Portugal : un jour nouveau pour l’autre Gauche

dimanche 4 octobre 2009.
 

Le Parti socialiste du premier ministre José Socrates a remporté, dans le cadre d’une augmentation significative de l’abstention, les élections législatives du 27 septembre.

Mais, en obtenant entre 36,2 % et 40,4 % des voix selon les derniers résultats disponibles (contre 45 % en 2005), il a perdu sa majorité absolue. D’autres indicateurs permettent de prendre la mesure de l’érosion du Parti socialiste portugais. Dans cette consultation électorale, il a perdu 500 000 voix et 24 députés.

De son côté, le principal parti de droite, le Parti social démocrate, tout en gagnant 6 députés à l’assemblée, n’a remporté que 6 000 voix supplémentaires par rapport aux dernières élections de 2005.

Le principal enseignement à retenir de cette élection au Portugal, dans un contexte de crise sociale intense et de forte augmentation du chômage, est la pénalité infligée par les électeurs aux deux partis (notamment à celui issu de la social-démocratie) de la co-gestion portugaise, dont les lignes politiques social-libérales et de centre-droit se confondent toujours plus et continuent de désespérer les classes populaires.

Pour sa part, le partenaire du Parti de gauche, le Bloco de Esquerda, confirme une progression inédite dans le paysage politique portugais.

Avec 557 000 voix obtenus (soit 193 000 de plus que lors des dernières élections), 9,85 % des suffrages exprimés (contre 6,38% en 2005) et 16 députés élus (contre 8 en 2005), le Bloco s’impose comme une gauche d’alternative face à la dérive de la social-démocratie.

Pourtant, le Parti socialiste ne semble pas vouloir tirer les leçons du vote lorsqu’il affirme écarter toute alliance programmatique et politique avec le Bloco.

La progression de ce dernier confirme aussi les perspectives de l’autre gauche en Europe après la progression magnifique de Die Linke en Allemagne.

Aujourd’hui, au Portugal comme dans d’autres pays européens, l’émergence d’une autre gauche se confirme de manière structurelle.

Il s’agit là d’une bonne nouvelle et d’un encouragement enthousiasmant pour le Parti de gauche.

* NOTA :

Le Parti Communiste portugais avait fait alliance pour cette élection avec les Verts portugais dans le cadre de la Coalition démocratique unitaire et a progressé de 0,5% (1 député). Cette CDU a obtenu 8,4% des suffrages.

Ci-dessous un article fort sectaire portant sur les résultats du Parti Communiste portugais

Le Parti Communiste Portugais résiste et progresse dans un climat politique hostile

Article d’AC pour http://solidarite-internationale-pc...

Avec 7,90% des suffrages exprimés, 445 000 voix et 15 députés, les résultats du Parti Communiste Portugais marquent une progression du parti par rapport aux élections législatives de 2005 (+0,4%, +15 000 voix, + 1 député) malgré un contexte politique difficile. Le PCP se présentait dans le cadre de son alliance électorale traditionnelle, respectueuse de l’autonomie des partis, la CDU (Convergence Démocratique Unitaire) avec le Parti écologiste et des Républicains de Gauche.

L’abstention atteint un record, près de 40%. Le Parti socialiste enregistre une résistance non-négligeable. Il perd sa majorité absolue mais conserve la tête du gouvernement (36% contre 45% en 2005)

Au-delà des attaques habituelles du PS, le PCP a eu à subir une campagne médiatique de dénigrement systématique, virant à l’anticommunisme, dont a fait partie la valorisation outrancière du Bloc de Gauche – parti de « gauche radicale », mélange détonnant de groupuscules maoïstes et trotskistes ainsi que de transfuges de la social-démocratie soutenus par le PGE. Il fallait à tout prix éviter que les voix perdues par le PS soient récupérés par le PCP.

Ce traitement médiatique différencié n’est pas surprenant si on compare les discours des deux partis dans la campagne (et les réactions lors de la soirée électorale) sur deux points : le rapport au PS et le rapport aux luttes.

· Le Bloc de Gauche concentre ses attaques contre le PS sur « l’arrogance » de José Socrates, la manière de gouverner « autocratique » du PS, ses méthodes de gouvernement, tandis que le PCP insiste sur les « politiques de droite » menées par le PS depuis 33 ans en alternance avec la droite et pointe le fond de leurs choix.

· Le Bloc de Gauche avait affirmé pendant la campagne que « le principal espace de lutte est le Parlement », le PCP y avait alors vigoureusement répondu que le principal espace de lutte était dans la rue et dans les entreprises.

· Lors de la soirée électorale, Fernando Louça, président du « Bloc de Gauche », triomphaliste (9,8% et 16 députés), a insisté sur le fait que son parti pourrait désormais remplir pleinement son rôle au Parlement. Jéronimo de Sousa, secrétaire général du PCF, a mis l’accent sur l’importance décisive des luttes de masse dans les mois à venir que le PCP impulserait.

L’analyse détaillée de son résultat montre une implantation du PCP tant en voix qu’en élus à l’Assemblée, en lien avec le développement du mouvement populaire.

Les résultats du Bloc de Gauche sont assez uniformément répartis sur le territoire, dénotant l’importance prépondérante de l’influence médiatique en absence d’implantation sociale réelle. Au contraire, les résultats du PCP reflètent son implantation militante, localement forte. Ainsi, le Parti obtient ses meilleurs scores dans trois districts du Sud (28% à Beja, 22,2% à Evora, 12,8% à Portalegre), et des scores à deux chiffres dans les districts de Lisbonne et de sa périphérie la plus industrialisée (10% à Lisbonne et à Santarem mais plus de 20% à Setubal.

Jéronimo de Sousa, à l’annonce des résultats, a insisté sur « l’augmentation de l’audience électorale de la CDU qui constitue un élément hautement significatif ». Il a souligné le rôle du Parti dans le « recul électoral du PS, avec la perte de la majorité absolue, inséparable de la lutte de résistance et pour les droits que la CDU a menée ». Pour le secrétaire général du PCP, ce vote-sanction marque une condamnation des « politiques de droite » menées par le gouvernement PS.

Le PCP ne soutiendra en aucun cas le gouvernement socialiste (qui ne disposera que d’une majorité relative), exécutant numéro un de ces politiques. Le PCP ne voit d’alternative que « dans la rupture et le changement » qui seront portées dans les mois qui viennent par les « luttes de masse » auxquelles le PCP entend contribuer activement.

Ce bon résultat électoral dans un climat politique d’hostilité sans précédent au cours des dernières années, marque une nouvelle progression du PCP dans le cadre des élections législatives (6,9% en 2002, 7,4% en 2005, 7,9% en 2009) et fait écho au résultat historique du Parti lors des élections européennes (10,4%).

Ces performances électorales ne sont que le reflet du travail de réorganisation du Parti entrepris depuis le XVIIème Congrès de 2004 au cours duquel l’accent a été mis sur la reconstruction des organisations de base, des cellules d’entreprise, le primat donné aux luttes sociales sur la lutte institutionnelle.

Un travail, une volonté qui ne peuvent qu’inspirer et renforcer les communistes de tous les pays !

Site du Parti Communiste Portugais : http://www.pcp.pt/

Site de la CDU : http://www.cdu.pt/


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