10ème rencontre de la Coordination nationale des hôpitaux et maternités de proximité

vendredi 18 avril 2008.
 

En fin de semaine dernière, le gouvernement a annoncé un plan de rigueur qui ne dit pas son nom. Objectif : réduire les dépenses publiques. La semaine dernière également, le 31 mars pour être exact, la maternité de Clamecy a fermé ses portes. C’est dans ce contexte particulièrement tendu que se sont tenues ce week-end, à Ucel-Aubenas (Ardèche), les dixièmes rencontres nationales de la Coordination des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité.

« Notre santé n’est pas à vendre »

Mais, malgré ces attaques continues et répétées, la détermination des défenseurs d’un service public de santé est à peine émoussée. Au contraire. « Ce qui se passe actuellement rappelle une fois de plus que notre santé n’est pas à vendre ni à acheter.

Elle est à préserver. C’est d’ailleurs inscrit dans la Constitution. Et nous entendons bien faire respecter ce droit de plus en plus bafoué », a martelé Mireille Ponton, présidente du comité de défense de l’hôpital d’Aubenas. Une vision partagée par Bernard Defaix, président de la Convergence nationale de défense des services publics. « La défense des hôpitaux de proximité - outil d’égalité et de solidarité -, c’est une question sociale, une question de dynamique des territoires. Vu les attaques que nous subissons, il va y avoir un énorme besoin, dans les mois qui viennent, de porter ces exigences. »

La loi allègrement bafouée

Champanole, Carhaix, Ivry... Des dizaines d’hôpitaux sont menacés et les attaques s’accélèrent. « Rien que la semaine dernière, trois nouveaux hôpitaux nous ont contactés : Valréas, Ancenny, Luçon et Morzine », énumère Françoise Nay, médecin et membre du collectif de défense de l’hôpital d’Ivry (Val-de-Marne). Le problème auquel sont confrontés tous les établissements de proximité, c’est que l’État ne recule devant rien. Et trouve toujours un argument pour déstabiliser les hôpitaux. « Quand ce n’est pas un problème de personnel, c’est un problème de sécurité. Même l’isolement géographique n’est plus un obstacle pour fermer un service », se désole Pierre Chevalier, médecin anesthésiste à Saint-Affrique.

Plus inquiétant encore, les agences régionales d’hospitalisation (ARH) bafouent allègrement la loi

L’exemple de la maternité de Lannemezan (Hautes-Pyrénées), fermée brutalement en janvier dernier, en est l’illustration la plus flagrante. Le tribunal avait donné raison à la maternité, rappelant son exception géographique. L’État n’en a eu cure. « Que faire quand le gouvernement ne respecte pas les institutions de la République ? » s’interroge Robert Mory, président du collectif de Clamecy (Nièvre), pour qui il y a « urgence à agir ».

D’autant que l’argument consistant à transformer les hôpitaux de proximité en établissements de soins de suite pour personnes âgées ne convient à personne. « En aucun cas un hôpital ne peut se cantonner aux soins de suite. Si on ne soigne que les personnes âgées, que deviennent les jeunes, les femmes ? C’est scandaleux. Sans parler des coûts supplémentaires pour frais de déplacement des malades, car pour la moindre opération, il faudra aller sur un autre établissement », s’emporte Michel Anthony, président de la coordination.

Devant l’urgence de se faire entendre, un consensus sur la nécessité de trouver d’autres modes d’actions semble se dessiner au sein de la coordination nationale. « Il me semble que, malgré les retombées électorales, les réactions prennent de l’ampleur. Certaines luttes emblématiques commencent à avoir une résonance nationale. Il faut continuer dans cette direction », estime Michel Anthony.

L’urgence d’un débat national

L’une des pistes, c’est le développement des référendums. Deux sont programmés prochainement, à Clamecy et à Lézignan. « Vu que la démocratie sanitaire n’existe plus, vu qu’on ne nous répond pas, il faut rétablir l’argument démocratique », estime le président de la coordination. Pour lui, comme pour de nombreux militants, l’heure est aussi à l’action. « On ne doit pas baisser les bras. Il faut trouver des actions fortes et originales. En cela, l’idée d’une caravane postée devant l’Assemblée, comme proposée par Clamecy, me semble une piste intéressante. » Une piste qui permettrait de porter le débat au niveau national, alors qu’il y a quelques jours, le député Christian Paul a obtenu l’instauration d’une mission parlementaire sur la question des hôpitaux de proximité. Car il ne faut pas oublier les propos du premier ministre : le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, c’est le risque de voir fermer un hôpital sur deux.

Alexandra Chaignon


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