L’argent occulte de l’IUMM agit comme un révélateur (par Trait d’Union)

samedi 12 avril 2008.
 

Il faut rappeler sans cesse la gravité du détournement de fond organisé par l’IUMM (près de 20 millions d’€ en 6 : 7 ans) avec le consentement du Medef -n’en déplaise à Mme Parisot qui voudrait nous faire croire qu’elle n’était pas au courant-. Il faut également comprendre que cette affaire s’inscrit dans un cadre national où le « dialogue social » dont ne cesse de parler la patronne du Medef rime avec reculs sociaux.

Le "trésor de guerre" de l’IUMM, pour ceux qui en doutaient, a servi à alimenter les entreprises pour des « caisses antigrèves »... Les dirigeants de l’IUMM appellent cela « fluidifier les relations sociales ». De quoi s’agit-il ?

Comme l’explique le représentant de PSA, le constructeur automobile a perçu un "dédommagement" suite à la grève dans l’usine d’Aulnay-sous-Bois du 28 février au 10 avril 2007. Comment cela fonctionne-t-il ? l suffit de demander : " Nous avons fait une demande écrite à l’UIMM pour obtenir une aide financière de solidarité compte tenu de l’impact économique de la grève, et l’UIMM y a répondu favorablement". Et d’ajouter : "Il y a bien eu un versement de 550.000 €, par chèque, en ligne avec l’action de notre syndicat professionnel et en toute transparence". Cette pratique est permise par le Code du travail, selon lequel "les syndicats professionnels peuvent constituer entre leurs membres des caisses spéciales de secours mutuels et de retraites"...

PSA a toujours été adepte de ce type de « méthodes » : entraves au droit de grève, soutien à un syndicalisme-maison... Aujourd’hui cette même entreprise détient le triste record du nombre de suicides au travail : 7 en un an ! Le dernier en date, 21 mars dernier, celui d’une employée de 41 ans, mère de deux enfants, en procédure de reclassement après dix-neuf années de bons et loyaux services au service communication du siège parisien. Pourtant son DRH Jean-Luc Vergne, qui ose prétendre que « l’image sociale du constructeur automobile a considérablement changé depuis [mon] arrivée » en 2000, est donné favori à la présidence de l’Unedic : sa nomination devrait être annoncée demain soir par le comité des mandats du Medef.

Le ménage « annoncé » par la patronne du Medef a de quoi faire sourire. Car bien sûr il y a eu changement de président. Mais le nouveau patron de l’IUMM, Frédéric Saint-Geours, n’est pas sorti de l’œuf. Il a beau dans une interview au Figaro, se désolidarisé de son prédécesseur, affirmant qu’il n’y avait "pas de contrôle ni de processus de décision bien établi" avant son arrivée à la tête de la fédération patronale de la métallurgie, rappelons qu’il fut l’ancien directeur général de Peugeot. En plus il est toujours conseiller de l’actuel PDG de PSA, l’homme qui a déjà à son actif quelque 5.000 « départs volontaires » chez le constructeur automobile.

A l’UIMM, on prend presque les mêmes et on continue... Eux n’oublient pas l’objectif qu’ils se sont fixés, sous couvert de « modernisation du marché du travail », ils souhaitent voir démanteler le code du travail, voir disparaître les 35 H par la remise en cause de l’horaire légal. Et pour cela les représentants du patronat peuvent compter sur un allié de poids, le gouvernement. Le ministre du travail a plusieurs fois expliqué que : « l’objectif est de permettre à chaque entreprise par accord majoritaire de définir un nombre d’heures à travailler ».

Il y a un enjeu à faire toute la lumière sur l’utilisation par l’IUMM de sa « caisse noire », d’abord parce qu’on aura la confirmation de l’implication du Medef... mais aussi parce que ce sera un point d’appui pour dénoncer la manœuvre à l’œuvre des bouleversements en profondeur qui portent atteinte à notre modèle social et un certain un projet de la vie en société.


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