« Face à la normalisation des idées de l’extrême droite, jeunesses, levez-vous ! » (TRIBUNE d’Olivier Faure, PS)

lundi 8 janvier 2024.
 

Depuis deux jours, un homme enchaîne les plateaux média, déclamant la phrase suivante « Je sais très bien que Marine Le Pen n’est ni raciste ni antisémite ».

Cet homme, Luc Ferry, vous ne le connaissez vraisemblablement pas.

Mais ce philosophe de plateaux, qui se fait porte-parole de l’extrême droite en la rhabillant de vertus « populaire et républicaine », est celui-là même qui a occupé les plus hautes fonctions. Il a été ministre de l’Éducation et de la Jeunesse de 2002 à 2004.

2002, cette année-là, nous avons connu pour la première fois l’extrême droite au second tour d’une élection présidentielle. Au jeu de la famille Le Pen, piochez le père, Jean-Marie. Le fondateur de ce qui se fait appeler désormais Rassemblement National a été condamné pour racisme et antisémitisme notamment pour avoir qualifié les chambres à gaz de « point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale ».

Tout cela vous apparaît peut-être lointain. Le RN new-look apparaît moins poussiéreux. Mais l’Histoire éclaire le présent. Elle rappelle l’identité de chaque parti.

« Quand on parle du passé, soit on oublie, soit on rabâche », disait Paul Ricœur. Je préfère rabâcher quand d’autres font tout pour susciter l’oubli. La mémoire est vivante, elle doit être partagée.

Ainsi, les déclarations de cet homme, comme l’hommage de Macron rendu à Pétain, ne sont pas à sous-estimer. Ce que l’on croit être des signaux faibles est en réalité la pointe avancée de basculements politiques majeurs.

Le seul bouleversement dont Emmanuel Macron soit à l’origine, c’est celui des repères politiques

Jeunesses, vous êtes et devez être des consciences politiquement élevées.

Nous vivons un moment d’inversion des valeurs. L’habileté de Marine Le Pen a été de retourner tous les symboles républicains contre la République elle-même. Son drapeau, son hymne, ses principes ou ses valeurs. Ainsi la laïcité est devenue un argument à géométrie variable destiné aux seuls musulmans, la lutte contre l’antisémitisme, le moyen de sa dédiabolisation.

L’instrumentalisation de faits divers dramatiques - qu’il est raciste d’attribuer à l’origine de leurs auteurs - son carburant.

Le reste lui est depuis 18 mois donné de surcroît par le macronisme, invention politique dont l’opportunisme est le seul cap. Le seul bouleversement dont le président soit à l’origine c’est celui des repères politiques. En inventant cet « en même temps », censé rassembler les êtres de bonne volonté, qu’ils viennent de la rive droite ou gauche, il a renvoyé l’alternative à l’extrême droite, tout en la notabilisant avec deux vice-présidents de l’Assemblée Nationale.

En cette fin d’année 2023, un nouveau cap a été franchi. C’est une majorité de fait, agrégeant les groupes Renaissance – Modem – Horizons – LR et RN qui a adopté une loi immigration consacrant une victoire idéologique de l’’extrême droite.

C’est le président de la commission des Lois de l’Assemblée lui-même qui admet que son groupe a voté un texte dont il pense qu’une cinquantaine de dispositions sont contraires à notre Constitution.

Quelles que seront les censures du Conseil Constitutionnel, Marine Le Pen et les siens pourront désormais se prévaloir du fait que ses propositions ont été avalisées politiquement par le président de la République. Même l’idée d’un référendum sur les questions migratoires a été approuvée par le chef de l’État qui en a fait proposition lors de la deuxième réunion des Rencontres de Saint-Denis avec les chefs de partis.

Venez nourrir les cortèges, comme il y a 40 ans contre le racisme et l’antisémitisme !

Tout se passe comme si les antidreyfusards, les héritiers de Vichy et de l’OAS prenaient progressivement l’ascendant sur une droite libérale à court d’idées et de projet pour se maintenir au pouvoir.

Emmanuel Macron, élu et réélu grâce au « barrage républicain », a baissé le pont-levis de la République pour y laisser entrer la préférence nationale, la restriction du droit du sol ou du regroupement familial et tourner le dos au principe d’égalité.

Emmanuel Macron court après la droite dite républicaine, celle de Luc Ferry et Éric Ciotti, qui courent eux-mêmes après l’extrême droite de Marine Le Pen.

Emmanuel Macron, élu et réélu grâce au « barrage républicain », a baissé le pont-levis de la République.

L’heure est venue de sonner le tocsin. Venez nourrir les cortèges, comme les jeunesses et leurs aînés ont pu le faire il y a 40 ans pour se lever contre le racisme et l’antisémitisme. Venez remplir les cortèges !

Nous devons maintenant nous lever pour refuser la lepénisation des esprits et des actes. Je vous donne rendez-vous dans les mobilisations du mois de janvier pour battre le pavé contre le projet de loi immigration.

À vous, jeunesses de rappeler et réveiller l’idéal républicain, égalitaire et fraternel.

En 2027, il sera trop tard.


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