Plus d’un an après la victoire du non contre l’Europe libérale et quelques mois avant un cycle électoral dont l’enjeu principal est double - battre la droite et l’extrême droite et faire échec au social libéralisme - nous voilà confrontés à un choix stratégique essentiel : comment concrétiser, dans les urnes, l’unité d’un mouvement social engagé dans la lutte contre la mondialisation marchande et pour une politique de rupture avec le libéralisme économique ?
Cette unité, déjà inscrite dans l’Alternative unitaire et l’appel à des candidatures communes de la gauche anti-libérale en 2007 et 2008, a vocation non seulement à rassembler les organisations, courants, militant(e)s politiques, syndicaux, écologistes ou associatifs autour des échéances électorales présidentielle, législatives, municipales et cantonales qui nous attendent, mais aussi à dépasser nos différences pour construire une force capable d’imposer une véritable alternative politique et pas une simple alternance institutionnelle face à la logique libérale.
Je pense que les conditions sont réunies pour redonner espoir, dans les urnes comme dans les luttes, à toutes celles et ceux qui sont les plus exposés aux coups de la politique antisociale de la droite et qui ont été les plus déçus par l’expérience de la gauche plurielle. Nous sommes à la fois forts, proches et lucides.
Nous sommes forts. Nous pouvons nous appuyer sur la puissante mobilisation contre le projet de Constitution européenne qui a démontré que, sur des enjeux clairs, nous savions construire la dynamique unitaire et nous pouvions même la conduire à la victoire. Laissons les commentateurs désabusés gloser sur la soi disante impuissance des “ nonistes ”. Laissons les réflexes bureaucratiques agiter les patriotismes de parti. Jamais, depuis trente ans, le contexte n’a été aussi favorable au rassemblement des forces anti-libérales.
Nous sommes proches. Nous avons vérifié, au fil de l’année écoulée, que nous portions un même projet politique : la charte pour une alternative au libéralisme, adoptée le 13 mai dernier par la réunion national des collectifs du 29 mai 2005, en témoigne. Sur les principales questions en débat, nos convergences l’emportent de beaucoup sur nos divergences. Pour ma part, je pense que, s’agissant de l’Europe, la perspective démocratique et sociale passe nécessairement par la convocation d’une Constituante et que, sur les questions économiques internationales, il faut construire un nouveau multilatéralisme qui se substitue aux règles actuelles de l’OMC.
Nous sommes lucides. Nous avons l’expérience des combats électoraux. Nous savons que le potentiel de la gauche anti-libérale rassemblée, si l’on tient compte de ses différentes composantes, peut se situer à un niveau qui change durablement la donne à gauche. En choisissant d’additionner plutôt que de disperser nos voix, nous pouvons réellement construire une force capable d’imposer une alternative politique à la fois à la droite et aux tenants du social libéralisme.
Voilà pourquoi je souhaite vous faire un certain nombre de propositions qui me paraissent essentielles pour entraîner la dynamique unitaire et clarifier l’engagement de tous - partis, courants, mouvements, militants - qui s’inscrivent dans la démarche de l’Alternative unitaire.
1. Je suis d’accord avec Marie-George Buffet pour constituer un collectif de porte-parole de quelques membres. Mais pour éviter que nous en restions à un simple affichage symbolique, je suggère que ce collectif soit investi dès notre réunion nationale du 10 septembre et prenne en charge la pré-campagne. Nous démontrerions ainsi dans les faits que, face à la logique de personnalisation et de surmédiatisation d’une élection présidentielle, nous sommes capables d’engager une campagne à la voix plurielle.
2. Je pense que l’appel du Collectif national à constituer rapidement des collectifs locaux dans toutes les circonscriptions et villes importantes où ce n’est pas encore le cas pourrait être complété par un appel à engager rapidement des contacts avec les élus dans la perspective de la collecte des 500 signatures nécessaires à notre candidature unitaire pour la présidentielle.
3. Je suis partisan d’engager dès le 10 septembre la discussion sur le mode de désignation des candidat(e)s unitaires aux législatives, municipales et cantonales. Notre objectif est évidemment de parvenir à la désignation d’un(e) seul(e) candidat(e) ou d’une seule liste lors de ces échéances.
4. S’agissant de notre candidat(e) à l’élection présidentielle, donnons la parole à l’ensemble des collectifs, d’ici la fin de l’année, pour choisir le meilleur profil. Je maintiens, à titre personnel, que le ou la candidate la mieux à même de symboliser notre unité ne peut pas être le ou la porte-parole d’un parti.
5. Enfin, je souhaite que nous poursuivions activement la discussion politique sur notre programme et sur notre stratégie de rassemblement des forces anti-libérales. Je pense notamment qu’un certain nombre de sujets peuvent être clarifiées avec des forces politiques qui, par rapport à notre volonté unitaire, soit s’inscrivent dans une logique de division, soit expriment de manière autonome et parallèle des démarches ambiguës par rapport au texte fondateur de l’Alternative unitaire.
Cher(e) ami(e)s, cher(e)s camarades, le temps pressse ! Nous avons une responsabilité particulière, après le 29 mai, à ne pas désespérer toutes celles et tous ceux qui ont dit “ non ” à la logique libérale. C’est pourquoi je veux vous faire partager toute ma conviction et toute mon énergie à participer, dans un cadre collectif et unitaire, aux batailles politiques des prochains mois.
Amicalement et fraternellement, José BOVE
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Montredon, le 9 octobre 2006
Cher(e)s ami(e)s, cher(e)s camarades,
Nous avons adopté une stratégie le 10 septembre dernier. Nous aurons engagé l’élaboration participative de notre un programme le week-end des 14 et 15 octobre. Nous serons donc très bientôt en ordre de bataille pour mener des campagnes unitaires qui rassemblent toute la gauche anti-libérale à la présidentielle, aux législatives, aux municipales et aux cantonales.
S’agissant de la présidentielle, j’ai manifesté ma disponibilité à incarner, sur le bulletin de vote, notre campagne collective. Je voudrais cependant préciser deux points qui ma paraissent importants pour éclairer les débats au sein des collectifs.
Premièrement, comme vous toutes et tous, j’entends m’inscrire dans une logique unitaire, la plus large possible. Cette volonté fait écho à notre succès commun du 29 mai 2005, quand la gauche anti-libérale, rassemblée autour du “ non ”, a contribué de manière décisive au rejet du projet de traité constitutionnel européen.
Or, la leçon principale du 29 mai a été notre capacité, ensemble, à convaincre celles et ceux qui sont les plus touchés par les politiques néo-libérales de voter “ non ” plutôt que de s’abstenir ou de céder aux sirènes du “ oui ”. Au printemps prochain, notre principal enjeu sera encore de rassembler les suffrages populaires autour d’un projet qui devra être simple et lisible.
Pour ce faire, nous avons un devoir impérieux d’unité. J’aurais tendance même à dire : “ L’unité, sinon rien ! ”.
Celle-ci, à mon avis, ne peut se faire sous la bannière d’un parti ou d’un courant politique partie prenante de notre rassemblement, quand bien même son rôle serait particulièrement décisif dans la réussite de notre démarche. Cela reviendrait à renoncer d’emblée à la dynamique la plus large possible.
Notre unité ne peut se faire non plus sans le rassemblement de toute la gauche anti-libérale, par-delà les désaccords qui peuvent nous séparer sur tel pou tel sujet. Disons-le franchement : certaines de nos querelles n’ont aucun sens pour les électrices et les électeurs qui souffrent de la régression sociale organisée par la droite et qui attendent une autre dynamique à gauche que celle du renoncement social-libéral.
Voilà pourquoi, pour ma part, je souhaite dire les choses clairement : je n’ai pas l’intention d’être candidat face à Olivier, si j’étais choisi par les collectifs mais si la Lcr refusait, en définitive, d’apporter sa pleine contribution à notre campagne. Je n’ai pas l’intention non plus d’être candidat face à Marie-George, si j’étais choisi par les collectifs mais si le Pcf, en définitive, décidait quand même de passer outre la volonté unitaire. Dans les deux cas de figure, nous délivrerions comme principal message celui de la division.
Deuxièmement, comme vous toutes et tous, je pense que nous devons montrer l’exemple de la clarté et de la simplicité dans les processus de désignation des candidat(e)s pour la présidentielle, les législatives, les municipales et les cantonales. C’est d’autant plus nécessaire que nous défendons une conception novatrice de l’action politique et que nous sommes plus attachés à la démocratie réelle qu’à la démocratie formelle.
Or, il faut bien reconnaître que, si nous n’y prenons pas garde, nous risquons d’offrir un spectacle incompréhensible et détestable. Déjà, la multiplication des candidatures et les doubles langages de certaines organisations rendent particulièrement confus notre processus unitaire. Il ne faudrait pas rajouter de l’opacité à la confusion.
A cet égard, la mécanisme de désignation de notre candidat(e) - le “ double consensus ” des collectifs et des courants politiques qui en sont parties prenantes - peut paraître la moins mauvaise des solutions. A la réflexion, cependant, il me paraît difficilement gérable dans les faits et pourrait aboutir à des vetos inacceptables de tel ou tel courant sut telle ou telle candidature.
Voilà pourquoi, je souhaiterais soumettre au débat une démarche beaucoup plus simple, et surtout beaucoup plus ouverte vers celles et ceux qui nous ont suivi le 29 mai 2005. C’est la démarche des primaires que je propose de nommer “ vote citoyen ”. Elle consisterait à proposer à toutes celles et tous ceux qui s’engageraient à soutenir politiquement notre programme et soutenir financièrement, dans la mesure de leurs moyens, notre campagne de participer au choix du nom qui incarnerait le mieux notre unité sur le bulletin de vote. Ne serait-ce pas, finalement, la solution la plus pertinente ?
J’y verrais notamment deux avantages. Le premier serait de démontrer notre capacité de mobilisation à l’occasion d’un vote qui pourrait être organisé le même jour par l’ensemble des collectifs unitaires. Plusieurs dizaines de milliers de citoyen(ne)s qui participent à notre processus unitaire, ne serait-ce pas la preuve de notre force et de notre ambition à devenir majoritaire à gauche ? Le deuxième avantage serait de manifester concrètement notre volonté de traduire nos intentions programmatiques en actes. Nous souhaitons toutes et tous un autre système institutionnel dans lequel la démocratie citoyenne puisse prendre toute sa place. N’avons-nous pas une première occasion, justement, d’associer concrètement les citoyennes et citoyens à notre démarche collective ?
Chers amis, chers camarades,
Je soumets ces quelques idées à la discussion des collectifs locaux, par l’intermédiaire du collectif national.
Absent de France ces jours-ci, pour cause de participation à un rassemblement des “ refoulés ” d’Europe à Bamako puis à une manifestation des communautés indiennes à La Paz, avec Evo Morales, je serai présent pour notre réunion nationale des 14 et 15 octobre à Paris. Nous aurons donc l’occasion d’en débattre.
Fraternellement, José
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