Un jet lié à la CIA s’écrase au Yucatan avec un chargement de drogue

samedi 22 décembre 2007.
 

L’incident survient alors que la péninsule mexicaine est le théâtre d’une guerre entre narcotrafiquants d’origine cubano-américaine impliqués dans l’immigration illégale, une affaire juteuse

UN jet privé qui s’est écrasé près de Cancun lundi le 24 septembre avec un chargement de six tonnes de cocaïne et d’héroïne a été utilisé au cours des derniers mois, à différentes occasions, par la CIA pour le transport de prisonniers du camp d’interrogatoire nord-américain de Guantanamo. L’appareil de type Grumman Gulf Stream II, portant l’immatriculation étasunienne N987SA, appartient officiellement à une firme du sud de la Floride qui l’a acheté à peine huit jours avant cet accident, dans des circonstances nébuleuses.

Le fait mystérieux qui n’est pas sans rappeler les grandes opérations de trafic attribuées à la CIA dans les années 80, survient au moment d’une sanglante guerre entre narcotrafiquants cubano-américains qui se sont emparés de l’affaire juteuse de l’émigration illégale de Cubains au Yucatan. La vague de violence qui dure depuis quelques mois a atteint un niveau alarmant cette même fin de semaine du crash aérien avec l’assassinat d’un autre Cubain émigré, dans un lieu public bien connu de la zone touristique.

Des organes de presse de Cancun et de Miami rapportent que le luxueux Grumman Gulf Stream II a été acheté en août dernier à une firme de New York, propriété d’un certain William Achenbaum, par une entreprise de la Floride nommée Donna Blue Aircraft, aux mains de deux Brésiliens, Joao Luiz Malago et Eduardo Dias Guimaraes.

Des employés de Achenbaum ont refusé de répondre à des questions. Malago et Dias Guimaraes ont affirmé avoir vendu l’appareil le 16 septembre à deux pilotes de la Florida, Clyde O’Connor, et Greg Smith, qui l’ont payé deux millions de dollars cash, on ignore comment.

La Federal Aviation Administration affirme maintenant qu’elle n’a jamais été avisée de la vente et que, par conséquent, elle n’a jamais émis de certificat. À l’entreprise de O’Connor, Execstar Aviation de Fort Lauderdale, on ne répond pas au téléphone, affirme la presse locale.

Deux jours après l’achat, l’avion quittait Fort Lauderdale pour Cancun et a ensuite poursuivi sa route vers l’aéroport colombien José María Córdoba, de Río Negro, en Colombie, situé à 40 kilomètres de Medellín, en plein royaume des narcos colombiens, pour ensuite rentrer sur Cancun.

LA MAIN DE LA CIA

Le quotidien mexicain Por Esto ! affirme dan son édition de samedi que la CIA a utilisé l’avion à quatre reprises dans les derniers mois.

La presse locale signale que toutes les archives concernant le puissant appareil ont été bloquées dans le système informatique de l’aéroport de Cancun par les autorités portuaires elles-mêmes.

Au milieu de rapports contradictoires, on a publié que le pilote, un Mexicain appelé Edick Muñoz Sánchez, avait été envoyé à Mexico pour interrogatoire.

Por Esto ! révélait cependant dimanche que « à l’association des pilotes d’aviation (ASPA) on ne connaît aucun Edick ni d’Eric Muñoz Sánchez ».

Le journal, réputé pour ses enquêtes, précisait : « Jusqu’à aujourd’hui, le ministère public n’a pas présenté à l’opinion publique ce jeune homme, d’abord décrit comme sud-américain, puis comme originaire du District fédéral, de race blanche et aux traits fins ».

Pendant ce temps, deux autres occupants de l’avion, un homme et une femme, ont réussi à fuir le lieu de l’accident à bord d’une camionnette volée à Cancun puis retrouvée, quelques heures plus tard, à Mérida.

L’incident illustre le niveau de trafic de drogues qui existe dans cette partie de la péninsule du Yucatan, avec la complicité de mafieux de Miami qui, depuis des années, ont adopté Cancun comme plaque tournante.

Ce n’est pas par hasard si les complices de Luis Posada Carriles ont choisi Isla Mujeres, près de Cancún, comme escale pour le terroriste international, fugitif de la justice vénézuélienne.

LES INDICES CONVERGENT VERS MIAMI

L’atterrissage forcé du Grumman dans une zone boisée du Yucatan, dans des circonstances qui restent à éclaircir, est survenu quelques heures après l’exécution d’un délinquant d’origine cubaine en plein cœur de la zone hôtelière de Cancun. L’homme de 43 ans, Maximiliano Rey Mota, était lié à a la mafia cubaine établie au Quintana Roo.

Rey Mota a été tué d’une seule balle de calibre R-15 en présence de sa compagne, dans le complexe commercial artisanal Coral Negro.

Plusieurs indices relatifs à des assassinats antérieurs démontrent l’implication de membres de la mafia cubaine de Miami. Les cubano-américains assassinés ces dernières semaines sont Manuel ’El Many’ Duarte Díaz, Luis Lázaro Lara Morejón, sa compagne María Elena Carrillo Sáenz, Jesús Aguilar Aguilar et Edwin Park Gómez.

La situation est tellement grave que le consul des États-Unis à Mérida au Yucatán, Karen Martin, s’est soudainement manifestée, quelques heures après le dernier crime, en cherchant à s’impliquer dans l’enquête.

Karen Martin a affirmé que son pays « est entièrement disposé à collaborer » afin d’éclaircir ces exécutions.

Tandis que le FBI s’est distingué depuis le début des sanglants évènements par son inertie habituelle face aux activités de la mafia cubano-américaine, la diplomate a insisté pour dire que « si on arrivait à confirmer que ces crimes ont une connexion avec le crime organisé aux États-Unis » son gouvernement serait « disposé à collaborer pour éclaircir les faits et punir les coupables ».

Cette vague de violence a coûté la vie à vingt-sept personnes depuis janvier. Le même appareil se retrouve dans la liste des vols secrets de la CIA de 2003 à 2005, établie par une commission de l’Union Européenne, dans l’intense mouvement d’avions utilisés par l’agence de renseignement pour le transports de prisonniers, souvent séquestrés illégalement, dans différents pays complaisants.

PAR JEAN-GUY ALLARD, de Granma international

http://www.marcfievet.com/article-1...

http://granma.cu/frances/2007/octub...


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