L’alimentation nourrit le cancer : une constatation générale

dimanche 7 janvier 2024.
 

Les liens entre apport calorique et cancer sont connus pour plusieurs animaux dont l’humain, mais leur généralisation à tous les organismes multicellulaires reste mal connue. Une étude menée chez les hydres et les poissons zèbres, entre la France, le Canada, la Hongrie et l’Australie, et publiée dans Scientific Reports, a montré qu’une restriction alimentaire prévenait ou ralentissait le développement des cancers par rapport à des régimes riches. Ainsi, l’impact de la disponibilité en ressources ne réside pas sur le nombre de cellules devenant mutantes mais plutôt sur la favorisation de leur prolifération une fois apparues.

Les régimes riches en calories sont reconnus pour entraîner de nombreux problèmes de santé, dont le cancer. Cependant, il n’est pas clair si le lien entre le régime alimentaire et le cancer est généralisé et s’applique à tous les organismes multicellulaires. L’étude des effets du régime alimentaire sur l’émergence et la progression des tumeurs chez une diversité d’organismes est cruciale pour identifier des schémas et des mécanismes conservés au cours de l’évolution, pouvant ainsi contribuer à la découverte de thérapies et de remèdes contre le cancer.

Dans cette recherche, nous avons utilisé deux modèles animaux très éloignés pour examiner l’impact de la disponibilité alimentaire sur l’émergence et la progression des tumeurs : l’hydre Hydra oligactis (un petit invertébré d’eau douce appartenant à une branche précoce de l’arbre animal) et le poisson zèbre (Danio rerio). Des individus issus de lignées saines et de lignées prédisposées aux tumeurs ont été soumis à quatre régimes alimentaires différents, variant en termes de fréquence et de quantité (riche tous les jours, riche une fois par semaine, pauvre tous les jours, pauvre une fois par semaine).

Dans les deux modèles animaux, l’implémentation d’une restriction alimentaire au stade précoce de la tumorigenèse a eu un effet préventif sur l’apparition des tumeurs. En d’autres termes, cela a conduit à une réduction du nombre d’individus porteurs de tumeurs par rapport à une situation de suralimentation. Cependant, lorsque les tumeurs étaient plus avancées, la restriction alimentaire ne les éliminait pas. Elle ralentissait cependant leur progression. À l’inverse, la suralimentation favorisait à la fois l’émergence et la croissance des tumeurs, entraînant une augmentation du nombre d’individus porteurs de tumeurs et des tumeurs de taille plus importante.

D’un point de vue évolutif, ces résultats suggèrent que le problème central réside moins dans la présence de cellules mutantes (un processus normal et régulier) que dans la disponibilité de ressources permettant leur prolifération continue. Par ailleurs, les variations de la disponibilité alimentaire, telles que celles observées dans le milieu naturel, pourraient fonctionner comme un mécanisme de purge contre les cellules précancéreuses qui ont tendance à apparaître spontanément et fréquemment dans le corps de l’hôte.

Par conséquent, l’augmentation soudaine de la disponibilité alimentaire dans les sociétés modernes, en particulier en termes de fréquence et de quantité, pourrait potentiellement contourner ce mécanisme anticancéreux évolutivement conservé, résultant en une augmentation du risque de cancer.


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