Le projet de loi "d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure" ne mérite pas seulement le détour par son intitulé poétique, rappelant la loi "d’orientation et de programmation pour la sécurité intérieure" du 29 août 2002 concoctée par un certain Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur. Ce projet, au gré d’une pluie d’amendements venus des rangs des députés UMP visant à le durcir, ressemble de plus en plus à un inventaire de mesures dessinant une société dans laquelle tout citoyen est d’abord traité comme un délinquant en puissance.
Le Parti de Gauche s’insurge contre les mesures qui y sont contenues, parmi lesquelles :
la multiplication de la vidéosurveillance qui a montré toute son inefficacité en Angleterre et qui, aux termes de projet de loi pourrait décupler les moyens de répression du mouvement social, puisque des caméras pourront être installées par les Préfets aux abords des "rassemblements ou manifestations de grande ampleur" présentant un "risque" pour l’ordre public ( c’est-à-dire l’ensemble des catégories visées),
l’instauration d’un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans qui aborde encore une fois une question éducative et sociale par le seul angle répressif (une amende de 450 euros est prévue pour les parents en cas de non-respect de ce couvre-feu), alors que la majorité gouvernementale au pouvoir depuis plus de 7 ans ne cesse de retirer des moyens aux services d’éducation,
l’extension et la multiplication des fichiers administratifs qui, tel celui des mineurs condamnés par la Justice, pourront se retrouver entre les mains des Préfets et des services du Conseil général, stigmatisant ainsi pour longtemps une partie de nos enfants,
la création d’une "liste noire" de sites internet interdits au nom de la lutte contre la pédopornographie sans que cette liste soit rendue publique ni soumise à aucun contrôle ni passible d’aucun recours. L’expérience australienne similaire a démontré que les deux tiers des sites ainsi déconnectés n’avaient rien à voir avec le motif invoqué,
la généralisation d’une Justice rendue par visio-conférence, déshumanisée, qui se rendra par caméra interposées.
Il ne faut jamais oublier que les lois les plus répressives votées ces dernières années, inspirées le plus souvent de faits divers, produisent leurs effets : l’augmentation prodigieuse du nombre de gardes à vue (près de 800 000 en 2009 !), l’inflation carcérale historique (+25% de détenus depuis 2002) sont des conséquences très concrètes de cette politique, illustrée par les récits très nombreux sur l’arbitraire d’Etat. Le dernier exemple en date, celui d’une enfant de 14 ans du 20ème arrondissement de Paris "cueillie" au matin chez elle pour être placée en garde à vue sans avoir pu changer les vêtements qu’elle portait pendant la nuit et conduite menottée chez le médecin, a soulevé à juste titre l’indignation.Moins médiatisé, le suicide d’un enfant de qinze et demi la semaine dernière à la prison de Rouen vient rappeler de manière particulièrement dramatique le caractère destructeur de l’enfermement des mineurs, politique pourtant privilégiée sur l’accompagnement éducatif ces dernières années Combien faudra-t-il de drames pour en revenir à un Etat de sûreté, c’est-à-dire à un Etat qui n’est pas générateur d’arbitraire mais protection contre l’arbitraire ?
Le Parti de Gauche s’engage, lorsqu’il sera aux responsabilités, à revenir sur toutes les dispositions législatives liberticides adoptées ces dernières années.
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