Cette année, l’Insee s’est penché sur l’effet des origines sociales dans les parcours scolaires, et plus particulièrement sur les bacheliers de « première génération », ceux dont les parents n’ont pas le baccalauréat. « Avoir ou non un parent bachelier est une caractéristique très discriminante en matière de performances scolaire », explique Jean-Paul Caille, rapporteur de l’étude. Mais attention, le parcours scolaire n’est pas qu’une question de notes. La reproduction sociale est aussi due aux représentations mentales et au capital culturel de la famille. Car, comme l’explique le rapport de l’institut, les bacheliers de « première génération » ont tendance, à performances scolaires égales, à faire des choix moins ambitieux que les autres.
« Les différences de performances s’observent dès l’entrée en sixième », explique l’étude. Les bacheliers de première génération sont trois fois moins nombreux que les autres à être classés dans les 25 % d’élèves les mieux notés. Les mentions au bac témoignent également de cette disparité, et plus particulièrement dans la filière scientifique. À l’épreuve du bac S, seuls 28 % des bacheliers de première génération obtiennent une mention, contre 44 % pour les autres. Et après le bac, les écarts s’accroissent. Au total, 19 % des bacheliers de première génération arrêtent les études juste après le diplôme, contre seulement 6 % des bacheliers « de père en fils ».
Mais, à performances scolaires égales, les mêmes inégalités sont constatées. À la fin du collège, les bacheliers de première génération qui ont obtenu entre 8 et 10 au brevet ne sont que 51 % à demander une orientation en seconde générale ou technologique (contre 73 % pour les bacheliers de père en fils). Après le bac, les bacheliers de première génération ne sont que 19 % à taper à la porte des prépas (contre 39 % pour les autres). Quant aux grandes écoles, c’est, selon Jean-Paul Caille, un véritable « plafond de verre ». Seuls 4 % y entrent, contre 17 % pour les autres. « Le fait de ne pas avoir de parents bacheliers a un effet négatif sur les aspirations », conclut Jean-Paul Caille. Seul un quart des parents qui n’ont pas le bac considèrent que les diplômes sont le meilleur passeport pour trouver un emploi.
Medhi Fikri, L’Humanité
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