Parlons enfants, armes et pandémie (billet d’humeur)

mardi 25 août 2009.
 

Encore des nouvelles.

Ça tombe comme à Gravelotte, les gentilles infos ces jours-ci. Entre la grippe A (ou H, ou peut-être bien N, avec leurs sigles, on ne sait jamais si on a bon ou pas), le chômage qui s’envole, les typhons et les ouragans et les tremblements de terre, manquait plus que du sordide. Qui vient d’arriver, en direct, ou presque. Foutu pays, foutue époque, où des gamins tirent sur leur famille, père, mère, et petits frères, pour n’oublier personne. Loin de nous ici l’idée de juger, ou même de commenter. Il existe une justice, et qui fait plutôt pas trop mal son boulot, surtout celle des mineurs. Eux, ils sauront quoi dire, quoi penser, et quoi faire. En attendant, pourtant, une réflexion, un souvenir.

Me revient une réunion électorale de 81, en Lorraine profonde. Un copain à nous avait soulevé un lièvre d’envergure : celui des armes à feu. Toutes celles qui sont planquées, ou pas, d’ailleurs. Toutes celles qui sont à la portée du premier venu. Tollé général, comme ce type voulait assassiner la liberté. C’était il y a 28 ans. Rien n’a changé depuis. Droite et gauche se sont succédé aux affaires, et personne n’a eu ce courage-là. Car on ne m’ôtera pas de l’esprit que si ce môme n’avait pas eu à sa main un fusil de chasse utilisable, de carnage, on ne parlerait même pas. Mais voilà, le fusil était là, à portée de vue. Les drames arrivent, on se lamente, on va organiser des marches silencieuses, toutes plus démonstratives les unes que les autres, et puis on oublie, très vite. Jusqu’à la prochaine fois. Foutu pays… Foutue époque…

La France va donc, à ce qu’on nous raconte à longueur d’antennes, devoir faire face à une épidémie comme on n’en a plus connu depuis au moins 100 ans. Peste ? Choléra ? Que non point. Grippe. Dont on nous dit d’ailleurs qu’elle n’est ni plus ni moins grave que ses aïeules. Ce qui veut dire en bon français qu’elle fera des victimes, comme tous les ans (et les autres années, on n’en entend jamais parler, va comprendre), qu’il va falloir faire attention, surtout en hiver, comme tous les ans, et se faire vacciner, si on est dans une catégorie « à risques ». Jusque là, rien de bien neuf. Tout pareil que toujours. Ah pourtant si ! Du neuf, dans les écoles. Si grippe il y a (et tous nous disent qu’il y aura), il y aura fermeture des écoles, dans la foulée. Mazette ! Ça, c’est de la décision de poids, ou j’y connais rien.

Donc, si on a tout bien suivi, on ferme les écoles, pour un temps assez long, ça peut aller jusqu’à des mois, c’est le ministre qui l’a dit, si si. Mais alors, demande la petite voix empêcheuse de fermer en rond, c’est qui qui va assurer la mission éducative (et éducatrice, par la même occasion) si les écoles etc. etc. Nous avons depuis juin un responsable des mesures d’urgences à l’école. Il a donné la réponse : ne vous inquiétez pas, on a tout prévu. Même que les cours seront transmis à la radio et à la télé, via le CNED. Si comme moi, vous êtes allés à la communale dans les années 50-60, ou si vous avez débuté une carrière de pédagogue dans les années 70, ça va vous rappeler des souvenirs ! Radio et télés scolaires, ça existait avant l’ère du DVD. Mais revenons tout de même à notre grippe H1N1, celle qui clôt les portes des collèges.

Que croyez-vous qu’il va arriver ? Les gamins à la maison, censés regarder le cours de Maths ou de Français dans le poste, ça va vite déraper sur la console et le bazar, cette affaire. Sauf dans les cas déjà courants où il y a à domicile le petit personnel pour surveiller les bambins. Sinon ? Sinon, on ira voir M. Acadomia et ses petits amis, qui feront cracher au bassinet les familles inquiètes de l’avenir des chères têtes blondes. Pour les autres (quels autres ?), eh bien, on creusera un peu plus les écarts, et pour ceux qui déjà n’aimaient pas trop y venir, à l’école, ce n’est pas ça qui va les encourager à se lever le matin ! On ne va pas ici vous resservir le couplet sur la relation indispensable enseignant-enseigné. Mais ce serait peut-être une idée de courrier à Monsieur Luc Châtel, ci-devant secrétaire d’État à l’économie, qui a tout compris du sens à donner au mot. Puisque les bons élèves resteront bons et que les pas bons… vous avez compris, ce sera une magnifique démonstration de la futilité à mettre tant de profs devant si peu d’enfants, alors qu’un écran joue exactement le même rôle. Et de l’urgence de supprimer encore et encore des postes, devenus inutiles. CQFD. Qu’est-ce qu’on dit ? Merci la grippe !

brigitte blang pg57


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