Encouragé par les propos de Sarkozy, Boubakeur ose demander un moratoire de 10 à 20 ans sur la loi de 1905 !

jeudi 7 février 2008.
 

Boubakeur joue le jeu que le pouvoir et les Eglises attendent de lui : demander la fin de la loi de 1905.

Finalement, elle dérange beaucoup de monde, cette « putain de loi de 1905 », comme le disait avec humour notre collaboratrice Mireille Popelin ! Il faut remettre du religieux dans plein de secteurs de la société, cela fera mieux passer les politiques d’austérité, de rigueur et de chômage de masse.

En Europe, ils veulent, à travers l’article 15-1 du nouveau traité de Lisbonne, qui remplace l’ancien article I-52, institutionnaliser le fait que l’Eglise catholique est consultée avant tout projet politique, devient donc une structure incontournable.

D’autre part, en Europe, vingt pays sur vingt-cinq sont signataires de concordats avec l’Eglise catholique, ils veulent que la France entière s’aligne là-dessus.

Dans cet esprit, la commission Machelon, mise en place par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, rêve, au nom de la lutte contre les discriminations, de mettre en place une logique concordataire de type Alsace-Moselle sur l’ensemble du territoire.

Les islamistes turcs, qui pensent toujours entrer dans cette Europe, sentent que c’est le moment. Ils veulent donc en finir avec l’interdiction du voile à l’université que Mustapha Kemal avait institué.

Les protestants, chez qui les évangéliques sont aujourd’hui majoritaires, attendent tranquillement que l’Etat « toilette » la loi interdisant le financement de la construction de lieux de cultes, pour demander de bénéficier de ces dérogations.

Les mouvements comme l’Eglise de scientologie, les Témoins de Jéhovah, les Mormons, les Raéliens et d’autres attendent de cette révision d’être reconnus comme Eglises à part entière, et de bénéficier de toutes les subventions, dérogations fiscales et autres, qu’aujourd’hui l’article 2 de cette maudite loi interdit.

Bref, le décor est planté, on voit le scénario qui se met en place.

Nous lisons, dans les textes que nous recevons, beaucoup d’impatience. « Assez de blabla, des actes !, on manifeste où et quand ? », nous disent beaucoup de lecteurs.

Nous savons qu’autour du Grand Orient de France (GODF) ou de la Ligue de l’Enseignement, beaucoup de contacts ont lieu, en ce moment, pour examiner les conditions d’une riposte, et de sa forme.

Nous ne sommes pas de ceux qui pensent qu’il suffit d’appuyer sur un bouton, pour faire descendre dans la rue des centaines de milliers de personnes. S’il suffisait que « Riposte Laïque » lance un appel pour que tout le monde se retrouve dans la rue, nous l’aurions fait depuis longtemps. Nous connaissons la complexité des appareils, parfois leur lourdeur, et la difficulté de faire asseoir à la même table certaines organisations qui ont un lourd contentieux historique. Mais nous savons que rien ne se fera sans eux, et leurs moyens militants.

Aujourd’hui, l’heure n’est pas à la frilosité, ni à la division de nos rangs, quelles que soient les divergences qui existent, notamment avec ceux qui ont préparé le terrain à Sarkozy avec leur conception de « laïcité ouverte ».

On ne peut en rester à la logique du centenaire de 1905, où on s’est contenté du service minimum : colloques intimes entre spécialistes, manifestation parisienne squelettique, marquée en plus par la division, aucune initiative populaire capable de mobiliser les citoyens sur la défense des principes laïques, cette célébration ne fut pas digne de l’importance de l’événement.

Tout comme sur le traité de Lisbonne, où le peuple ne sera pas consulté, Sarkozy et Alliot-Marie veulent prendre tout le monde de vitesse, en profitant du contexte des municipales. Ils savent, d’autre part, qu’à gauche, sur le fond, beaucoup d’élus pratiquent, sur le terrain, les « accommodements raisonnables » avec la loi de 1905 (lire article de Robert Albardèdes). Sarkozy compte donc sur un service minimum de la gauche, sur cette question, en mettant en avant l’islam, « religion des pauvres et des opprimés », dont les chefs sont quand même gavés de pétro-dollars qu’ils oublient de redistribuer à leurs peuples.

Restent donc les grandes organisations, autour du Grand Orient de France, et leur capacité de fédérer une riposte à la hauteur de l’agression qui se prépare. C’est une partie de notre histoire qui est en train de se jouer. Nous connaissons l’attachement aux principes laïques des militants de toutes les organisations qui se réclament de ces principes.

L’exemple nous vient de Champs-sur-Marne, où la mobilisation des citoyens d’un quartier a permis de fermer une mosquée salafiste clandestine. Il nous vient même de la peu laïque Italie, où la venue du Pape à l’université La Sapienza de Rome a été annulée, le chef de l’Eglise catholique battant piteusement en retraite devant un risque de contestation de son discours (voir article de Vera Pegna).

A nous d’encourager leurs organisations à ne pas être timides, et surtout à faire vite pour préparer de grandes manifestations locales, préludes à une montée sur Paris.

A nous de faire entendre la voix des laïques, pour couvrir celle des Boubakeur et de tous les corbeaux revanchards qui croient que leur heure a sonné.

Ne baissons pas les bras.

Rappelez-vous, en 1993, ils étaient convaincus qu’ils allaient pouvoir financer librement les écoles privées confessionnelles. Le peuple de France s’est levé, il y a eu le 16 janvier 1994.

Rappelez-vous, en 2004, ils se moquaient des partisans du non au TCE. UMP, UDF, Verts, PS nous disaient, avec l’appui de presque toute la presse, qu’il fallait voter oui. Il y a eu la formidable campagne du « non », là encore, le peuple français s’est levé, et il y a eu le formidable résultat du 29 mai 2005.

Nous sommes convaincus qu’autour de la laïcité, le potentiel de mobilisation du peuple de France est intact. Les citoyens de ce pays sont bien plus attachés que ne le croient les élites à la séparation du religieux et du politique.

Il est aujourd’hui de la responsabilité des organisations qui se réclament de la défense des principes laïques de mettre ces forces en mouvement. Le plus tôt sera le mieux.


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