Ce dimanche 10 septembre a constitué une étape importante dans la recherche d’une candidature unitaire pour les présidentielles de 2007 et au-delà pour la construction durable d’un mouvement alternatif porteur d’un nouveau projet de société. Le dynamisme, la volonté d’unité et de réussir, les contenus exprimés lors de cette rencontre nationale ont contrasté avec les débuts médiatiques de la campagne présidentielle. La personnalisation, la « peopolisation » autour des deux prétendants que sont Sarkozy et Royal ne présagent rien de bon quant à la suite des débats et à la démocratie. Plus aucune hiérarchie, voire une hiérarchie inversée, dans le traitement de l’information semble maintenant devenir monnaie courante :
ah ! la bonne fessée de Ségolène à Nolwenn !
Oh ! les bonnes photos familiales sur la plage de Nicolas !
Face à cette « peopolisation » à l’américaine lourde de danger, face au discours mystificateur d’une élection présentée comme une « rencontre entre un homme, une femme et un peuple », nous devons à contrario présenter une candidature collective composée de la richesse de cette diversité exprimée à Saint-Denis le 10 septembre.
Il nous revient de mettre le contenu, le projet au centre des débats.
Nous avons un devoir de réussite dans la désignation d’une candidature unitaire portée par un collectif fort de cette exigence, et dans un premier temps de constituer un collectif de candidatures représentatif de notre diversité. Le 10 septembre, cinq candidatures ont déjà été recensées. Il en faudra d’autres pour constituer ce collectif.
Tous ces candidats devront prendre l’engagement d’aller au bout de la démarche quelle que soit le (la) candidat (e) choisi (e) in fine. Je fais partie des cinq premiers candidats déclarés. Je voudrais en expliquer les raisons.
D’abord, cette candidature n’a de sens que dans un collectif de candidatures ; elle ne s’oppose pas aux quatre autres, elle en est le complément. De fait, à cette étape chacun comprendra que deux possibilités s’ouvrent à nous : soit le début du jeu de massacre visant à éliminer l’une ou l’autre de ces candidatures, soit le début d’un travail collectif où on s’enrichit de l’expérience, de la personnalité, des connaissances de chacun pour crédibiliser la démarche et la candidature finale.
Sur ce sujet aussi, nous pouvons trancher avec les pratiques du PS ou de l’UMP, en ne nous engageant pas dans une démarche concurrentielle mais bien dans un processus de construction partagée.
Pour ma part, je m’y engage. Il serait souhaitable que chaque candidat le fasse aussi. Pour que le sens de cette candidature soit très clair, je veux apporter quelques précisions.
La rencontre nationale de Saint-Denis a décidé d’un calendrier : dépôt des candidatures avant le 1er octobre, nouvelle rencontre nationale le 14 octobre, désignation du (de la) candidat (e) mi-novembre.
Je souhaite que même si la rencontre nationale du 14 octobre est consacrée au programme, il soit abordé la question de la candidature collective et que les collectifs locaux soient mandatés pour se positionner sur cette question. Si au soir du 14 octobre nous décidons de créer ce collectif de candidats qui, aux côtés des porte-parole, serait en charge d’animer les réunions publiques, des meetings, je suis persuadé que nous aurons créé les conditions du succès : celles d’une mobilisation populaire, d’un rassemblement, de la construction d’une candidature, résultante de la somme des richesses de chaque membre du collectif.
Et, dans ce cas il ne serait pas forcément utile de la désigner dès mi-novembre. Dans le cas contraire, je le répète, de mi-octobre à mi-novembre nous nous engagerions dans une période de campagne électorale interne (similaire au PS) où malheureusement tous les coups seront permis envers telle ou telle candidature. Cela serait destructeur, ne permettrait pas l’unité, provoquerait rancoeur, amertume, démotivation chez les vaincu (es), car il y en aura.
Ma candidature n’a de sens que dans le cadre d’un collectif de candidats. Elle n’est donc pas comme certains ont voulu la présenter comme une candidature en plus. N’étant pas dans une démarche personnelle, je ne participerai pas à un quelconque combat fratricide. Cela étant précisé, ma candidature au sein de ce collectif, est celle d’un homme de 56 ans, issu d’une famille ouvrière, instituteur ayant enseigné 20 ans à Saint-Denis.
Celle d’un militant associatif (CNL, comité de quartier), militant syndical (SNI-PEGC) pendant plus de 20 ans, militant politique au sein du PCF depuis 1972.
Celle d’un élu, d’abord conseiller municipal, puis maire durant 14 ans d’une grande ville populaire : Saint-Denis, et encore présentement président d’une Communauté d’Agglomération rassemblant 8 villes populaires du nord de l’Ile de France autour d’un projet solidaire.
Celle d’un maire donc qui durant son mandat a tenté et je crois globalement réussi à développer un territoire ayant été particulièrement meurtri par la désindustrialisation en menant un travail et une relation avec les entreprises, sans concession avec leur direction, sans démagogie avec leurs salariés, en promouvant des politiques culturelles exigeantes et populaires : de la lecture publique au Festival de musique en passant par le patrimoine, les musiques contemporaines, le théâtre ou le cinéma ; d’un maire ayant vécu l’extraordinaire aventure de la construction du Stade de France, l’organisation du Mondial 98, l’incroyable dynamisme populaire « black, blanc, beur » qu’il a soulevé ; d’un maire qui avec son équipe a su développer des politiques sociales novatrices : de l’insertion aux politiques de solidarité.
Celle d’un député depuis 1993, engagé dans les luttes, dans la rue et les quartiers, et les débats à l’Assemblée Nationale, concernant les grands problèmes de société : question urbaine, logement, immigration, jeunesse, droits humains (sans papiers).
Celle d’un élu qui s’est particulièrement investi dans les relations internationales et les coopérations décentralisées entre autres, aux côtés de Porto Alegre (Forum Social et Démocratie Participative) de Barcelone (Charte des Droits de l’Homme dans la Ville) et membre du bureau exécutif de la CGLU, co-animateur de la commission Inclusion Sociale et Démocratie Participative en son sein.
Cet ancrage, ces engagements, me donnent l’intime conviction que la question des quartiers populaires (urbains comme ruraux) devra être au centre du débat présidentiel. Les événements d’octobre novembre dernier et l’actualité d’aujourd’hui nous l’ont rappelé, si besoin était. Il n’est pas inéluctable que les quartiers populaires soient tentés par les votes populistes quel qu’en soit l’enveloppe, le vote utile ou continuent à s’abstenir.
Bien au contraire, le projet que nous portons doit être de nature à redonner espoir et perspective, à permettre aux populations de ces quartiers, de faire part de leur attente, de s’approprier et d’enrichir notre démarche et son contenu et à ainsi à se traduire électoralement. C’est ce que je sais pouvoir porter au sein du collectif de candidatures.
Je veux participer à cette conquête là et mettre mon expérience, ma pratique au service de notre candidature, qui si nous nous en donnons les moyens peut constituer le début d’une nouvelle force de gauche incontournable et qui sait, la seule véritable surprise au soir du 1er tour. Patrick BRAOUEZEC
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