Christian Picquet à Carmaux parmi les communistes rouges vifs

dimanche 7 février 2010.
 

Ils ont rangé le piolet mais gardé la faucille et le marteau. C’est peu dire que les communistes du Tarn ont accueilli sans joie le parachutage de Christian Picquet, chef de file de la Gauche unitaire (ex-NPA) comme tête de liste aux régionales en Midi-Pyrénées. Comme les sept autres fédérations départementales de la région, ils avaient voté pour un candidat PCF. Même le Front de gauche, alliance électorale du PCF, du Parti de gauche et de la Gauche unitaire, leur semblait suspect.

Jeudi 4 février, M. Picquet tenait meeting à Carmaux, terre rouge des mineurs et des verriers. Avec son allure d’ex-pilier de rugby, sa harangue très IIIe République, il a mis une heure à dégeler l’ambiance mais a fini par séduire la centaine de participants de la salle des fêtes Saint-Antoine à Carmaux.

Buffet : Notre candidat

Depuis un mois, l’ex-trotskiste donne des gages. Charles Marziani, chef de file des communistes et vice-président sortant, ne le quitte pas d’une semelle. Le conseiller régional aurait bien aimé être numéro un, mais Marie-George Buffet a imposé l’ancien dirigeant de la LCR. Elle a même tenu à l’adouber lors du premier meeting toulousain le 26 janvier : "Christian Picquet est notre candidat. C’est aussi mon ami." Le ton était donné, il fallait se ranger.

Christian Picquet a définitivement calmé le jeu en jurant qu’il ne prendrait pas la place d’adjoint aux transports... que détient M. Marziani. Depuis, la campagne a fait taire les réticences les plus importantes. Les murs de la ville se sont couverts des affiches rouges du candidat. Et tous espèrent de meilleurs résultats que les 8 % obtenus aux européennes face aux socialistes et aux écologistes.

Au contact du mouvement social

Alors, le candidat si peu orthodoxe fait la tournée des fondamentaux communistes. Jeudi, en fin de matinée, il s’était attablé avec des agents territoriaux de la CGT au bar de l’Esquile, d’où partent tous les cortèges cégétistes à Toulouse. "C’est bien que ce soit lui, ça ouvre. On est obligés de se parler et on additionne nos différences", explique Jean-Louis Castera, secrétaire départemental de la CGT. "Ce n’est pas juste une union pour la période électorale. Avec mes potes syndicalistes, on a été soulagés que le Front de gauche se soit maintenu après tous les débats", continue Guy Nickles, cégétiste qui a quitté, "cassé", le PCF en 1983.

Christian Picquet leur parle de sa volonté de faire une campagne "au contact du mouvement social" et ça leur plaît. Refaire le lien entre syndicalisme et politique, pas comme "courroie de transmission" ou pour "renforcer le parti", mais "en partenariat", glisse un agent territorial de la mairie de Toulouse. "Le PS ne fait plus ce travail", note un autre.

Jaurès et Aragon

A Carmaux, les anciens mineurs sont là. Ici, on s’est construit contre le patron et sur des terres socialistes. Alors, on regarde avec méfiance "le gars de Paris". Mais Christian Picquet sait y faire : envolées sur le "grand Jaurès", fondateur de L’Humanité "seul journal de gauche qui reste", citation d’Aragon, la voix qui tonne pour dire son respect affiché pour la tradition ouvrière... L’assistance, enfin, l’applaudit.

"J’ai mouillé la chemise", s’amuse-t-il. Il n’a pas l’accent qui chante mais "il a été bien", glisse un militant. Lui, souffle, enfin. Le chef de file communiste vient de lui lancer devant cette assemblée de "rouges vifs" : "On a appris à dialoguer et notre engagement est total dans une construction fructueuse." Ça suffit à son bonheur.

Sylvia Zappi


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