LES LIMITES DE L’HISTOIRE POUR LES NULS ! (Robert Mascarell)

Ni LFI, ni Mélenchon n’ont de stratégie palestinienne, ni même israélienne. Ils ne font qu’analyser les événements qui se passent dans cette zone géographique. Pour qu’il y ait stratégie de leur part, il faudrait qu’ils en soient à l’origine. Tu m’accorderas que ce n’est point le cas. Ton titre n’a donc aucun sens, sauf pour satisfaire ton désir et, peut-être, celui de certains de tes lecteurs, de créer de fausses polémiques.

Bien avant que n’existe LFI, la position traditionnelle de la gauche anticapitaliste a toujours été de rappeler les textes de l’ONU et d’appeler les protagonistes à leur respect. L’action de LFI s’inscrit dans cette continuité. Il n’y a donc aucune ambiguïté de sa part. Il y a par contre amnésie de ta part à oublier ces textes. Mais il est vrai que la gauche sociale-démocrate et, pire, la gauche sociale-libérale ont toujours soutenu toutes les formes de colonialismes. J’ai encore en souvenir leur soutien et, même leur participation active à toutes les guerres de la France contre les peuples de l’Indochine et d’Algérie pour leur indépendance.

Je ne saurai trop te recommander de lire ou de relire nombre d’auteurs juifs, israéliens ou de la diaspora, qui tous disent du sionisme actuellement en cours en Israél n’est qu’une forme de colonialisme dirigée contre les palestiniens. Dans d’autres commentaires sur ton mur, je donne mes références.

Tu as raison, les mots de génocide et d’apartheid ne sont pas innocents, mais ils ne sont pas seulement utilisés par Amnesty International et Human Rights Watch, ce qui est déjà très représentatif, ils sont aussi utilisés par l’ONU, par nombre d’associations juives, par les auteurs juifs que je viens d’évoquer. Ton oubli de ces références n’est pas innocent.

À part les membres du CAC 40 et les grands capitalistes multinationaux, LFI n’a aucune cible principale. Comme tous les groupements politiques, LFI tente de convaincre les électeurs français de la justesse de ses analyses, partout où ils vivent. Et il se trouve, effectivement, que LFI a plus d’accointances avec les milieux populaires qu’avec les milieux patronaux. D’origine ouvrière, mais ne l’ayant jamais été moi-même, je me sens beaucoup plus proche d’un ouvrier que d’un employeur, même petit. C’est mal ? J’assume. Il se trouve aussi que la plupart des immigrés font partie des travailleurs les plus pauvres, les plus précaires, les plus victimes de l’exploitation capitaliste. Nous en sommes donc les défenseurs les plus ardents. Je suis également solidaire d’eux au titre de mon militantisme syndical au sein de la CGT. Alors, évidemment, tu nies l’existence de la lutte des classes, cette dimension-là de cette lutte t’échappe donc, comme elle échappe à la plupart des sociaux-libéraux. Et quand ils la reconnaissent, c’est pour prendre le parti des exploiteurs.

Mais où as-tu vu que Mélenchon, comme les autres dirigeants de LFI, ont « choisi pour ces élections européennes de ne surtout pas parler d’un sujet qui fâche… l’Europe. » ? Ton propos est proprement ubuesque. Dimanche dernier, 14 avril, je me suis rendu au meeting de LFI, à Montpellier, avec Manon Aubry, Manuel Bompard, Rima Hassan et Tony Smith. Trois des quatre orateurs ont parlé avec beaucoup de détails de la politique de l’UE et de son fonctionnement antidémocratique. Seule Rima ne s’est appesantie, pour des raisons évidentes, que sur le conflit israélo-palestinien.

Mais comment un journaliste de ta trempe peut-il se laisser aller à des inexactitudes aussi flagrantes ? Tu n’es que dans l’imprécation et pas dans l’analyse. Si ça plaît à des lecteurs incultes grand bien leur fasse. Pour le reste, je te laisse à ta réécriture du dictionnaire de la langue française et j’ai l’honneur de te dire que, cette année, comme l’année dernière, je vais aller camper dans un des camps de concentration de La Grande-Motte. Faut-il que tu sois à court d’arguments pour te complaire dans la reprise de ces ragots. C’est indigne de ton réel niveau.