Le Parti de Gauche : une gauche vraiment décomplexée (article de Marianne)

dimanche 7 décembre 2008.
 

Mélenchon : la gauche vraiment décomplexée, c’est lui !

De Karl Marx à Jean Jaurès, en passant même par Robespierre et Gracchus Baboeuf, lors du meeting fondateur du Parti de gauche, Mélenchon et ses « camarades » ont multiplié les références qu’on n’ose même plus faire au PC. Comme s’ils étaient enfin libérés d’un poids...

« Y a-t-il un militant socialiste ? C’est pour l’AFP. » A l’entrée du gymnase qui accueille le meeting du Parti de gauche (PG) , une journaliste de la prestigieuse agence de presse erre comme une âme en peine à la recherche d’un « bon client ». Sauf que pour trouver « un militant socialiste », il n’est pas nécessaire de « faire le trottoir » : la salle en est remplie ! Il y a là des socialistes mais aussi des communistes, des écologistes, des tout-qui-se-fait-en-istes à la gauche du PS. Bref, il y a des militants de gauche, des « vrais », des purs, des durs. Des archaïques et des rétrogrades diront certains. Peut-être. Mais des archaïques et des rétrogrades qui s’assument. Comme ils assument leur histoire et leur culture. Des gens qui savent d’où ils sont partis (de gauche, évidemment !) et qui savent à peu près où ils veulent arriver : à « la République sociale » ! On connaissait la droite décomplexée. On connaissait aussi une certaine gauche décomplexée (celle de Jean-Marie Bockel, par exemple, qui n’hésite pas à fricoter avec l’UMP et qui tenait elle aussi meeting ce week-end). Il faudra désormais compter avec la gauche vraiment décomplexée de Jean-Luc Mélenchon .

Evo Morales...

Dans un meeting du PG, on n’hésite pas à faire lire à la tribune un message du président Evo Morales (« Recevez, depuis la Bolivie, toute mon amitié fraternelle et... révolutionnaire » !). Dans un meeting du PG, un Jacques Généreux , droit dans ses bottes et bien à gauche dans son discours, est capable de faire siffler trois événements vécus comme des traumatismes par ses « camarades » : 2002 quand Lionel Jospin explique que « [son] projet n’est pas socialiste », 2005 lorsque le PS se déchire sur la question du Traité constitutionnel européen ou bien encore 2007 lorsque la possibilité de faire appel à François Bayrou pour occuper le poste de Premier ministre est évoquée.

... Karl Marx...

Et dans un meeting du PG, on n’hésite pas non plus à citer les pères du socialisme. Jean-Luc Mélenchon, Marc Dollez et Oskar Lafontaine, invité d’honneur, y vont tous de leur petite phrase de Jaurès. Le fondateur du Die Linke ose même jouer les « impolitiquement corrects » en expliquant que Karl Marx « est bien plus actuel et clairvoyant que les idéologues du néolibéralisme à la mode. »

... et même Robespierre et Gracchus Babeuf !

Dans ces conditions, le sénateur de l’Essonne, lui, se sent carrément pousser des ailes à la tribune : « Nous, les membres du Parti de gauche, nous sommes tous des Oskar Lafontaine, nous sommes tous des Chavez, nous sommes tous des Morales, nous sommes tous des socialistes, nous sommes tous des communistes, nous sommes tous des écologistes, des trotskistes et même des libertaires à notre manière. Nous sommes tout cela. (...) Nous prenons tout, nous répondons de tout. (...) De La Boétie aux philosophes des Lumières, des maillotins de Paris... aux sans culottes, Robespierre fondateur de notre liberté, Olympe de Gouge notre remord, Gracchus Babeuf, ceux de 1848 et les communards, l’immense lumière de la révolution russe de 1917 (...) le martyr des résistants pour vaincre les nazis, la lutte pour la décolonisation. Tout, nous prenons tout. (...) Jean Jaurès et l’indomptable Louise Michel. »

Et Mélenchon de conclure son discours, sourire aux lèvres : « C’est bon d’être de gauche. » En tout cas, ça a l’air d’être plus simple pour lui et ses camarades de l’être au PG qu’au PS...


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