Le nouveau projet socialiste ; un coup de barre à gauche ?

mercredi 5 mai 2010.
 

Vous avez entendu parler du nouveau projet socialiste, pas vrai ! Un vrai coup de barre à gauche ! Qui parle de ce coup de barre à gauche ? Pas Moscovici le rédacteur. Lui n’a de cesse de rappeler que le PS n’est pas le PG ni le Front de gauche. C’est vrai. Mais lui n’a pas de complexe à ce sujet. D’autres par contre doivent justifier pourquoi il n’y aura pas eu un amendement, ni un seul vote contre au conseil national du PS sur un tel document. Pour ceux là, il est essentiel de nourrir la thèse du « coup de barre à gauche » qui efface leur turpitude. Ils sont heureusement appuyés par certains commentateurs médiatiques, totalement désintéressés, cela va de soi. Sans oublier, la mèche au vent, les renégats de notre ancien courant qui en profitent pour refinancer leur admission à la niche en affirmant qu’ils tiennent avec ce texte la preuve de leur utilité au PS et de l’erreur de notre départ. La méthode Coué fonctionne assez bien. Surtout pour ceux qui ne lisent pas le texte et, dans le cas où ils le lisent, s’ils n’ont aucune mémoire des précédents textes du Parti socialiste. Que peut-être ils ne lisaient pas non plus ! Ca fait beaucoup de gogos au mètre carré.

Laurent Maffeïs, responsable national aux études du Parti de gauche s’est attelé au travail de lecture critique et de comparaison. Un document récapitulatif est en cours d’édition. Je ne résiste pas à l’envie d’en déflorer un peu le contenu pour mettre en appétit. Et peut-être pour inciter les camardes socialistes de la gauche du parti à bien mesurer où ils en sont rendus idéologiquement sur le plan des propositions « sociales » et ce qu’on leur fait faire avec ce vote unanime. Mais comme dit le proverbe, qui a déjà bu la mer peut bien aussi avaler les poissons ! Voyez, camarades, ce que vous allez voter !

Sur les salaires, le nouveau texte du PS évoque « la revalorisation du SMIC » comme « levier fort ». Merci bien. Mais encore ? Rien. Car le texte se garde bien de préciser dans quelle proportion et à quelle échéance il serait revalorisé. C’est un recul par rapport au projet socialiste 2006-2007 qui affirmait : « nous porterons le SMIC au moins à 1500 Euros bruts le plus tôt possible dans la législature ». Gros coup de barre à gauche, non ?

Pour la réduction du temps de travail, le texte socialiste de 2010 propose de « revenir sur les dispositifs ayant dégradé les 35h et sur la remise en cause du repos dominical ». C’est bien. Un peu de vigilance permet de se rendre compte que cette proposition est purement défensive par rapport au projet socialiste 2006-2007. Celui-ci prévoyait d’aller beaucoup plus loin en termes de RTT. Il disait : « Nous relancerons la négociation sur le temps de travail, pour étendre le bénéfice des 35 heures, avec création d’emplois, à tous les salariés. Si la négociation n’aboutit pas, la loi interviendra. » Drôle de coup de barre à gauche.

A propos de la précarité, le nouveau texte socialiste propose de « majorer les cotisations sociales des entreprises employant un quota trop élevé de travailleurs précaires ». Une formulation qui sous entend qu’il existerait une forme de précarité acceptable (« pas trop élevée »). De toute façon c’est un recul par rapport au projet socialiste 2006-2007 qui prévoyait : « Pour lutter contre la précarité, nous réaffirmerons la primauté du CDI sur toute autre forme de contrat de travail. »

Sur les licenciements, ça ne s’arrange pas. Le texte 2010 du PS ne prévoit aucune mesure radicale pour stopper l’hémorragie de licenciements collectifs ! Rien. En 1996 la Convention nationale avait pourtant prévu un droit de veto suspensif des comités d’entreprises dans les boites qui faisaient des profits. Puis, dans le projet socialiste 2006-2007, le PS promettait, au moins, de « pénaliser les patrons voyous ». Le projet 2010 souhaite seulement « augmenter le coût des licenciements économiques dans les entreprises florissantes », sans les interdire. Et seulement chez les « florissantes », ce qui est mieux que seulement bénéficiaires, Misère : c’est moins que le contenu de la loi de modernisation sociale votée en janvier 2002.

Energie ? EDF ? Le texte socialiste de 2010 ne prévoit pas explicitement de renationaliser EDF-GDF, ni même de remettre en cause l’ouverture du secteur à la concurrence, et encore moins d’aller jusqu’à un pôle public de l’énergie incluant Total, comme nous le proposons. C’est donc un recul très sensible par rapport au projet socialiste 2006-2007 qui prévoyait : « Nous réintroduirons le contrôle public à 100 % d’EDF et mettrons en place un pôle public de l’énergie entre EDF et GDF –dont nous refusons la privatisation-. »

D’ailleurs, le « nouveau modèle énergétique » proposé est nettement moins ambitieux que celui du projet socialiste 2006-2007. Celui-ci affirmait : « nous réduirons la part du nucléaire en faisant passer à 20% d’ici 2020 et à 50% à plus long terme la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie. » Désormais seul un objectif de 23 % est conservé pour les énergies renouvelables ! Adieu la perspective de 50 %. Quand au nucléaire, il est qualifié d’ « inévitable »

Et les banques ? Voila un sujet d’actualité ! Le projet de 2006-2007 des socialistes la création d’un « pôle financier public » à vocation généraliste, support d’un service public bancaire ! De tout cela il ne reste rien. En 2010 il ne s’agit plus que d’un pôle public dédié à l’ « investissement industriel ».Fermez le ban ! Le couip de barre a gauche est servi !


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