Pour aller plus loin : Meurtre de Nahel : pas de discours, des actes, justice

Ses nouvelles déclarations signifient-elles que Fabien Roussel va prendre la tête d’un cortège de black bloc lors de la marche du 23 septembre ?

Le même a refusé d’appeler à cette marche pour la justice sociale et contre les violences policières à l’appel d’un collectif de plus de 100 organisations, associations et syndicats. Va t-il finalement faire front commun avec les jeunes des quartiers, les « franges radicalisées des quartiers périphériques » ?

Son appel à prendre les préfectures et les stations essences a pris de court tout le monde, y compris les dirigeants de son propre parti qu’il n’a pas consultés. Sa déclaration exacte est « Nous appelons à envahir les stations-essence, les grandes surfaces, les préfectures ». Mais qui est donc ce « nous » ?

D’après nos sources, Fabien Roussel n’a rien demandé à personne, pas même l’avis de ses amis du bureau politique du parti communiste. En janvier 2022, sur un plateau médiatique, l’ami de Darmanin s’était pourtant lancée dans une logorrhée sur le fonctionnement du PCF : « la démocratie, on y tient beaucoup », pour finalement justifier et conclure : « J’espère qu’il n’y aura pas de parrainage qui iront soutenir d’autres candidats parce que ce serait aller soutenir un adversaire ».

Sans doute que ses nouvelles déclarations sont le fruit d’une longue et intense réflexion. Cet été déjà, il publiait une vidéo pour apprendre au plus grand nombre à cuisiner une salade de hareng. Aujourd’hui, il appelle à prendre les sous-préfectures. Que fera-t-il demain ? Deviendra-t-il communiste ?

Roussel veut envahir les préfectures : Darmanin va-t-il lui retirer sa carte d’adhérent de l’arc républicain ? Après un tel revirement de ligne politique, verra-t-on bientôt Closer titrer : « Roussel va t-il se fâcher avec son ami Darmanin ? ». Que va devenir l’amitié des deux hommes maintenant que Roussel appelle à l’émeute contre les préfectures ? Pour le moment, c’est quasi-silence radio sur le front médiatique. Peut-être parce que Roussel est un peu le héros principal de l’histoire, « l’enfant qui criait au loup ». À force de dire stupidités sur stupidités, plus personne ne fait vraiment attention à ses propos. À l’inverse, quand Jean-Luc Mélenchon appelle à la simple « justice » pendant les révoltes (et non à prendre les préfectures), le rouleau compresseur de l’arc réactionnaire réagit en un quart de seconde.

Le secrétaire général du PCF n’en est pas à sa première vrille. En avril 2023, il n’excluait pas de participer à un gouvernement sous l’égide de Darmanin « Je lui reconnais cette capacité à écouter les habitants populaires ». Il ne tarissait pas d’éloges et de mots doux sur ce dernier : « il sait entendre la colère, la difficulté d’un ouvrier, il est comme moi » Le même Fabien Roussel, ou son double, n’excluait pas quelques mois auparavant de participer à un Gouvernement Darmanin. Les deux amis vont-ils envahir une sous-préfecture ensemble ?

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Une question se pose aussi : combien de préfectures et de stations essences pourrait « envahir » Fabien Roussel avec ses 2% à l’élection présidentielle de 2022 ? Rappelons-le : s’il s’était retiré, il n’aurait pas eu à appeler « envahir » des préfectures puisque les prix auraient été bloqués et la Sixième République instaurée. Mais Fabien Roussel a préféré jouer au cavalier solitaire, comme il le fait aujourd’hui.

Le trublion a même été récompensé à ce titre. Le jury Trombinoscope l’a sacré le 16 février 2023, révélation politique de l’année. Il faut dire que le candidat communiste a largement contribué à empêcher Jean-Luc Mélenchon d’arriver au second tour de l’élection présidentielle 2022. Une récompense s’imposait. Il a ainsi permis à tous les milliardaires de ce pays de dormir confortablement sur leurs deux oreilles entre les deux tours du scrutin. Fini la crainte d’une taxe à 100% sur les héritages supérieurs à 12 millions d’euros.

Fini la crainte des 14 tranches d’impôts sur le revenu pour soulager les classes moyennes et faire payer leur part aux ultra-riches. Fini la crainte d’un impôt universel qui empêcherait les milliardaires de s’exiler pour payer moins d’impôts. Bloquer une telle redistribution en faveur du peuple, cela méritait bien d’être récompensé la part de la bourgeoisie. Pour cette raison, Roussel était jusqu’à aujourd’hui, le politicien « de gauche » préféré de toute la droite. En plus des appels à l’ordre, il avait aussi relancé la grande chasse aux pauvres en septembre 2022.

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Le jour de son intronisation comme « révélation politique de l’année », la nouvelle coqueluche des élites financières partageait d’ailleurs l’estrade avec rien de moins que Gabriel Attal, Aurore Bergé et Elisabeth Borne. Un beau casting. Aucun des trois n’a encore réagi publiquement aux incantations fantasques de leur camarade de podium. À suivre donc. Mais celui dont tout le monde guette maintenant la réaction, c’est Gérald Darmanin.

Silence radio de Macron et Darmanin quand Roussel appelle à envahir des bâtiments publics En écrivant ces lignes, nous constatons que Fabien Roussel est à la 2ᵉ place des « Tendances » sur Twitter. Rien de plus normal au vu de toute la symbolique de ses propos. L’information fait-elle malgré tout le tour des plateaux ? Pas vraiment.

Du côté du gouvernement, la réaction est minimale. En déplacement en Corse, Darmanin découvre avec stupeur les propos de Fabien Roussel. Pour rappel, les deux ne cachent pas leur amitié. L’embarras est total. Furieux, sa colère restera néanmoins cloîtrée en coulisses, selon France Info. Sonia Backès, secrétaire d’État rattachée au ministère de l’Intérieur, se voit obligée d’expliquer que Fabien Roussel est revenu sur ses propos « irresponsables ». À part souligner qu’il tient à mener des actions pacifiques, l’ex-candidat à l’élection présidentielle persiste et signe. Il n’est pas revenu sur ce qu’il a dit.

L’embarras se sent également du côté députés du camp présidentiel, face au comportement d’un membre de l’opposition apprécié dans ses rangs. « C’est le seul mec de gauche qui plaît à notre électorat », « difficile d’affaiblir celui qui divise la NUPES », témoigne des conseillers parlementaires anonymement auprès de France Info. En résumé, Fabien Roussel ne va subir les foudres de la minorité présidentielle puisqu’il est apprécié en son sein, aussi bien pour certains de ses positions politiques, que pour sa capacité à tirer à boulets rouges sur la NUPES.

Imaginez si Jean-Luc Mélenchon avez prononcé une telle phrase ? Si Manuel Bompard ou Mathilde Panot ou tout autre parlementaire insoumis appelaient à « envahir » des supermarchés et des bâtiments publics ? Comme un seul homme, les membres de l’arc réactionnaire, épaulés par les éditorialistes de plateaux, auraient dénoncé un « appel à la violence », pire « à la sédition », vilipendé des insoumis en les qualifiant d’« ennemis de la République ». Plus largement, une autre question mérite d’être posée : Fabien Roussel est-il pris au sérieux lorsqu’il présente une initiative violente comme celle-ci ?

Une autre question aussi : si l’ex-candidat à l’élection présidentielle est passé de l’appel à « l’ordre » pendant les révoltes urbaines à l’émeute ce mois-ci, va-t-il revenir sur ses déclarations contre la « France des allocs » de septembre 2022 ? Assiste-t-on à l’éclosion d’un nouveau Roussel ou simplement une durite de plus qui éclate dans le cerveau du secrétaire général du PCF ?

Par le comité de rédaction

Mélenchon isole Roussel qui appelle à "envahir les préfectures"

https://www.marianne.net/politique/...

Ce 14 septembre, sur France Info, Fabien Roussel (PCF) a appelé à se rassembler devant les préfectures, voire à les « envahir », pour manifester contre la vie chère et à l’action du gouvernement qui « ne marche pas ». Une saillie qui n’a pas manqué de faire réagir sur les réseaux sociaux, non sans ironie, Jean-Luc Mélenchon (LFI), régulièrement accusé de « ne pas condamner les violences » des mouvements sociaux. Une bonne leçon. C’est ce que Jean-Luc Mélenchon semble avoir voulu donner au patron des communistes, Fabien Roussel. Ce dernier a appelé à « envahir », entre autres, les « préfectures » pour protester contre la vie chère ce jeudi 14 septembre sur France Info, au lendemain d’un entretien accordé à L’Humanité où il évoquait déjà cette idée. Et il en a été fermement tancé par le triple candidat à la présidentielle en un seul tweet pour le moins offensif, publié dans la foulée. « Fabien Roussel appelle à envahir les préfectures », a-t-il d’abord relevé froidement. Un tacle qui est l’occasion pour Jean-Luc Mélenchon de tenter de marginaliser son adversaire à gauche, et ce, au sein même de sa famille politique. « Cette initiative violente est purement personnelle, tranche l’insoumis. Elle n’a été discutée nulle part, pas même au PCF. Je crois donc qu’il ne serait pas raisonnable de s’y associer compte tenu de la violence qu’elle supposerait dans cette impréparation totale. »


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