La polémique autour des méthodes de la CIA enfle à Washington

samedi 25 avril 2009.
 

La tempête politique s’est amplifiée mercredi après que Barack Obama a laissé la porte ouverte à des poursuites contre des membres de l’administration Bush qui ont couvert les méthodes d’interrogatoire de la CIA.

Barack Obama a répété cette semaine qu’il ne souhaitait pas de poursuites contre les agents de la CIA ayant eu recours à ces méthodes - dont le simulacre de noyade ou la privation de sommeil, considérées par les ONG comme des formes de torture.

Mais il n’a pas exclu que ceux ayant émis des avis juridiques les autorisant soient renvoyés devant la justice, ce que réclament des associations de défense des droits de l’homme et des responsables de gauche.

Le groupe libéral moveon.org a ainsi appelé l’administration à nommer un procureur spécial pour "enquêter et poursuivre les architectes du programme de torture de l’ère Bush".

RICE ET CHENEY IMPLIQUÉS

Les conservateurs ont reproché à Obama d’avoir négligé sa promesse d’aller de l’avant plutôt que de se pencher sur le passé et Karl Rove, ancien stratège de George Bush, a accusé le président américain de vouloir des "procès spectacles".

"Si l’administration s’évertue à criminaliser les désaccords politiques, comment vont-ils définir les limites et dire qui sera poursuivi ou pas ?", a-t-il dit à Reuters.

"Quiconque est impliqué dans le processus d’interrogation doit être traité de la même façon", a ajouté Karl Rove, citant les agents de la CIA, les scientifiques qui ont supervisé les interrogatoires et les avocats qui ont rédigé les notes.

Cela pourrait "conduire du plus haut niveau de la communauté du renseignement aux parlementaires des deux partis et aux responsables de l’administration Bush qui étaient informés de ces notes et les ont approuvées", a-t-il souligné.

Selon un rapport publié mercredi par la commission du renseignement du Sénat, l’ex-conseillère à la sécurité nationale et secrétaire d’Etat Condoleezza Rice avait approuvé les programmes d’interrogatoire en 2002 et le vice-président Dick Cheney avait donné l’aval de la Maison blanche un an plus tard.

"Il est désormais clair que la Maison blanche d’Obama n’a pas réfléchi avant d’essayer d’apaiser l’aile dure de la gauche démocrate", a estimé Karl Rove.

VERS UNE "COMMISSION VÉRITÉ"

Le ministre de la Justice Eric Holder a prévenu que le droit serait appliqué, quels que soient les personnalités visées.

"Personne n’est au-dessus de la loi", a-t-il dit, précisant cependant que le département de la Justice n’avait pas l’intention de poursuivre les agents de la CIA qui ont agi "de bonne foi" et en vertu de règles édictées à plus haut niveau.

Le porte-parole de la Maison blanche Robert Gibbs a lui aussi tenté d’apaiser le débat en expliquant que Barack Obama considérait ces notes comme un outil de réflexion et non de punition.

Trois sénateurs de renom connus pour leur opposition aux méthodes décriées ont répliqué que l’éventualité de poursuites constituerait un danger pour l’action politique.

"Lancer de telles procédures aura, nous le croyons, des effets négatifs sur la franchise avec laquelle les responsables de toute administration offrent leurs meilleurs avis", ont souligné ces trois sénateurs, parmi lesquels figure l’adversaire d’Obama à la présidentielle, le républicain John McCain.

Les parlementaires démocrates ont quant à eux renouvelé leur souhait de créer dans un premier temps une commission d’enquête parlementaire.

La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a espéré qu’une "commission vérité" pourrait "lever tous les doutes sur les valeurs qui dictent la façon dont nous protégeons le peuple américain".

Pour l’ancien chef du service de presse de George Bush, Ari Fleischer, même Obama devrait redouter une enquête car le "scandale créerait des divisions extraordinaires et dévasterait Washington pour plusieurs années".

Version française Grégory Blachier


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message