Il faut une rue Robespierre à Paris ! (nouveau texte d’Alexis Corbière)

mercredi 4 novembre 2009.
 

Seuls les naïfs peuvent croire que la toponymie d’une ville est quelque chose de neutre. Nommer une rue, ou la dénommer, est un acte politique. Le hasard ne peut être jamais évoqué en la matière.

Alors, il est inacceptable, que dans la capitale, Maximilien Robespierre, personnage central de la grande Révolution française, moment fondateur de notre République, ne dispose pas de la moindre avenue, ni rue, ni même une impasse ou un passage à son nom.

Pourtant, depuis longtemps, de nombreuses communes, notamment en banlieue parisienne, généralement de gauche, l’ont fait. Mais, il faut franchir le périphérique pour trouver une rue ou une station de métro au nom de « l’incorruptible ».

C’est une injustice historique, que celui qui eut un rôle si important dans la rédaction de la Déclaration des Droits de l’homme de 1793, qui se prononça parmi les premiers pour l’abolition de l’esclavage, pour le droit de vote des comédiens et des juifs, pour la fin des colonies, pour le droit de pétition, et même qui intervint à l’Assemblée nationale pour l’abolition de la peine de mort, soit ainsi maintenu volontairement dans l’oubli dans la première ville de France depuis plus de 200 ans.

D’autant plus injuste que tant de rues de Paris portent encore les noms d’hommes et de femmes aux parcours politiques très discutables. Pour ne citer que quelques exemples de contemporains de Robespierre, les responsables de Thermidor ont leurs rues : Carnot, Cambon, Boissy d’Anglas, Cambacérès, François de Neufchâteau... Coupable de haute trahison le Général de La Fayette a une avenue, politicien vendu à la cour Mirabeau a un pont... et je n’évoquerai pas la longue liste des militaires qui ont écrit l’histoire du colonialisme en faisant couler le sang, et qui eux ont encore droit à leurs noms gravés sur les murs de Paris.

Une certaine histoire officielle, souvent écrite par les « contre-révolutionnaires », présente à tort Robespierre comme « l’âme de la terreur ». Cet acharnement à le salir, a pour but de faire disparaître les promesses d’égalité et de justice de la Grande Révolution.

En 1946, au lendemain de la Libération, la ville de Paris avait attribué le nom de Robespierre à la Place du marché Saint-Honoré, mais cette décision fut abrogée en 1950. Alors, la majorité de gauche qui siège actuellement au Conseil de Paris devraient réparer cette erreur.

Lors de la séance du 30 septembre dernier, un vœu porté par le MRC et défendu par le Groupe communiste et élus du Parti de Gauche a été présenté en ce sens. Il a été repoussé, logiquement et sans finesse par la droite, mais aussi de façon décevante par quelques Verts et le groupe socialiste qui a jugé le personnage trop « controversé ».

Nous ne désarmons pas pour autant. Nous continuerons à le réclamer, car pour nous il est un vrai « citoyen d’honneur ». Une pétition, à l’initiative de la Fédération nationale de la Libre Pensée circule en ce sens.

Paris serait plus grand en ne l’oubliant plus et en rendant hommage à Maximilien Robespierre.

Alexis Corbière


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