Ikea : un modèle de transnationale antisociale (3 articles)

samedi 19 août 2017.
 

- 1) La grève s’étend chez Ikéa en février 2010
- 2) Ikea : un modèle low cost
- 3) Ikea : une transnationale à l’opacité exemplaire

1) La grève s’étend chez Ikéa en février 2010

Le conflit social lancé la semaine dernière sur la question des salaires met au jour la lente dégradation des conditions de travail chez le géant de l’ameublement suédois. Le système de travail collectif est remis en cause.

« Ce mouvement de grève est historique chez Ikea », répète l’intersyndicale CFDT, CGT, FO. Depuis vendredi dernier, un bras de fer est engagé entre la direction et les syndicats. Dans le cadre des négociations annuelles obligatoires, le groupe refuse d’accorder une augmentation collective des salaires. Mais table sur des hausses au mérite à hauteur de 1,2 %. Une conception individualiste du travail qui ne cadre pas avec les valeurs de la marque d’ameublement. Ikea est née dans le Smaland, une contrée suédoise où « la simplicité, l’humilité, l’économie et la responsabilité sont des évidences dans le mode de vie », si l’on en croit le site Internet. Des valeurs que son créateur, Ingvar Kamprad, a distillées au sein d’Ikea. Semble-t-il avec succès. Le rapport annuel sur le développement durable de 2009, publié par les Échos, démontre que 79 % des salariés de l’enseigne seraient satisfaits de leur travail.

Le management s’est durci

Une information pourtant nuancée par le mouvement social de ces derniers jours. Insidieusement, le système du travail collectif Ikea est remis en cause dans les 26 magasins français. Le processus s’est accéléré en 2009. D’après les syndicats  : les conditions de travail se sont dégradées et le management s’est durci. Renée, employée à la plate-forme téléphonique dans le magasin d’Évry (Essonne), constate que « les lows-performers (c’est comme cela qu’Ikea appelle les moins productifs) ont été débarqués. Maintenant le travail individuel prend le pas sur les résultats collectifs. La direction exige beaucoup de nous, mais nous ne récoltons aucune reconnaissance ». Elle soupire  : « Ils ont osé nous proposer 0 % d’augmentation pour les salaires. On nous dit qu’Ikea fait déjà beaucoup pour nous, des déjeuners pas chers, un climat de travail agréable une bonne mutuelle… »

Pour Marylène Laure-Douilly, déléguée syndicale centrale CGT, « la direction a mis ces mesures sur le compte de la crise, qui a bon dos ». Serge Fernandes, délégué syndical FO à Ikea Montpellier, vit aussi au quotidien la fissure du modèle social. Le magasin de Montpellier tourne bien. Mais cette année, 40 postes y ont été supprimés. « Du coup, on se retrouve à faire des heures supplémentaires. Même les cadres viennent travailler quotidiennement en rayon  ! » explique-t-il. Pour lui, « les dirigeants ne regardent que le chiffre d’affaires », qui a bondi de 6,3 %, à 2,24 milliards d’euros, pour l’exercice 2008-2009. « Il y a dix ans, Ikea était progressiste. Aujourd’hui, lors des entretiens d’évaluation, les mots “travail d’équipe” et “humilité” ont disparu des critères », observe Serge. La fin d’une époque pour le numéro un de l’ameublement en France  ?

Cécile Rousseau

Source : http://www.humanite.fr/La-greve-s-e...

2) Ikea : un modèle low cost (Article d’Alternatives Economiques)

Début février, les salariés d’Ikea France se sont mis en grève pour protester contre le gel de leurs salaires. Ils dénoncent le clivage entre la bonne image de l’entreprise et leurs conditions de travail. Championne du greenwashing, l’entreprise est en effet surtout pionnière du low cost. Décryptage d’un modèle fondé sur une compression systématique des coûts.

Lors de leur embauche chez Ikea, les managers reçoivent en cadeau un opuscule rédigé par le fondateur du groupe, Ingvar Kamprad : Le testament d’un négociant en meubles. Celui-ci n’a de cesse d’y rappeler que le succès de son entreprise est dû à ses prix imbattables obtenus par une réduction systématique des coûts. Il invite chacun des salariés à participer à cet effort : « Aucune peine ne devra être épargnée afin de maintenir ces prix au niveau le plus bas. » Il faut dire qu’Ikea est une entreprise pionnière du low cost. Dès 1955, alors qu’elle était une simple PME de la ville d’Älmhult, située dans une région aride du sud de la Suède, elle a simplifié ses produits afin de les vendre en pièces détachées, économisant ainsi les coûts de livraison. Conditionnés à partir de 1956 dans des paquets plats, les meubles sont transportés par le client qui les monte ensuite lui-même. Principale innovation d’Ikea, ce système de vente en kit permet à l’entreprise de comprimer ses dépenses du stade de la production jusqu’à celui de la distribution, règle de base du low cost.

Source : http://www.alternatives-economiques...

3) Ikea : une transnationale à l’opacité exemplaire

La famille Kamprad contrôle le groupe suédois Ikea. Elle figure dans le gotha des dix premières fortunes mondiales, selon le classement du magazine américain Forbes. Mais il s’agit là d’une estimation car la transparence ne constitue pas la première des vertus d’Ingvar Kamprad, le fondateur de l’actuel géant du meuble. L’entreprise ne publie pas ses comptes, elle se contente de donner son chiffre d’affaires. Elle est contrôlée par l’intermédiaire de deux fondations installées aux Pays-Bas, l’une 
regroupe les magasins, les usines 
et la logistique, l’autre, propriétaire 
de la marque, perçoit des royalties pour son utilisation. Par ailleurs, 
la fondation qui s’occupe des activités opérationnelles du groupe est à la tête d’une structure juridique complexe avec une cascade de sociétés installées partout dans le monde.


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