John Reed, illustre journaliste révolutionnaire étatsunien

dimanche 22 mars 2020.
 

- A) 22 octobre 1887 : naissance de John Reed (Brigitte Blang)

- B) John Reed, Un fils de la révolution (film présenté en octobre 2017)

A) 22 octobre 1887 : naissance de John Reed (Brigitte Blang)

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Le 22 octobre 1887, dans une famille bourgeoise de Portland, aux USA, nait John Reed, qui deviendra, au siècle suivant, un véritable héros romantique. Un peu comme le Che. La légende en moins.

Dès ses études universitaires à Harvard, il se sent pousser des ailes progressistes. Il est doté de tous les charmes. Brillant orateur, plume alerte et aiguisée, enthousiaste et prêt à pourfendre l’injustice partout où il la rencontre, il est auréolé de succès et ses articles lui sont achetés à prix d’or. Il passe plusieurs mois au Mexique, auprès des troupes de Pancho Villa et en tire un récit qui fera date : le Mexique en Révolte. Il donne de la Révolution au sud du Rio Grande un récit lyrique, presque poétique, des luttes obstinées pour la terre et la justice sociale.

Mais ce statut de jeune journaliste éveillé ne lui suffit pas. Il met son talent au service du prolétariat. Il participe aux grandes grèves, celles du pétrole, entre autres, qui lui permet de dénoncer avec vigueur les méthodes de Rockfeller.

Il part pour l’Europe dès août 1914, sillonnant tous les pays emportés par la tourmente. Sans néanmoins étouffer son profond pacifisme, qui le pousse à prôner la non-intervention de son pays dans le conflit et qui le mènera en prison.

Avec Louise Bryant, sa compagne, on le retrouve au cœur de l’Histoire en marche, là où un journaliste doit être en 1917, au milieu de la Révolution russe. Témoins de premier plan, on les retrouve auprès de Lénine, Zinoviev, Trotsky et tant d’autres. Dans le même temps, et pendant qu’il engrange la matière de son œuvre phare, il enchaîne les allers-retours avec les États-Unis, où on l’attend pour finaliser le grand parti « socialist » comme il l’a rêvé. De dénonciations en arrestations il revient à Moscou, contracte le typhus et meurt, à 33 ans à peine. Seul Américain à en être digne, son corps sera enchâssé dans le mur du Kremlin.

Reed, ce journaliste qui écrivait plus avec son cœur qu’avec sa tête, n’a pas été réellement acteur de cette révolution, mais du moins en a-t-il rapporté un témoignage sincère, loin de tous les bidonnages si courants à cette époque. Ses Ten Days that shook the World (Dix Jours qui ébranlèrent le monde) sont une référence dans cette tranche d’histoire.

Bien plus tard, en 1981, Warren Beatty en fera un héros romantique, par la grâce d’un film tout pétillant d’Oscars : Reds. Un homme qui avait donné la parole au peuple, plutôt qu’aux puissants.

Brigitte Blang

B) John Reed, Un fils de la révolution (film présenté en octobre 2017)

Note sur "Dix jours qui ébranlèrent le monde".

Récit d’histoire des débuts de la Révolution d’Octobre, le livre de John Reed est aussi l’œuvre d’un journaliste engagé, présent à Pétrograd dès la fin de l’été 1917. La dimension du reportage offre un cadre favorable à l’adaptateur, qui cherche à transposer dans la fiction les événements et les situations décrits. Mais il ne s’agit pas de n’importe quel reportage : la force particulière de John Reed est de nous entraîner au cœur d’événements qui ont compté comme les plus importants du siècle, qui ont été la référence et l’horizon des peuples en lutte pour leur libération. Ce n’est pas son seul statut d’acteur-témoin qui rend son livre inoubliable : John Reed écrit en poète. La plus lapidaire de ses phrases possède un tel pouvoir d’évocation que l’imagination de l’adaptateur se projette immédiatement dans l’espace radiophonique. Le plaisir, la complicité entrent en jeu, résonnant avec l’humour et l’ironie de John Reed, rejoignant sa compréhension des événements, loin des mensonges qui ont été déversés sur la Révolution d’Octobre et les bolchéviks.

Plus encore que dans ses propres poèmes, dont l’adaptation a tenu à donner un aperçu, John Reed fait œuvre de poète en restant à l’écoute des aspirations humaines fondamentales, comme ses camarades russes surent l’être pour les revendications des ouvriers et des paysans russes : "la paix, la terre, le contrôle ouvrier, la liberté". Cette écoute, il l’a manifestée dès le plus jeune âge, en suivant et défendant l’action des grévistes de Paterson, des paysans mexicains, des syndicalistes de l’IWW. La construction du scénario de l’adaptation permet de rendre compte de cette dimension et de cette histoire personnelle : rentré de Russie au printemps 1918, John Reed voit ses documents confisqués par la police de New-York. Réussira-t-il à écrire son livre ? Sa compagne Louise Bryant, qui écrit elle-même un ouvrage sur la Révolution, "Six mois rouges en Russie", lui fournira les documents nécessaires, jusqu’au moment où il pourra récupérer sa malle et ses affiches. Au cours des dix épisodes, le récit de Reed s’articule sur cette inquiétude, ainsi que sur les engagements du couple et de leurs amis américains Bill Chatov et Albert Rhys Williams. Entre Pétrograd et New-york, en compagnie des Américains impliqués dans la révolution russe, des syndicalistes comme Eugene Debs, engagés contre l’entrée en guerre des États-Unis, c’est ainsi la dimension internationale de la Révolution qui est donnée à entendre. À cela s’ajoutent les rencontres avec de célèbres femmes militantes, comme la bolchévique Alexandra Kolontaï et la Socialiste-Révolutionnaire de Gauche Maria Spiridonova, dont Louise Bryant a dressé d’émouvants portraits dans "Six red mounths in Russia".

La jeunesse des protagonistes impliquait la présence d’un grand nombre de jeunes comédiens. Pierre Marie Baudouin est John Reed et Flora Brunier Louise Bryant. Pour donner leur chair aux événements, à leur historicité, l’adaptation et la réalisation ont fait le choix d’ancrer l’action dans la langue russe, d’où l’appel à de nombreux russophones. L’enregistrement des comédiens dans des acoustiques naturelles marquées, comme la Bourse du Travail de Paris pour l’Institut Smolny et la mairie du Kremlin-Bicêtre pour le Palais d’Hiver et le Palais Marie, répond à une exigence de construction d’espaces. Dans le même esprit, le réalisateur a enregistré en vol le son d’un biplan d’époque. Il a pu opérer de même avec un tramway de 1911.

John Reed a su faire battre pour ses lecteurs le cœur de tout un peuple. La notion de rythme revêtait alors la plus grande importance. La musique composée par Sylvain Kassap entre en complète résonance avec ce cœur innombrable. Michel Sidoroff

Né à Portland (Oregon) en 1887, John Reed, rejeton de la bourgeoisie américaine, découvre les idées socialistes au cours de ses études à Harvard. Diplômé en 1910, il se tourne alors vers le journalisme et s’engage en faveur des mouvements ouvriers. Après avoir suivi Pancho Villa durant la révolution mexicaine, il se rend plusieurs fois en Europe et découvre la Russie en 1915. Farouchement opposé à la Première Guerre Mondiale et au régime tsariste, il arrive à Petrograd avec son épouse Louise Bryant en septembre 1917 et assiste avec enthousiasme à la révolution d’Octobre, événement qu’il raconte dans son ouvrage le plus célèbre : Dix jours qui ébranlèrent le monde. Après avoir contribué à la naissance du Communist Labor Party aux Etats-Unis, il retourne en Russie fin 1919 pour participer aux activités de l’Internationale communiste. Victime du typhus en 1920 à l’âge de 32 ans, il est enterré sur la place Rouge de Moscou, dans la nécropole du mur du Kremlin, aux côtés des révolutionnaires de 1917 dont il avait décrit le combat.


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